•                           Les vraies épreuves commencent...

                              Ce matin-là, je suis partie travailler à PARIS aux Editions du Cerf, Boulevard de Latour Maubourg...C'était un petit boulot comme un autre, en attendant mieux et surtout la fin de la guerre (qui devait être de courte durée !) et m'aurait permis de reprendre les études...Arrivée à mon travail, une employée annonce qu'elle avait appris que l'armée allemande venait d'envahir la Belgique, La Hollande et le Luxembourg... Stupéfaction ! Personne n'osait y croire, mais la nouvelle a été confirmée dans la journée, et nous avons appris que les gens du Nord et de l'Est de la France, ainsi que des pays envahis, partaient sur les routes pour fuir les allemands ! L'Exode commençait ! 

                              Après la "drôle de guerre", la campagne de France débutait et tous ces réfugiés nous faisaient comprendre que l'heure était grave. L'avance des allemands était rapide et atteignait le moral de tous ! On avait eu tellement confiance en notre force, en la Ligne Maginot et peut-être aussi en nos dirigeants ....Le "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts"... commençait à nous faire douter. Nous ne savions pas qu'un peu plus d'un mois après ce 10 mai, la bataille de France serait terminée, que nous serions occupés, après avoir rejoint sur les routes le flot des réfugiés, en essayant de sauver famille, meubles, linge....Tout ça pour rien !

                               Et pour tous ceux qui avaient un père, un frère, un fils, mobilisés et se trouvant sur le front du Nord et de l'Est, l'attente commençait...Qu'adviendrait-il d'eux ? L'avenir était très triste, c'était la seule certitude. Chez moi, le gros souci était mon frère, reparti de permission le 1er mai, pour rejoindre son régiment dans l'Est. Mon père était mobilisé à PARIS, dans la DCA et dans l'immédiat nous n'étions pas trop inquiètes ma mère et moi, sur son sort...L'inquiétude n'a pas tardé à se faire sentir aussi, dès la fin mai. Mais mon frère était en plein dans la bataille, au milieu des blindés allemands, sous les attaques aériennes...On ne pouvait que s'imaginer.

                                Nous n'allions pas tarder à comprendre que "l'avant-guerre" était terminée, que toutes les épreuves à venir allaient être presque insupportables. La vie allait changer, oh combien...C'en était fini de notre jeunesse...

                                Oui, "tout m'est souvenir"...Comment faire autrement ? Les horreurs allaient commencer... Il y a eu "l'avant" mai 1940 et il y a eu "l'après" mai 1945 ...Un siècle ! 

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  •                                       
                                          Un grand homme est parti....

                                          Je suis triste aujourd'hui comme je le suis toujours lorsqu'un ami nous quitte....Maurice DRUON nous a quittés. Un grand écrivain, un académicien...N'était-il que cela, ce qui serait déjà beaucoup ? Non, il était beaucoup plus pour un bon nombre de français qui ne peuvent oublier ce "Chant des Partisans" écrit avec son oncle Joseph Kessel, à une époque où nous avions tellement besoin que des hommes de cette trempe "gonflent" le moral des troupes...et des civils !

                                           Ce CHANT DES PARTISANS, il accompagnait ceux qui allaient donner leur vie pour que la nôtre continue et pour la Liberté. Oui notre Pays était enchaîné et il faut avoir vécu cette période pour se rendre compte de ce que cela représente.... Maurice DRUON  avec Joseph KESSEL, avec aussi beaucoup d'autres, n'ont pas accepté et leur ténacité nous a amenés à cette Libération tant attendue. Tous ces hommes à qui nous devons tant, doivent être respectés, aimés et remerciés à tout jamais. Ils ont cru à La France Libre et pourtant, au départ, ce n'était pas gagné.

                                            Et, puisque sa vocation était de défendre la France, il a aussi beaucoup défendu...la langue française. Il a dû souffrir bien des fois en entendant "massacrer" cette si belle langue comme on le fait souvent maintenant, pour aller plus vite, pour ne pas se "prendre la tête"....L'orthographe ? bof...la grammaire ? bof... C'est dommage et un peu triste. Faisons un petit effort, tout le monde y trouvera son compte ! Le "français" de ma jeunesse n'est plus ... trop désuet...trop compliqué ? Cherchons la cause et nous trouverons peut-être la solution de ce problème bien de notre temps. Là non plus, ce n'est pas gagné !

                                            "Ami, entends-tu....." Des paroles à ne pas oublier.






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  •                                       C'était la guerre....

                                          Curieusement, je me suis aperçue que lorsque je raconte des souvenirs de cette période de guerre, ils sont appréciés ! Simple curiosité ou intérêt particulier pour une époque hors normes ? Les français sont-ils moins indifférents qu'on pourrait le croire à l'histoire de leur pays ? Autour de moi, je vois des personnes relativement jeunes qui s'intéressent à cette période. Même des jeunes adolescents, eux qu'on accuse si souvent de ne s'intéresser qu'à leurs consoles vidéo et autres progrès informatiques et techniques !

                                          Oui, il y a eu un "avant", que des hommes ont subi pour construire l'avenir. Cet avant n'a pas été drôle mais il est bon qu'il soit connu de tous puisqu'il fait partie de notre histoire. Ce n'est pas faire du misérabilisme que de le raconter...Il faut que chacun sache que ces années noires ont existé, ne serait-ce que pour que ça ne se reproduise pas ! "Pour s'instruire d'exemple etc.....".lire simplement l'histoire de notre vie ! Savoir qu'il y eut un temps où, entre autres obligations, il fallait déclarer avant tout acte officiel "être de race aryenne" notamment ! un temps pendant lequel il ne faisait pas bon être noir aussi ! ne pas être handicapé...En un mot, un temps où si vous ne répondiez pas à des critères imposés par un illuminé, vous étiez rayé de la liste de ceux qui avaient le droit de vivre....Combien d'innocents ont été exterminés, simplement parce qu'ils étaient "hors normes imposées" ! Pour combattre ces idées tellement dangereuses, nous nous sommes battus, des gens sont morts pour nous, sans penser à ce qui aurait pu être leur intérêt ! Simplement, sans prendre le temps de la réflexion, ils n'ont pas accepté !

                                           C'est tout ça que j'aimerais faire comprendre aux générations qui suivent et suivront la mienne! Je ne suis pas historienne, je raconte ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu, ce que j'ai ressenti....Et si dans mes récits se glissent parfois des anecdotes de cette époque, anecdotes insignifiantes mais qui nous faisaient rire, c'est parce que nous étions jeunes et que c'est un privilège de la jeunesse de rire même au milieu de drames. Ce que nous avons fait et nous a permis de tenir. Il n'est pas question de se vanter d'avoir fait ceci ou cela...Seul, le résultat compte...Nous ne sommes plus occupés, mais il y a encore fort à faire, alors profitons de notre liberté pour le faire ! au grand jour, c'est infiniment plus facile !

                                           

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  •                                           Encore un souvenir des années noires...

                                              Difficile d'oublier certains souvenirs ! Hier soir, j'ai regardé ce film que je trouve très beau et que j'avais déjà vu il y a quelques années : Monsieur BATIGNOLE.... Homme quelconque au départ, vivant la guerre et l'occupation d'une manière un peu égoïste et qui arrive à faire de grandes choses, en sauvant des enfants juifs. Poussé par quoi ? il ne le sait pas lui-même puisqu'il répond humblement à une femme qui lui pose la question "le hasard, simplement le hasard".... Mais en plus du hasard, ce refus involontaire de participer à ces actes monstrueux, et de se rendre complice de ceux qui voyaient sans déplaisir les allemands occuper notre pays, par convictions et aussi par intérêt....

     

                                              Et j'ai repensé à tous ces "petits résistants" inconnus, qui ont fait aussi de si grandes choses. Oh bien sûr, il y avait les "vrais" résistants, ceux qui, dès l'arrivée de l'armée d'occupation, se sont engagés dans cette armée des ombres qui a tellement aidé à la Libération. Mais il y a eu aussi tous les autres qui, au risque de leur vie bien souvent ont aidé à passer la ligne de démarcation, aidé à passer du courrier inter-zones, aidé ceux qui se cachaient, aidé, aidé, aidé d'une façon ou d'une autre à désobéir à l'occupant. Je me souviens de tous ces faux papiers que nous avons faits, plus vrais que vrais ...seuls les noms des titulaires étaient faux ! les tampons, cachets et signatures étaient vrais(celles-ci, très bien imitées parfois) et auraient suffi à envoyer au peloton d'exécution ou en camp de concentration celui qui aurait été pris....Les réfractaires au STO étaient pourvus de ces papiers faits par dizaines tous les jours, après le travail...Le "hasard" nous avait amenés là, conscients tout de même de ce que nous faisions avec plaisir, et la confiance en ceux qui nous demandaient ce travail nous donnait le courage ! Quels souvenirs ! Arrivés sur la pointe des pieds à la Résistance, repartis de même pour la plupart après la Libération....mais avec une conscience en harmonie avec eux.

                                               J'ai aimé ce film touchant de don de soi et d'humilité ! Monsieur BATIGNOLE n'a sans doute jamais pensé qu'il était un héros, ce n'était pas son but. Il voulait sauver ces trois enfants de la barbarie, il l'a fait le plus naturellement du monde, sans en espérer rien en retour, ni remerciements, ni récompenses...Parce que c'était son devoir de le faire, en toute simplicité .... Merci à tous les "Monsieur BATIGNOLE" de l'époque. Et il y en a eu beaucoup.

                                              

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  •                                       Entre deux "mots"....

                                          Ces deux mots sont différents, leur signification aussi, et pourtant je pense qu'ils vont très bien ensemble ! Peut-on être reconnaissant envers quelqu'un si la fidélité est absente ? Je laisse le soin aux amateurs de philosophie de répondre et d'étudier ce grave problème et surtout les conclusions qui en résultent ! A une époque où fidélité et reconnaissance rejoignent la conscience au rang des antiquités, j'avoue avec honte que je suis une "fidèle" de nature et que j'ai toujours de la reconnaissance envers ceux qui, d'une manière ou d'une autre, à telle ou telle occasion, m'ont rendu service ! Je ne suis pas de mon temps ? mais quel temps ? mon ancien, celui de ma jeunesse ou le temps actuel dans lequel je me promène encore et que j'apprécie ?

                                          Je suis heureuse d'être une fidèle, mes amis sont des amis de longue date. Je les aime comme ils sont tout simplement, et il m'est impossible de rester fâchée avec quelqu'un que j'aime. On peut toujours s'expliquer...mais les fâcheries en famille ou entre amis, oh là là ! quelle horreur ! Ce qui explique que je n'aime pas être déçue par quelqu'un de proche...ça ne me fâche pas, ça me peine...nuance ! Se fâcher, on le fait volontairement, avoir de la peine, c'est involontaire, ça vous tombe dessus sans crier gare !

                                           Et la reconnaissance ? encore ce mot désuet qui vous a un petit air de fin dix-neuvième, début du vingtième siècle ! Parce que j'ai de la mémoire, je n'oublie jamais ce qui m'a semblé une gentillesse, un service rendu...Et voilà pourquoi je n'oublie pas tous ceux qui m'ont aidée à me servir d'un ordinateur d'abord, et ceux qui m'ont permis de "m'exprimer" tant sur un blog ami que sur celui que j'ai créé. Quand je dis "ceux" qui m'ont permis de m'exprimer....je devrais plus exactement dire "celui" qui m'a permis d'écrire ces souvenirs de jeunesse et qui les a publiés sur son blog....dans ce coin de banlieue où j'ai vécu jadis ! Et reconnaissance envers vous qui me lisez....Et envers ces journaux qui actuellement, se "disputent" mon portrait  (ça, c'est pour rire)...Mais bon, ça fait aussi partie des bonnes choses.

                                          De la reconnaissance à la fidélité, il n'y a pas loin....Parce que je suis reconnaissante à ma banlieue (ATHIS/JUVISY ou JUVISY/ATHIS, comme on veut), de m'avoir donné tant de souvenirs, je lui suis restée fidèle....link

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