•                           "Désobéir"

                              Je n'ai pu résister à l'envie que j'avais hier soir de regarder à la télévision un téléfilm retraçant le courage, en juin 1940, du Consul du Portugal à BORDEAUX, Aristides de Sousa Mendes. Aidé simplement d'une poignée de personnes de sa famille et de son fidèle chef de Cabinet, un nommé LAPORTE je crois, il a permis à 30.000 personnes de quitter la France et d'embarquer pour l'Amérique, alors qu'elles étaient pourchassées par les services d'Hitler...En leur délivrant des passeports et laissez-passer. C'était absolument interdit, les ordres étaient formels et au risque de leur vie et de leur avenir, ils sont passés outre ! Ils ne pouvaient tout simplement pas accepter ces ordres venus du Portugal du régime du Président SALAZAR pro-hitlérien, du régime de VICHY qui se mettait en place....Même son chef de Cabinet, respectueux des ordres pourtant et un brin frileux, s'est révélé un être courageux, capable de désobéir pour être en paix avec sa conscience.... Je n'ai pas regretté ma soirée. Ce n'était pas gai, mais tellement émouvant et l'ambiance de l'époque, la peur de tous ces réfugiés venant des pays et régions déjà envahis par Hitler et son armée était bien reproduite...Ce n'était peut-être qu'une "fiction" mais une fiction où le vrai était bien présent ! Et mes souvenirs sont venus me visiter...

                                En 1943, quand le STO a été institué et qu'il ne faisait pas bon avoir 20 ans pour un homme, je me souviens de toutes ces cartes d'identité qui ont été délivrées à ceux qu'on appelait "réfractaires", et ce dans le commissariat dans lequel je venais d'arriver pour travailler...Combien en signait-on par jour jusqu'à la Libération, je n'ai jamais bien su...Mais seuls les noms et les dates de naissance n'étaient pas exacts. Pour le reste, cachets, tampons et signatures, tout était parfait ! Le commissaire, alsacien qui avait dû quitter l'Alsace en 1940 pour ne pas être allemand, signait sans complexes et même avec bonheur...Et nous étions un groupe à désobéir avec lui, sans nous poser de questions et sans même réfléchir à ce qui aurait pu nous arriver... On ne pense pas à soi-même dans ce cas...Dans le film d'hier, on voyait le fils du Consul signer les documents en imitant la signature de son père...et je me revoyais signant du nom du commissaire pour le décharger....Il m'avait appris et me disait que je signais mieux que lui ! Il en passait des cartes d'identité dans nos mains... La résistance, c'était ça aussi, sans faire d'éclats, tout doucement dans son coin et avec ses propres armes, DESOBEIR. On se sentait bien alors !

                                 Combien y a-t-il eu de ces gens désintéressés, qui sont retombés dans l'anonymat après ? Pour ce Consul, révoqué, privé de ses droits je crois, privé de traitement pendant des années, Il a souffert de même que sa famille. Pour que d'autres vivent...en liberté.

                                 Et pour qu'on ne revoie jamais ça....

                                 

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  •                          En ce jour du 6 juin...

                             Les anciens dont je fais partie, se souviennent de ce matin du 6 juin 1944 qui a vu les troupes alliées débarquer sur les plages de Normandie. J'en ai déjà parlé car ce souvenir est indélébile dans ma mémoire.

                             Aujourd'hui, des cérémonies anniversaires vont avoir lieu en Normandie, sur ces plages et surtout dans les cimetières où sont réunis tous ceux qui sont tombés sur notre sol en ce jour inimaginable ! Que toutes les personnes de ma génération qui ont la chance de voir leur vie prolongée, aient une pensée pour tous ces inconnus qui sont venus de loin pour nous redonner l'espoir et la Liberté. Et que les générations qui ont suivi et suivront, n'oublient jamais que la liberté dont ils jouissent, c'est à tous ces soldats qu'ils la doivent et aussi aux résistants qui les ont aidés selon leurs moyens.     

                             Que serions-nous devenus sans ce jour du 6 juin 1944 ? Que serait la France, que serait l'Europe ? Un fou sanguinaire qui malheureusement avait fait des adeptes (et en fait encore...) ne reculait devant rien....sauf devant cette force et cette coalition que nous appelions "les alliés". Merci à eux qui ont réussi au prix de tant de pertes. Une pensée aussi pour tous les civils restés sous les bombardements...C'était le prix à payer, il a été très fort.

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  •                          Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme....

                             Le débarquement des forces alliées avait déjà eu lieu en Normandie, on espérait et attendait la Libération qui s'approchait ! J'avais été détachée au poste de police de Villeneuve-le-Roi, en banlieue parisienne, pour effectuer divers travaux de secrétariat, le Secrétaire ayant été tué lors du bombardement. Un matin, nous voyons arriver un homme jeune, habillé comme un officier allemand, mais avec un insigne LVF... avec nos trois couleurs...Pas courant à l'époque ! C'était le premier que je voyais, un officier de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme... J'en avais entendu parler de ces volontaires, tellement pro-allemands qu'ils n'hésitaient pas à s'engager sous un uniforme ennemi. Celui-ci, bien français, portant fièrement son uniforme, ne manquait pas d'aplomb. Il venait au commissariat pour je ne me souviens plus quel papier, mais ce dont je me souviens, c'est qu'il n'avait même pas honte !

     

                                Il venait du front Russe et devait y retourner et s'en vantait. Et comme c'était un fanatique, il en a profité pour faire sa propagande ! Sans aucune gêne, sans aucun amour-propre, il a essayé d'expliquer au gardien de la paix auquel il s'était adressé, que l'Allemagne allait gagner la guerre, que les alliés ne pourraient pas progresser, que la Russie serait vaincue....en un mot, il y croyait ! Il faisait son cours devant tout le monde, il récitait sa leçon...Les hommes présents lui faisant remarquer que les alliés gagnaient du terrain, qu'Hitler était fichu, rien n'y faisait ! Que voulait-il prouver ? J'avais honte pour lui...C'était le fils d'un habitant de la commune, pro-allemand également et collaborateur. Un homme assez connu de par sa profession... Comment pouvait-il en être arrivé là ? Tellement aveuglé par sa passion de "la grande Allemagne", qu'il reniait son pays. J'étais écoeurée et je le revois encore...Je ne sais ce qu'il est devenu. Son père a été arrêté et condamné après la Libération et ce n'était que justice. Mais, ce soldat, j'espère qu'il a été tué ou mieux, pris par les alliés et fusillé...Il ne méritait pas autre chose. La Libération a eu lieu à peine un mois plus tard...

                                Je ne peux accepter que des français aient pu s'engager à côté des nazis , sous l'uniforme allemand et faire leurs les doctrines d'Hitler et de ses amis. Et ils brandissaient nos trois couleurs pour lesquelles des hommes tombaient au nom de la liberté. Comment les DORIOT, DEAT et autres comparses ont-ils pu entraîner des hommes dans leur folie ? Fanatisme, quel danger pour tous.

                                 En ces jours où on s'apprête à commémorer le sacrifice de tant d'hommes qui n'avaient qu'un but, notre Liberté, je ne sais pas pourquoi j'ai repensé tout à coup à ce français que je n'ai vu qu'une fois, malheureusement habillé en officier allemand et faisant haut et fort sa propagande....En ce mois de juillet 1944, que voulait-il prouver ?

                               

                            

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                              "Que diable étions-nous allés faire dans cette galère " !.....

                       Nous voici donc partis de très bonne heure le matin, chacun se demandant ce qu’il trouverait au retour, si toutefois il y avait un retour. Nous étions installés dans le camion, assis sur les caisses de munitions et subissant les mitraillages des avions allemands et italiens, descendant en piqué sur les files de réfugiés…Etait-ce vraiment nécessaire ? Je ne le pense pas… Au bord des routes, les gens hurlaient, il y avait des blessés, des morts…Le film « Jeux Interdits » est criant de vérité à ce sujet. Des gens erraient à la recherche d’un des leurs perdu dans la foule des réfugiés et dans cet enchevêtrement de piétons, de cyclistes poussant des vélos surchargés, de voitures qu’il fallait pousser et qui transportaient meubles, matelas et tous objets que les gens voulaient sauver … Beaucoup de voitures étaient abandonnées dans les fossés ou au bord des routes, soit par manque d’essence, soit par suite de pannes…On croisait des soldats qui avaient perdu régiments et officiers et qui ne savaient où aller….Inimaginable … Le camion essayant de se frayer un chemin, roulait peut-être à 15 kms/heure, et encore …Il fallait s’arrêter pour se mettre à l’abri dans les fossés, lorsque nous étions mitraillés.


                         Le but de nos « chauffeurs » était de passer la Loire à GIEN où se trouvait un des rares ponts restés encore debout, l’armée française faisant sauter les ponts sur la Loire pour que les allemands ne franchissent pas le fleuve. Malheureusement, quand nous sommes arrivés à GIEN, au milieu de la nuit, la ville brûlait après un bombardement. Je garderai ce spectacle en mémoire aussi longtemps que je vivrai. Le pont était impraticable et nous sommesrepartis vers SULLY-sur-LOIRE où nous avons pu enfin traverser…Comment ? Je n’en sais plus rien, tout ceci était effrayant et tellement confus.


                         Je ne sais combien de temps s’était écoulé depuis notre départ. Plusieurs jours, mais combien ? Nous avions tous perdu la notion du temps. Nous mangions peu et dormions encore moins…Nous n’en pouvions plus, et toujours ces avions qui nous mitraillaient pour prouver quoi ? La France était exangue…c’était l’enfer…Faire sa toilette ? Ce n’était plus qu’un souvenir…


                         A VIERZON il nous a fallu « abandonner le navire ». Notre camion n’allait pas plus loin. Plus d’essence, plus de ravitaillement. Les allemands étaient là ! Quel jour étions- nous ? Combien de jours s’étaient écoulés ? Les habitants de Vierzon ont été très accueillants  et nous avons pu être recueillis par des gens charmants…qui nous donnaient des légumes de  leur jardin et avaient mis plusieurs pièces à notre disposition. Nous avons repris un semblant de vie, toujours inquiets pour ceux dont nous étions sans nouvelles…Notre logeur est venu un journ nous dire que le Maréchal PETAIN avait demandé l’armistice…Cet homme, ancien combattant de la grande Guerre, pleurait et nous étions tous consternés…Il y avait plus d’un million de prisonniers, des morts civils et militaires…Quel allait être notre avenir ?

                           Dans l'immédiat, il nous fallait rentrer chez nous et surtout avoir des nouvelles des nôtres dispersés sur les routes. Après bien des formalités pour avoir les papiers nécessaires à l'obtention de toutes les autorisations nécessaires auprès des autorités françaises et allemandes puisque nous étions occupés, nous avons pu trouver une voiture avec un chauffeur qui a accepté de nous ramener, ma tante, mes cousins et moi à VENEUX où nous avons retrouvé la maison intacte ! Petit à petit, nous avons eu des nouvelles de nos absents, sauf de mon frère qui avait été tué le 9 juin...mais ça nous ne l'avons appris que deux ans plus tard.


                           Ainsi finissait cette "guerre-éclair", ainsi finissait pour un temps notre liberté... 

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  •                           "A pieds, à cheval, en voiture"....

                             Après le 10 mai 1940 dont j'ai déjà parlé dernièrement, le paysage français change totalement. C'en était terminé de cette drôlede guerre...La débâcle commence ! débâcle des troupes assaillies de toutes parts, débâcle des civils partis sur les routes pour échapper à l'envahisseur. Tout d'abord, gens du Nord et de l'Est...le reste de la France suivra avec un but, passer la Loire censée empêcher l'ennemi de passer...C'était encore le temps des illusions...On "voulait y croire" mais...Pour arranger le tout, l'Italie avait déclaré la guerre à la France et à l'Angleterre, le 10 Mai...Pas de commentaires !

                              La fin du mois de mai nous amenait chaque jour de mauvaises nouvelles...Entreprises, commerces, bureaux etc...fermaient les uns derrière les autres. Puis les administrations ont commencé à quitter PARIS pour se replier dans le sud de la France. Le moral de tous, civils et soldats, était au plus bas...Les allemands gagnaient du terrain. Début Juin le 13 exactement, mon père, mobilisé à PARIS dans la DCA, passe à JUVISY à la maison, avec une poignée d'hommes de sa compagnie. Il est très pessimiste. Ils ont reçu l'ordre de fuir PARIS, les allemands étant aux portes de la capitale. Il nous donne l'ordre de quitter la maison, ce que ma mère ne voudra pas faire car elle attend des nouvelles de mon frère. Elle me confie à ma tante et marraine, sans nouvelles aussi de mon oncle, mais qui voulait rejoindre mes jeunes cousins près de Fontainebleau où ils se trouvaient depuis le début de la guerre. Nous quittons donc JUVISY le 14 juin pour MORET-sur-LOING, mais à MELUN, plus de train...Il nous faut continuer à pieds ! Sportive, je ne l'étais que moyennement et je me plaignais beaucoup d'avoir mal aux pieds (ces trucs là, c'est peut-être faits pour marcher, mais il y a des limites ). Malgré le bain de pieds de Saltrates promis par ma tante quand nous arriverions, je n'arrivais pas à sourire...et je crois bien que je rouspétais "dur"...Ce n'était qu'un début dans notre périple ! Nous voici enfin à VENEUX après avoir été véhiculées un petit bout de chemin depuis FONTAINEBLEAU...J'étais sans nouvelles de ma mère, de mon père, de mon frère et dans l'impossibilité de communiquer...Le Samedi 15 juin, les allemands étaient à FONTAINEBLEAU. Nous avons passé la journée avec ma tante à rassembler quelques affaires, pensant partir le lendemain, mais comment ? Plus aucun train à l'horizon.

                                La nuit du 15 au 16, de gros bombardements ont eu lieu aux environs et la bataille était là. Nous étions tous réunis dans une grande maison appartenant à la famille de mon oncle et avions ainsi l'impression d'être plus en sécurité. Dans la nuit (ou très tôt le matin) des soldats français sont passés nous dire qu'il fallait partir et ne rien emporter pratiquement. Ils nous ont proposé de nous emmener dans leur camion qui transportait...des munitions ! Au moins, ça roulait ! Le camion complet était très "familial" puisqu'en plus des soldats, il était surtout constitué des oncles, tantes, cousins, cousines de cette grande famille. Nous partions vraiment dans l'inconnu, pensant encore que l'armée française allait arrêter les allemands sur la Loire. C'était un rêve, il n'y avait déjà presque plus d'armée...Le peu qui restait était complètement désorganisée. C'était la débâcle, la vraie...

                                  A suivre......
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