•                          Dans l'attente....

                             Il faisait très beau, mes parents étaient venus déjeuner à la maison et voir cette fille qui traînait tant à leur offrir le deuxième petit-enfant qu'elle leur avait annoncé ! Il ou elle aurait dû déjà être arrivé depuis plusieurs jours et tout le monde s'impatientait et s'inquiétait...Comme j'avais déjà eu un gros problèmes deux années avant et que ce petit bébé tant attendu n'avait pas survécu, le gynécologue de l'hôpital de JUVISY avait décidé que le mardi suivant je devais entrer dans son service pour y subir une césarienne...Deux jours d'attente et bébé serait là....La journée s'était très bien passée, mes parents étaient repartis et....envie de femme enceinte, je demande à mon mari de me conduire après dîner, à la fête foraine qui avait lieu tous les ans ! Je ne suis pas une inconditionnelle des fêtes foraines et mon mari, étonné mais ne voulant pas me contrarier (il fallait bien mettre toutes les chances de mon côté !), m'accompagne jusque là, avec mon fils aîné âgé d'à peine 4 ans, ravi lui des idées saugrenues de sa mère ! il avait l'habitude d'être au lit à 8 heures du soir ... Tout se passe bien, je n'ose dire que la fête ne m'intéresse pas trop et que je suis fatiguée, mais mon mari, plus raisonnable que moi ou fatigué aussi peut-être (?) met fin à notre escapade nocturne !

                                Coucher du petit, et nous le suivons de peu...Aîe, ce n'était pas le moment de dormir, bébé s'annonçait à grand fracas et...pas de détails ! mais ça ne pouvait attendre ! Je secoue mon mari déjà endormi et lui dit "vite, vite, conduis-moi à l'hopital"...Incrédule d'abord, il me demande si je suis sûre !!! quelle question ! plus que certaine et en urgence même ! Alors, il a cette phrase sublime que je n'ai jamais oubliée :"Tu ne pouvais pas te retenir?" !!!Eh bien non, je ne pouvais pas justement ! j'aurais bien voulu l'y voir ! si seulement les hommes avaient un enfant une seule fois dans leur vie ! Et ma fille (puisqu'il s'est avéré que c'était une fille) avait décidé que c'était son heure !

                                 Me voilà enfin arrivée à l'hôpital, vite installée dans une chambre...On appelle la sage-femme au cas où...mais bébé changeant d'avis, voulait rester là où il se trouvait bien ! on appelle le gynécologue-chirurgien qui prend la décision de la césarienne à effectuer d'urgence ! Il n'a pas osé me dire que c'était seulement prévu pour le mardi, mais il devait regretter son lit puisqu'avec tout ça, il était minuit ! Fille ou garçon ? le chirurgien me demande quel prénom je voulais donner...Mal en point, je lui réponds que mon mari savait...mais non, il fallait que ce soit moi...Comme je devais être opérée et qu'on ne sait jamais...je dictais mes dernières volontés ! C'est ça qui vous donne du courage pour entrer en salle d'opération !

                                  Et voilà comment, après avoir chahuté les soirées et même un peu le sommeil des uns et des autres, je me suis retrouvée maman d'une petite fille ! Quelle soirée de Pentecôte mouvementée ! Tout s'est bien terminé, et mon mari a perdu...5 kgs les jours suivants ! il avait eu trop peur...Moi aussi j'avais eu peur, mais....

                            

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  •                          Arme "pour rire" mais efficace !

                             La scène se passe un dimanche matin, pendant l'hiver 1940/1941, sur un marché de la Région Parisienne. L'occupation allemande sévissait depuis déjà cinq ou six mois et les restrictions de nourriture aussi ! J'étais allée aider des amis qui vendaient de la parfumerie sur ce marché. En face d'eux, se trouvait une charcuterie dont l'étal, moins bien achalandé qu'avant la guerre, vous mettait quand même l'eau à la bouche...Mais, pas touche ! si on pouvait regarder, on ne pouvait ni toucher, ni acheter sans ces fichus tickets d'alimentation qui nous étaient distribués avec parcimonie ! Le charcutier propriétaire de cet étal ne dédaignait ni l'armée d'occupation, ni le marché noir...c'est ce qui se disait et qui était exact...Mais il était très strict avec le client "ordinaire"...

                             Arrive un client attiré par la vue , l'odeur et probablement aussi la faim ! Un homme d'une trentaine d'années, pas plus agressif qu'un autre...Le charcutier lui dit qu'il ne pouvait rien lui vendre, etc...etc...La conversation s'envenime, l'un réclamant des tickets que l'autre ne pouvait lui fournir et les poings commencent à s'agiter d'un côté comme de l'autre ! Belle bagarre que nous regardions, mes amis et moi et dont l'issue nous semblait être à l'avantage du charcutier ! Et tout à coup, le client furieux attrape une énorme Mortadelle, ce gros saucisson qui doit bien faire 10 cms de diamètre, et v'lan ! il en assène un coup sur la tête du charcutier qui se retrouve à terre...Au tapis le charcutier, complètement groggy...Comptait-il des étoiles à défaut de tickets d'alimentation ? Nous n'en avons rien su, mais tous les spectateurs présents étaient partis d'un grand éclat de rire...En cette période où une simple petite rondelle de saucisson était la bienvenue, c'était une petite revanche ... Et personne n'a plaint le commerçant...

                              Tout peut donc être dangereux, même un saucisson...ce n'est pourtant pas l'arme à la mode actuellement !

                               J'ai voulu raconter cette petite scène vraie à laquelle j'ai assisté un sombre dimanche de guerre de l'année 1940. Et vous faire partager le bonheur que j'en avais alors ressenti. Qui a osé dire que les français de l'époque acceptaient tout ? Pas le charcutier sûrement...Au fait, après la guerre, il a eu l'honneur de connaître l'ambiance des procès et de la prison...les temps fastes étaient terminés pour lui...

                              

                            

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  •                        Y a-t-il encore des traces ?

                           Question idiote qui me trotte dans la tête depuis un moment ! Parce que j'ai eu l'occasion de voir la photo de la maison qui a été construite à l'emplacement de celle où s'est passée ma jeunesse, je pense au "devenir" de tout ce qui avait été nôtre pendant des années et qu'un bombardement a détruit.... Dans l'immense trou qui remplaçait cette grande maison, nos objets personnels, grands ou petits, se sont trouvés réduits à rien ou presque ! Nous en avons toujours été conscients...Et voilà que cette photo ravive tous mes souvenirs et m'oblige à penser... Il a bien fallu faire des fondations pour cette nouvelle maison et quand on creuse, on trouve souvent des choses, cassées, en mauvais état, presque pulvérisées...mais il y a forcément des restes ! et qui n'intéressent personne...Alors que s'ils pouvaient parler ....

                           Je suis bien compliquée, cela fait si longtemps ! 65 ans ! Nous avions par exemple un jeu de croquet...que sont devenus les arceaux ? Tout ce que mes parents gardaient comme objets personnels en dehors des meubles qui ont été pulvérisés, tout cela est-il reparti au centre de la terre...Il doit bien rester des crayons, des anciens tubes de peinture provenant de cette belle boîte dont je m'étais encore servie deux jours avant cette date fatidique...Des papiers, des livres de classe...toutes choses dont je reconnaîtrais ne serait-ce qu'une parcelle, même si les bombes et le temps les ont réduites presque à néant...des traces de notre vie...

                           Je devrais avoir oublié tous ces objets insignifiants parfois et là, je me rends compte que je rétrograde ! Je pense trop ! Il y a eu la vie "d'avant", il y a eu la vie "d'après" et il y a la vie actuelle...Je vais renvoyer tous ces restes au fond de ma mémoire, pour m'en souvenir avec attendrissement, mais surtout pas avec regrets...L'époque en est révolue...

                           Mais tout de même, j'aurais bien voulu être là quand ils ont creusé ! Pas de trésor à découvrir, sauf de menus trésors, les plus importants pour moi.

                            Pour finir sur une note plus gaie, petite anecdote : après ce bombardement, nous avons retrouvé quelques bricoles qui ne pouvaient plus servir, mais qui m'ont attiré cette réflexion de ma mère : "Te rends-tu compte de ce que tu achetais comme bigoudis ? Il y en a partout !" Il y avait un peu d'exagération de sa part, mais il faut reconnaître qu'il y en avait beaucoup éparpillés sur le dessus "du trou" comme s'ils étaient partis comme un feu d'artifice ! C'est vrai que j'étais coquette et que j'aimais être bien coiffée...Je faisais mes mises en plis moi-même (celles de ma mère aussi), et comme j'ai toujours été "à la pointe du progrès", j'achetais les derniers sortis !...ça c'était sans tickets, alors, pourquoi se priver !

                           

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  •                           Avoir des enfants...et après...

                              Mettre des enfants au monde, ce n'est pas seulement assurer sa descendance et ses vieux jours, prolonger sa jeunesse en jouant avec eux...C'est une responsabilité. Il faut les aimer, les nourrir, veiller sur eux et les éduquer !Voilà, le grand mot est lâché...Éducation, éducation, éducation, tout au long de leur jeune vie, jusqu'à ce qu'ils puissent se prendre en charge eux-mêmes. Instruction et éducation forment un tout, ce qui implique des sacrifices nombreux. En échange, que de joies ils peuvent vous donner...Les voir heureux, bien "dans leur peau", gais, aimants...Les parents ne sont pas perdants.

                              Or, voici que depuis un certain temps, rien ne va plus pour certains ! On assiste à des actes impensables qui se déroulent notamment à l'école où certains enfants se rendent armés jusqu'aux dents ! le couteau de cuisine a les faveurs de ces combattants semble-t-il. J'ai entendu hier à la télévision, un élève à qui on demandait à quoi ça pouvait leur servir, répondre sans hésiter "à nous défendre" ! Se défendre contre quoi ? Contre un enseignant qui a la volonté de transmettre ce que lui-même a appris ? Mais il est le plus souvent dévoué cet enseignant et mérite le respect et des remerciements, sûrement pas un coup de couteau ! Se défendre contre un autre élève ? qui a fait quoi ? lui a manqué de respect ? Mais quand on veut être respecté, on commence par respecter les autres.... C'est tout ça qu'on apprend par l'éducation .

                              Hier encore, j'ai entendu à la télévision (toujours elle), qu'on se demandait quels étaient les responsables de cette situation ? Poser la question, c'est y répondre sans réfléchir longtemps...Très souvent les parents qui ne remplissent pas leur rôle d'éducateurs, soit par indifférence, soit par manque de courage, soit par trop d'amour diront-ils ! Parce qu'ils ne veulent pas contrarier leurs enfants, pas leur refuser le truc à la dernière mode. Mais au contraire, ils veulent obéir à tous leurs désirs quand ce ne sont pas des ordres ! Ils pensent ainsi faire le bonheur de leurs enfants, mais c'est faux. Par contre, ils préparent à coup sûr le malheur de ces enfants qui étaient en droit d'attendre autre chose. Quelqu'un a dit, toujours hier, "que les parents étaient peut-être trop tolérants" ? Il y a beaucoup d'années, à la fin des années 1970, mon père m'avait dit un jour qu'on pouvait constater la démission des parents...A l'époque, je lui avais dit qu'il était trop pessimiste...Et pourtant, si c'était vrai ?

                               Nous allons bientôt voir des fouilles à l'entrée des écoles, collèges, lycées, et tout ce que cela implique...Pauvre Jules FERRY, je ne crois pas que c'était comme ça qu'il se représentait l'école de la République...Elle est là pour instruire et éduquer, dans le calme et la tranquillité. Pas dans la peur. 

                              

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  •                          " En marge" de l'exode de 1940....

                             C'est bien connu, dans les situations graves, il y a presque toujours quelque chose qui vous amuse...Pourquoi ? réaction nerveuse peut-être... Pendant l'exode de 1940, alors que notre vie était tellement malmenée, que nous ne savions pas où nous allions, que notre angoisse était grande, il nous est arrivé de rire lorsque nous étions...mitraillés par les avions fonçant sur nous en piqué ! A priori, rien de bien drôle pourtant ! Mais les soldats qui conduisaient le camion dans lequel nous étions avaient très peur de ces avions, comme nous tous.

                              Comme ils avaient peur, ils descendaient de leur habitacle et quand nous ne pouvions aller nous mettre à l'abri dans un fossé, ils venaient cacher leur tête et leurs avants-bras , en passant la moitié de leur corps par l'ouverture pratiquée à l'arrière du camion puisque nous roulions bâches relevées pour avoir de l'air ! Tout le reste de leur corps restait à l'extérieur et les avions pouvaient être tentés de mitrailler cette partie de leur individu ! Ils se sentaient ainsi en sécurité puisqu'ils ne voyaient rien ! En résumé, ils "tendaient les autres joues" ! C'était idiot et cela nous faisait rire...Ils n'ont jamais essayé de monter avec nous dans le camion (il faut dire qu'il n'y avait pas trop de place, mais quand il y a danger, on se tasse !).

                               Ils n'ont jamais pu nous expliquer le pourquoi de cette réaction...Seule la peur les guidait...Ils étaient pourtant courageux et l'avait démontré en nous prenant en charge ! Cette bâche au-dessus de la moitié de leur corps, leur semblait aussi salutaire qu'un abri bien bétonné ! A bien réfléchir, je pense que c'était la peur également qui nous faisait rire ... et on en avait bien besoin !

                               Se croire en sécurité, c'est l'être déjà...Il n'y a vraiment que la foi qui sauve !

                               
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