•                         Vivre dans le passé....

                             Une amie m'a dit l'autre jour que je vivais dans le passé ! Il ne faut pas confondre vivre dans le passé et vivre avec le passé. Bien sûr que je vis avec le passé, puisque je m'en souviens, je ne peux pas le rayer d'un trait de plume...Ma mémoire est là qui me souffle à l'oreille "te souviens-tu"? Et je me souviens tout en appréciant le présent ! J'y tiens à mon passé, même s'il n'a pas toujours été comme je l'aurais voulu . C'est mon capital et on ne s'en débarrasse pas aussi facilement ! Le passé prépare et amène le présent, et le présent prépare l'avenir ... C'est une chaîne sans fin...Si nous connaissons le passé et le présent, l'avenir est le plus souvent inconnu...On l'envisage parfois, surtout quand on est jeune, mais il suffit d'un rien pour qu'il soit un peu chahuté !

                               La vie de ma jeunesse n'a rien de commun avec la vie actuelle, mais je ne regrette pas. Il faut savoir évoluer et c'est ce que j'essaie de faire. J'ai profité des avantages techniques de l'époque moderne, des progrès qui ont amené une vie meilleure...ne serait-ce que cet ordinateur qui me permet de raconter sur le net comment "c'était avant" ! et aussi de faire part de mon désarroi parfois et même de ma réprobation...ça arrive, l'ancien temps n'ayant rien à voir avec le nouveau !

                               Je suis heureuse d'avoir vécu assez longtemps pour connaître les nouveautés, même si ça m'amène à faire des comparaisons. Elles ne sont pas toutes négatives bien au contraire...Je vis dans le passé ? mais qu'est-ce que j'aime le présent ! Si je regrette quelque chose, c'est....d'avoir quelques années de trop ! Mais, je fais avec !

                                Quant à l'avenir, le mien est un peu derrière moi ! La sagesse m'oblige à penser plutôt au présent, mais sans oublier le passé, j'y tiens !

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  •                          En cette fin d'été 1939...

                             Les vacances 1939 se terminaient comme on le craignait : mal ! Même en étant optimiste on ne pouvait que craindre la guerre dont on parlait tant depuis plus d'un an déjà (et qu'on évoquait même depuis très longtemps). Trop de réservistes avaient été rappelés, puis libérés, puis à nouveau rappelés. Cette valse-hésitation n'indiquait rien de bon.

                             Cette fin de semaine correspondant avec le début du mois de septembre était des plus sombres : Le ler, les troupes allemandes envahissaient la Pologne, le 2 l'ordre de Mobilisation Générale était affiché partout en France...Le 3 septembre, plus rien n'était à espérer et c'était la Déclaration de guerre à l'Allemagne par la France et l'Angleterre. Tout s'était précipité...

                              Quelle allait être notre vie  ? Il fallait l'organiser pour compenser, si cela était possible, l'absence des hommes de leurs foyers ! L'ère de la débrouillardise, de la peur, des pleurs, des deuils commençait. En étions-nous parfaitement conscients ? Les plus anciens qui avaient connu la Grande Guerre, étaient plus pessimistes que les jeunes, persuadés, tant on le leur avait répété, que nous étions les plus forts (!), et que cette guerre qui serait courte, serait une victoire pour la France et ses alliés ! Cherchez l'erreur....C'est que nous avions des chars et la Ligne Maginot réputée imprenable ! Tous les calculs étaient faux, comme dirait Anne Roumanoff maintenant "On ne nous avait pas tout dit"....

                               La suite, on la connaît, on l'a subie...Des millions de prisonniers, des morts, des disparus,des déportés, des crimes atroces, l'occupation et ses contraintes, des bombardements, des ruines ... Guerre mondiale ...

                               Puisque ce début septembre est un anniversaire, faisons un voeu : qu'on ne revoie jamais une telle horreur et qu'on ne laisse personne mener le monde dans cette voie. Ce que les générations d'alors ont vu est un exemple à ne pas suivre

                              Que tous les hommes se mettent un peu "de plomb dans la tête" avant de s'en envoyer par machines de guerre interposées ! Il y a tant à faire pacifiquement...Ces journées, que ni moi ni les gens de ma génération ne pouvons oublier, faisons en sorte qu'elles ne se renouvellent pas. Six années de notre vie, de notre jeunesse, ont été passées par "pertes" mais non par "profits". Plus rien n'a été comme avant. Même sans vouloir faire de misérabilisme, on se souvient...

                              C'était il y a soixante dix ans...

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  •                         C'était il y a...65 ans !

                            24 août 1944, tout change...Je l'ai déjà raconté, j'en parle beaucoup, trop peut-être ! Mais je ne peux oublier certaines dates et celle-là "c'était la bonne" ! Exit l'occupant ! vive la liberté, espoir retrouvé et aussi dignité retrouvée ! Quelle journée ! Alliés, allemands se croisaient, se décroisaient, un pas en avant, deux en arrière ! A vrai dire, c'était un peu confus, mais on y croyait et c'était ça le principal ! ATHIS / JUVISY, ma banlieue retrouvait des couleurs, surtout les couleurs bleu, blanc, rouge de la liberté.

                             Je revois ces soldats FFI qui circulaient au grand jour, ces premiers tanks alliés qui entraient dans ATHIS, ces premiers chars allemands qui en partaient des soldats juchés sur la moindre place libre, les locaux abandonnés par l'occupant ...

                              Et plus tristement, je me souviens de cette jeune fille de commerçants de JUVISY, qui voulant voir ce qui se passait, est sortie dans son jardin et a été abattue par une mitrailleuse allemande, de même que sa mère ... Il y eut d'autres victimes innocentes... La Libération ne s'est pas faite sans dégâts et notre joie a été assombrie...des actes atroces ont été commis un peu partout en France. Mais, nous sommes redevenus des gens libres. Peut-on s'imaginer la valeur de ce mot ? 

                               C'était un petit rappel...juste en souvenir.

                              

     

     

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                       Sur la route Nationale 7...

                       Petite histoire qui aurait pu mal se terminer...Ouf, j'avais eu chaud ! Je roulais à bicyclette sur la piste cyclable à Juvisy, sac en bandoulière (c'était la mode) et je me dirigeais sans arrières-pensées ou presque, vers une commune voisine, munie d'une adresse et d'un nom qu'on m'avait donnés...Je ne connaissais pas, bien qu'on m'ait prévenue que la personne que j'allais rencontrer ne m'était pas inconnue....Rébus...J'avais une enveloppe à lui remettre et ce pli, je l'avais rangé dans une petite sacoche sauvée du bombardement...et ficelé le tout sur mon porte-bagage. Et j'allais, insouciante et complètement inconsciente. C'est beau d'être jeune !  Tout à coup, un soldat allemand qui sortait je ne sais d'où, me fait mettre pied à terre et me demande mes papiers ! Je devais porter le sceau de l'innocence sur mon visage ! Je lui ai tendu mes papiers qu'il a bien regardés et j'ai précisé que je rentrais chez moi... Je n'en étais pas loin, donc je ne mentais pas ! Il ne m'a rien demandé d'autre...Voulait-il seulement arrêter une jeune fille pour lui faire la causette ? Je n'en sais rien et je n'ai absolument pas eu peur sur le moment...Mais quand j'ai repris ma route, je me suis mise à trembler et mon coeur en a fait autant ! J'ai réalisé enfin que s'il avait été un peu curieux, ou qu'il obéisse à des ordres, j'aurais pu avoir des ennuis ! Quand je dis que j'étais inconsciente, je crois que je suis en dessous de la vérité. Il est bon parfois d'avoir l'air un peu innocent et insignifiant...ça paie !

                        Je suis donc repartie vers cette adresse et arrivée à destination, j'ai pu constater que l'homme qui m'ouvrait la porte et que je ne connaissais que sous son vrai nom, était un homme que je voyais pratiquement tous les jours à mon travail, où il passait du temps avec mon patron. Il était brigadier-chef des garde-communications...Je n'avais jamais imaginé qu'il était dans la résistance ! Il semblait tellement quelconque ! Je lui ai remis le pli qui lui était destiné Tous ces résistants inconnus ont beaucoup aidé et sont rentrés dans l'anonymat après la Libération. Ils aidaient, sans souci des honneurs à venir....Et ils prenaient beaucoup de risques...On leur doit beaucoup...Une dizaine de garde-communications d'ATHIS ont été fusillés par les allemands à la Libération. Un seul en a réchappé, alors qu'il avait reçu le coup de grâce; horriblement blessé, il a pu se jeter dans la Seine et la traverser...Il en a fait un récit que j'ai pu lire sur un blog il y a environ un an...Poignant...Je suppose que pour lui aussi, les battements de coeur devaient être présents, à juste titre !

                         Cette période entre le débarquement du 6 juin 1944 et la Libération d'août 1944, n'a pas été de tout repos ! les allemands avaient peur et devenaient de plus en plus durs...sauf certains qui n'ayant plus d'illusions, n'avaient qu'un désir, rentrer chez eux...Mais il y en a eu des morts, des villages incendiés, des gens arrêtés... Mauvais souvenirs...

                        

     

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  •                          De 1940 à 1944...

                             Les souvenirs sont faits d'un tas d'éléments : images, odeurs, bruits divers. Certains de ces éléments-souvenirs sont agréables et on aime qu'ils vous reviennent à l'esprit, d'autres sont détestables et on aimerait bien qu'ils ne se manifestent plus jamais ! Mais voilà, notre volonté n'y fait rien et n'y peut rien ! On se souvient, sans raison, parce qu'ils nous ont tellement marqués qu'il est impossible de les rayer de notre esprit à tout jamais ! C'est ce qui m'arrive à l'occasion notamment d'une émission de télévision, de la projection d'un film de guerre sur le petit écran, documentaire ou autre...

                              Ces bruits ? mais ce sont en tout premier lieu les bruits de bottes allemandes que l'on entendait pratiquement tous les jours à partir de juin 1940 et jusqu'à la Libération en août 1944, même pour certaines régions jusqu'en 1945... Bruits de bottes des patrouilles, des parades militaires accompagnées de chants guerriers, parades auxquelles Dieu merci nous n'étions pas obligés d'assister ! Mais les patrouilles, lorsqu'on les entendait, que l'on ait l'esprit serein ou pas, la peur nous envahissait...Ce claquement des talons était dur à supporter...L'arrêt brusque devant une porte, ces voix gutturales, tout ceci n'annonçait en général rien de bon...Il en fallait si peu pour se retrouver à la kommandantur ! Les "patrouilleurs" à bicyclette étaient peut-être les plus débonnaires, tout au moins, ils faisaient moins peur ! C'est peut-être beau une allure martiale, ça en impose...mais ça vous fait trembler !

                               Et à ce mauvais souvenir des bruits de bottes, se mêle peut-être encore le souvenir de la honte et de la peine ressenties en apprenant la défaite et l'occupation de notre pays. Comment accepter cette humiliation ? On aime être fiers de ce qu'on aime, tout comme on aime être fiers de ceux qu'on aime...Ce n'était plus le cas... Alors, le claquement des bottes était très mal venu !

                               Et pendant cette même période, pour tout arranger, nous avons eu droit au bruit des sirènes et des bombardements ! Je l'ai déjà raconté, le bruit des sirènes, je n'ai jamais pu oublier et encore maintenant, je déteste...trop de mauvais souvenirs y sont attachés ! La mémoire est tenace ! Mais alors, c'était pour notre salut...ça fait toute la différence...
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