Hier soir, il nous a été donné de voir à la Télévision, dans la série "Lundi en histoires" ce film que je n'aurais pas voulu laisser passer : "La France sous les bombes alliées" ! Il s'agissait des bombardements effectués par les alliés, de 1940 à 1945, dans le but de nous débarrasser de l'armée allemande et de gagner cette guerre....Et de savoir ce qu'en pensaient à "chaud" les civils que nous étions et qui ont payé un lourd tribut lors de ces bombardements ! Que de morts, de blessés, de maisons et foyers détruits !

              Et je nous revoyais, nos voisins et nous, courant vers un abri, en cette nuit du 17 au 18 avril 1944, à JUVISY en banlieue de PARIS, petite ville où j'avais passé mon enfance et une partie de mon adolescence, de l'été 1927 à 1944 ! J'entendais le bruit lugubre des sirènes, le bruit des avions alliés chargés de bombes et je revoyais les fusées éclairantes et les premières bombes qui tombaient sur JUVISY et ATHIS, ces deux villes presque jumelles, qui avaient sur leur sol une immense gare de triage de laquelle nous nous trouvions à "vol d'oiseau" environ à 150 mètres .... Tout cela, je l'ai déjà raconté dans ce récit que j'ai fait il y a plusieurs années sur le bombardement ! Je me souviens de cet abri dans lequel nous nous trouvions, gens connus et inconnus...serrés mais avec cette impression (comme je l'ai entendu dire hier soir par une habitante de ROUEN je crois) qu'en nous serrant un peu plus, nous aurions pu tenir beaucoup plus ! Et tous ces gens qui priaient...dont certains cependant étaient complètement athées ! Mais alors, il y avait "celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas", tous rassemblés, tous unis dans ce malheur ! Lorsqu'en sortant de l'abri, nous avons constaté les dégâts, bien entendu nous n'avons pas applaudi ! La gare de triage, bien que fortement touchée, n'avait pas été la seule ! Que de dégâts collatéraux ! Habitants tués ou disparus, maisons éventrées quand ce n'était pas entièrement détruites...La nôtre était dans ce cas.... Mais, c'était "le prix à payer" pour essayer de récupérer notre liberté, et de cela aussi nous étions conscients ... Que les alliés aient bombardé sans discernement, c'est presque certain ! et c'était ce qui se disait alors, d'autant plus que la propagande de Vichy en "remettait une couche" ! et que les dirigeants d'alors visitaient les lieux bombardés !!! Mais quand enfin, nous avons été libérés à l'été 1944 et quand l'Allemagne a capitulé en 1945, un grand OUF de soulagement a été poussé, et nous avons remercié ces alliés qui nous avaient libérés du joug allemand !

              Mes souvenirs me ramènent très souvent à cette période...que je ne souhaite à personne de vivre à nouveau . Notre libération ? nous en avons payé le prix ! Et je ne peux que souhaiter que jamais plus nous ne revivions une telle époque !

              Sans faire de "misérabilisme", cette période que beaucoup de gens de ma génération ont connue, se rappelle souvent à mon souvenir, comme si je devais l'oublier ! Que non, je ne l'oublie pas ! Comment peut-on oublier l'horreur de la guerre, les morts, les privations, et...les déportations ! Pendant des années, nous avons eu une vie "hors du commun" et, pour les personnes de mon âge, une jeunesse "zappée" !

              Pour mieux me souvenir de cette époque, des bons films que je regarde, sont rediffusés de temps en temps à la télévision. C'est ainsi qu'hier soir, j'ai regardé une fois de plus celui intitulé "Monsieur BATIGNOLE..."film déjà diffusé et qui démontre bien dans quel désarroi nous vivions alors ! Il y est question de la résistance et aussi de la collaboration, puisque nous avons eu droit aux deux ! Monsieur BATIGNOLE, de son état "charcutier" était un homme simple qui ne s'occupait pas de la guerre ! Son but ? gagner de l'argent, tirer parti au mieux de la situation d'alors en écoutant même avec beaucoup de patience son futur gendre, collaborateur dans l'âme et prêt à tout pour mener une vie agréable ... Oui mais, Monsieur BATIGNOLE s'est trouvé face à face avec trois enfants juifs dont les parents avaient été arrêtés ! Et il s'est dévoué à ces enfants, prenant tous les risques et les menant à l'abri en Suisse.

              J'ai retrouvé un article de ce blog écrit il y a déjà quelques années, et à l'aide du copier/coller, j'en rapporte ici des extraits : 

                                           "  Et j'ai repensé à tous ces "petits résistants" inconnus, qui ont fait aussi de si grandes choses. Oh bien sûr, il y avait les "vrais" résistants, ceux qui, dès l'arrivée de l'armée d'occupation, se sont engagés dans cette armée des ombres qui a tellement aidé à la Libération. Mais il y a eu aussi tous les autres qui, au risque de leur vie bien souvent ont aidé à passer la ligne de démarcation, aidé à passer du courrier inter-zones, aidé ceux qui se cachaient, aidé, aidé, aidé d'une façon ou d'une autre à désobéir à l'occupant. Je me souviens de tous ces faux papiers que nous avons faits, plus vrais que vrais ...seuls les noms des titulaires étaient faux ! les tampons, cachets et signatures étaient vrais(celles-ci, très bien imitées parfois) et auraient suffi à envoyer au peloton d'exécution ou en camp de concentration celui qui aurait été pris....Les réfractaires au STO étaient pourvus de ces papiers faits par dizaines tous les jours, après le travail...Le "hasard" nous avait amenés là, conscients tout de même de ce que nous faisions avec plaisir, et la confiance en ceux qui nous demandaient ce travail nous donnait le courage ! Quels souvenirs ! Arrivés sur la pointe des pieds à la Résistance, repartis de même pour la plupart après la Libération....mais avec une conscience en harmonie avec eux.

                                          " J'ai aimé ce film touchant de don de soi et d'humilité ! Monsieur BATIGNOLE n'a sans doute jamais pensé qu'il était un héros, ce n'était pas son but. Il voulait sauver ces trois enfants de la barbarie, il l'a fait le plus naturellement du monde, sans en espérer rien en retour, ni remerciements, ni récompenses...Parce que c'était son devoir de le faire, en toute simplicité .... Merci à tous les "Monsieur BATIGNOLE" de l'époque. Et il y en a eu beaucoup."

              Oh oui, il y eut beaucoup de "Mr.BATIGNOLE" j'en ai connu ! Les collaborateurs ont fait beaucoup de mal alors, mais ces résistants ont aidé à notre Libération et nous leur devons un grand merci. Oh, ils n'étaient pas toujours des résistants de la première heure, dont les noms circulaient...et qui étaient organisés ! Non, leur rôle était ingrat et ils n'en tiraient aucune gloire ! Il fallait agir et ils agissaient. C'était aussi simple que ça !

              Ce film, je l'ai revu avec autant d'émotion que la première fois ! Il m'a rappelé tant de souvenirs...

              Ou bien j'ai mal compris....ou bien je crois vraiment que nous sommes en guerre, ainsi que le disait dernièrement notre Président de la République ! J'ai en effet, cru rêver hier en écoutant les informations retransmises par les chaînes de télévision !

              Il faut avoir vécu cette époque de l'Occupation pour savoir jusqu'où pouvaient mener les "dénonciations" ! Pour avoir travaillé dans un commissariat de police en 1944, j'ai vu arriver des lettres anonymes (dont le Commissaire Résistant, ne tenait pas compte heureusement !). Les dénonciateurs ? des gens jaloux de leurs voisins ou très méchants. Ils existaient depuis juin 1940, s'étant mis dès l'occupation à la solde des troupes d'occupation ! C'est ainsi que j'ai vu une famille de JUVISY déportée, mais sans espoir de retour. Et j'ai vu un ami de mon frère, Pierre Legourd, chef scout, officier, déporté à COMPIEGNE puis à BUCHENWALD où il est décédé d'épuisement peu de jours avant la libération des camps, pris par les allemands sur dénonciation d'un de ses voisins...Quelle horreur ! Les dénonciateurs avaient peut-être touché un "pactole", mais je n'aurais pas voulu avoir leur conscience et surtout vivre avec !

             Et on veut prôner les dénonciations concernant les impôts ! Mais c'est très grave ! Il me semble qu'un homme qui se permet d'avoir une idée pareille, est indigne d'être un être humain. Que veut-il ? qu'espère-t-il ? Est-ce une façon de se dédouaner pour ses incompétences ? L'état a sa police et beaucoup de moyens d'investigations qu'il doit utiliser. Mais pas une "prime à la dénonciation" ! C'est veule ...

              Messieurs des impôts, faites la chasse vous-mêmes, ne tentez pas le diable ...tant de gens ont besoin d'argent qui veulent quand même rester honnêtes ! Moi je me souviens de mon père punissant mon frère et moi lorsqu'un des deux caftait l'autre ! C'était à une époque où le mot moralité avait un sens !

              Midi....PARIS et la France entière semblent avoir communié dans cette minute de silence à la mémoire de tous les morts des attentats du 13 Novembre ! Trop âgée pour sortir, j'ai regardé à la télévision et j'ai apprécié la ferveur de tous ces inconnus venus rendre hommage aux victimes. 

              Parce que des hommes (peut-on les appeler des hommes ?) veulent imposer leur religion et les lois qui en découlent, faut-il faire abstraction de nos racines et tout oublier de nos origines ? Certainement pas ! Tenons bon !

              Je n'ai pas envie aujourd'hui d'écrire un billet sur ce blog. Je veux seulement dire que mes pensées accompagnent ceux qui ont dû subir ces massacres, et que je pense aussi énormément à leurs familles... Comment peut-on accepter ? c'est impossible....

              Et puisque je suis assez âgée pour avoir vécu la guerre de 1939/1940, je recommande à tous de GARDER ESPOIR...La délivrance viendra...

              Bon courage !

              Dans l'article de ce blog édité hier, je vous disais comment mon père, combattant de la Grande Guerre, nous racontait cette période, à tel point que je pensais avoir fait la guerre !

              Et pour nous faire bien comprendre l'horreur de ces 4 années, il nous avait emmenés "visiter les champs de bataille" Nous avons donc visité d'anciennes casemates, nous avons vu les tranchées encore très visibles (c'était quelques années après 1918). Le Fort de Vaux, le Fort de la Pompelle et d'autres dont je ne me souviens plus du nom, Douaumont et la Tranchée des Baïonnettes (cette dernière que nous avons vue 2 fois : la première fois alors que les soldats étaient encore enterrés debout, avec les baïonnettes qui dépassaient....et quelques années plus tard, dans la tranchée "reconstituée").

              Mon frère et moi étions encore bien jeunes alors et nous avions été marqués par ces spectacles. Peut-être étions-nous trop jeunes ? Je le crois....Il ne fallait pas que nous ignorions les horreurs de la guerre et ce, dans le but de nous en dégoûter à tous jamais !  But atteint ! Je crois que, jusqu'à sa mort, mon père "revivait" en pensée ce spectacle si horrible.

              Je viens de regarder à la télévision les cérémonies du 11 novembre à PARIS. Et j'ai pensé à tous ces malheureux morts sans être reconnus...Le "soldat inconnu"...Mon père qui avait ranimé la flamme avec les anciens de son régiment, nous avait emmenés. Je me souviens que j'avais trouvé cette cérémonie poignante...Et elle l'est ! J'ai entendu la Sonnerie "Aux Morts" qui me ramène toujours en 1949 lorsque le corps de mon frère tué en juin 1940 a été rapatrié ...

              Quand donc les hommes seront capables de s'entendre et de vivre en paix ? Est-ce simplement un rêve...

               "Si tous les gars du monde voulaient se donner la main...."