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                              "Que diable étions-nous allés faire dans cette galère " !.....

                       Nous voici donc partis de très bonne heure le matin, chacun se demandant ce qu’il trouverait au retour, si toutefois il y avait un retour. Nous étions installés dans le camion, assis sur les caisses de munitions et subissant les mitraillages des avions allemands et italiens, descendant en piqué sur les files de réfugiés…Etait-ce vraiment nécessaire ? Je ne le pense pas… Au bord des routes, les gens hurlaient, il y avait des blessés, des morts…Le film « Jeux Interdits » est criant de vérité à ce sujet. Des gens erraient à la recherche d’un des leurs perdu dans la foule des réfugiés et dans cet enchevêtrement de piétons, de cyclistes poussant des vélos surchargés, de voitures qu’il fallait pousser et qui transportaient meubles, matelas et tous objets que les gens voulaient sauver … Beaucoup de voitures étaient abandonnées dans les fossés ou au bord des routes, soit par manque d’essence, soit par suite de pannes…On croisait des soldats qui avaient perdu régiments et officiers et qui ne savaient où aller….Inimaginable … Le camion essayant de se frayer un chemin, roulait peut-être à 15 kms/heure, et encore …Il fallait s’arrêter pour se mettre à l’abri dans les fossés, lorsque nous étions mitraillés.


                         Le but de nos « chauffeurs » était de passer la Loire à GIEN où se trouvait un des rares ponts restés encore debout, l’armée française faisant sauter les ponts sur la Loire pour que les allemands ne franchissent pas le fleuve. Malheureusement, quand nous sommes arrivés à GIEN, au milieu de la nuit, la ville brûlait après un bombardement. Je garderai ce spectacle en mémoire aussi longtemps que je vivrai. Le pont était impraticable et nous sommesrepartis vers SULLY-sur-LOIRE où nous avons pu enfin traverser…Comment ? Je n’en sais plus rien, tout ceci était effrayant et tellement confus.


                         Je ne sais combien de temps s’était écoulé depuis notre départ. Plusieurs jours, mais combien ? Nous avions tous perdu la notion du temps. Nous mangions peu et dormions encore moins…Nous n’en pouvions plus, et toujours ces avions qui nous mitraillaient pour prouver quoi ? La France était exangue…c’était l’enfer…Faire sa toilette ? Ce n’était plus qu’un souvenir…


                         A VIERZON il nous a fallu « abandonner le navire ». Notre camion n’allait pas plus loin. Plus d’essence, plus de ravitaillement. Les allemands étaient là ! Quel jour étions- nous ? Combien de jours s’étaient écoulés ? Les habitants de Vierzon ont été très accueillants  et nous avons pu être recueillis par des gens charmants…qui nous donnaient des légumes de  leur jardin et avaient mis plusieurs pièces à notre disposition. Nous avons repris un semblant de vie, toujours inquiets pour ceux dont nous étions sans nouvelles…Notre logeur est venu un journ nous dire que le Maréchal PETAIN avait demandé l’armistice…Cet homme, ancien combattant de la grande Guerre, pleurait et nous étions tous consternés…Il y avait plus d’un million de prisonniers, des morts civils et militaires…Quel allait être notre avenir ?

                           Dans l'immédiat, il nous fallait rentrer chez nous et surtout avoir des nouvelles des nôtres dispersés sur les routes. Après bien des formalités pour avoir les papiers nécessaires à l'obtention de toutes les autorisations nécessaires auprès des autorités françaises et allemandes puisque nous étions occupés, nous avons pu trouver une voiture avec un chauffeur qui a accepté de nous ramener, ma tante, mes cousins et moi à VENEUX où nous avons retrouvé la maison intacte ! Petit à petit, nous avons eu des nouvelles de nos absents, sauf de mon frère qui avait été tué le 9 juin...mais ça nous ne l'avons appris que deux ans plus tard.


                           Ainsi finissait cette "guerre-éclair", ainsi finissait pour un temps notre liberté... 

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  •                           "A pieds, à cheval, en voiture"....

                             Après le 10 mai 1940 dont j'ai déjà parlé dernièrement, le paysage français change totalement. C'en était terminé de cette drôlede guerre...La débâcle commence ! débâcle des troupes assaillies de toutes parts, débâcle des civils partis sur les routes pour échapper à l'envahisseur. Tout d'abord, gens du Nord et de l'Est...le reste de la France suivra avec un but, passer la Loire censée empêcher l'ennemi de passer...C'était encore le temps des illusions...On "voulait y croire" mais...Pour arranger le tout, l'Italie avait déclaré la guerre à la France et à l'Angleterre, le 10 Mai...Pas de commentaires !

                              La fin du mois de mai nous amenait chaque jour de mauvaises nouvelles...Entreprises, commerces, bureaux etc...fermaient les uns derrière les autres. Puis les administrations ont commencé à quitter PARIS pour se replier dans le sud de la France. Le moral de tous, civils et soldats, était au plus bas...Les allemands gagnaient du terrain. Début Juin le 13 exactement, mon père, mobilisé à PARIS dans la DCA, passe à JUVISY à la maison, avec une poignée d'hommes de sa compagnie. Il est très pessimiste. Ils ont reçu l'ordre de fuir PARIS, les allemands étant aux portes de la capitale. Il nous donne l'ordre de quitter la maison, ce que ma mère ne voudra pas faire car elle attend des nouvelles de mon frère. Elle me confie à ma tante et marraine, sans nouvelles aussi de mon oncle, mais qui voulait rejoindre mes jeunes cousins près de Fontainebleau où ils se trouvaient depuis le début de la guerre. Nous quittons donc JUVISY le 14 juin pour MORET-sur-LOING, mais à MELUN, plus de train...Il nous faut continuer à pieds ! Sportive, je ne l'étais que moyennement et je me plaignais beaucoup d'avoir mal aux pieds (ces trucs là, c'est peut-être faits pour marcher, mais il y a des limites ). Malgré le bain de pieds de Saltrates promis par ma tante quand nous arriverions, je n'arrivais pas à sourire...et je crois bien que je rouspétais "dur"...Ce n'était qu'un début dans notre périple ! Nous voici enfin à VENEUX après avoir été véhiculées un petit bout de chemin depuis FONTAINEBLEAU...J'étais sans nouvelles de ma mère, de mon père, de mon frère et dans l'impossibilité de communiquer...Le Samedi 15 juin, les allemands étaient à FONTAINEBLEAU. Nous avons passé la journée avec ma tante à rassembler quelques affaires, pensant partir le lendemain, mais comment ? Plus aucun train à l'horizon.

                                La nuit du 15 au 16, de gros bombardements ont eu lieu aux environs et la bataille était là. Nous étions tous réunis dans une grande maison appartenant à la famille de mon oncle et avions ainsi l'impression d'être plus en sécurité. Dans la nuit (ou très tôt le matin) des soldats français sont passés nous dire qu'il fallait partir et ne rien emporter pratiquement. Ils nous ont proposé de nous emmener dans leur camion qui transportait...des munitions ! Au moins, ça roulait ! Le camion complet était très "familial" puisqu'en plus des soldats, il était surtout constitué des oncles, tantes, cousins, cousines de cette grande famille. Nous partions vraiment dans l'inconnu, pensant encore que l'armée française allait arrêter les allemands sur la Loire. C'était un rêve, il n'y avait déjà presque plus d'armée...Le peu qui restait était complètement désorganisée. C'était la débâcle, la vraie...

                                  A suivre......
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  •                            Notre vie jadis...

                              Les commentaires qui me sont laissés sur ce blog et qui font parfois preuve de beaucoup d'indulgence à mon égard, me font un immense plaisir ! En toute modestie, je suis bien obligée de le reconnaître et je remercie leurs auteurs. Mon but est atteint ou en bonne voie de l'être ! ce que je voulais, c'était faire connaître mon époque qui fait déjà partie d'un autre siècle, ce que j'appelle l'ancien temps... Cet ancien temps qui ne me paraît pas si loin à moi qui l'ai vécu ! Accepte-t-on si facilement de se dire qu'on est un peu vieux ? Tout ce que je raconte, il me semble que ça date d'hier, et pourtant !

                              Toutes ces choses du passé que j'ai connues et qui me semblent si naturelles, je suis bien consciente qu'elles semblent souvent incroyables aux plus jeunes générations...Les avions, les voitures qui n'existaient pas ou si peu, les appareils ménagers, la radio, le téléphone (peu de personnes le possédaient) et surtout les téléphones mobiles ou sans fil, la télévision....tout ceci n'était pas connu et si c'était connu pour certains, ce n'était pas utilisable par le commun des mortels ! Plus tard, sont arrivés les ordinateurs qui font déjà la joie des jeunes enfants avant même qu'ils sachent lire correctement !

                               Après la guerre, les progrès de tous ordres sont arrivés à grands pas, et c'est ça qu'il faut que les jeunes générations sachent. Il faut qu'elles apprennent qu'on se procurait le lait (c'est un exemple) autrement que dans des emballages en carton ! qu'il provenait de la vache...Qu'on allait à l'école à pieds, en sabots dans certains villages, en emmenant son déjeuner...que les classes étaient chauffées avec des poêles qu'il fallait allumer tous les matins...qu'on avait des engelures aux mains l'hiver...que les maîtres et maîtresses étaient aimés, admirés, respectés ! Ils vous apprenaient tant de chose ! Que la morale et l'éducation qui semblent des mots désuets et barbares à notre époque, faisaient partie du vocabulaire de tous les jours...Et qu'en rentrant à la maison, une bonne soupe attendait de réunir tout le monde autour de la table familiale et surtout conviviale... Cette vie pénible parfois, nous rendait heureux puisque nous ne connaissions pas autre chose....

                                Le rôle des personnes de mon âge ne serait-il pas de faire connaître tout ça ? mais sans regrets pour ce qui n'est plus, la vie moderne a du bon et j'en profite avec plaisir ! Ma génération a connu une époque très troublée que nous ne reverrons jamais j'espère...Mais notre devoir, à nous "les anciens" c'est d'en parler pour que justement elle ne se renouvelle pas. Bien sûr, les historiens en parlent...mais raconter ce qu'on a vu et ce qu'on a vécu me semble très utile. C'est du vrai, ressenti, sans fioritures...Un compte-rendu en un mot ! Et c'est un devoir qui nous incombe...Je suis persuadée que non seulement ça peut intéresser les adultes, mais aussi des jeunes...

                                 Et voilà pourquoi j'écris tant, pour vous faire partager toutes ces choses du passé, sans ordre, au fur et à mesure qu'elles me reviennent à l'esprit. Mais je reste attachée au présent et un peu à l'avenir (ça, c'est le point d'interrogation pour moi !), ce qui explique d'autres sujets que je "jette" sur ce blog, et qui sont parfois des billets d'humeur !

                                 

                               

                             

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  •                           Une sortie pour rire en famille...

                              Lorsque j'étais jeune, je me souviens d'une sortie que nous faisions parfois lorsque mes parents invitaient de la famille ou des amis. Nous allions d'abord faire un tour à la forêt de Sénart, agréable forêt de l'Essonne (alors la Seine-et-Oise). Là, nous pouvions marcher et cueillir des fleurs...Il y en avait tellement : jonquilles, fleurs dont je ne me souviens pas du nom mais qui ressemblaient à des clochettes violettes, bruyères, etc...Tout dépendait des saisons évidemment, mais nous ne revenions jamais bredouilles ! Et les enfants pouvaient courir dans les allées de cette forêt que nous trouvions si jolie.

                               Et, pour distraire nos invités, mes parents prenaient le chemin de BRUNOY, petite ville située près de la forêt et en allant jusqu'au lieudit "La Pyramide", nous avions droit à pénétrer dans un parc d'attractions, était-ce bien le nom alors ? Ce n'était pas immense, mais l'amusement était assuré. Cela s'appelait "chez GERVAISE"...Ce qu'on y trouvait ? des vélos, mais des vélos d'un genre spécial, tous plus farfelus les uns que les autres et qui, à défaut de vous permettre de gagner des compétitions , amusaient tout le monde, y compris celui ou celle qui en avait loué un ! Aucun de ces vélos n'était normal : du guidon à la selle, et surtout aux roues, tout était extravagant ! Les roues, parlons-en ! En principe, leur centre était placé partout, sauf au centre ! L'effet était garanti...Il y avait aussi des vélos genre draisiennes, d'autres avec un très grand cadre et des toutes petites roues...Et on essayait de rouler sur une piste, s'attirant l'hilarité des spectateurs assis autour de cette piste et qui dégustaient grenadines, limonades, bières, cidres ou toute autre boisson rafraîchissante ! C'était un vrai moment de détente ! Il y avait bien quelques chutes, mais dans la bonne humeur... Nous passions un bon moment .... Il me semble bien entendu qu'il fallait payer  l'entrée, et les consommations, mais à cette époque, mes parents s'occupant de l'intendance, ça ne m'intéressait pas beaucoup !

                                 Je crois me souvenir qu'après la guerre, lorsque nos enfants étaient jeunes, nous y sommes retournés, cette sortie ayant été offerte par mon père...Ce n'était pas le genre prévu dans nos dépenses et à cette époque, j'étais ministre des finances de notre petite communauté ! Je comptais encore une fois sur mes parents !

                                 Ce parc d'attractions n'avait rien de commun avec les immenses parcs d'attractions qui existent maintenant, mais il nous rendait heureux. C'était familial, convivial et tellement amusant....Je ne pense pas qu'il existe encore actuellement... Amuserait-il encore ? Ce n'est pas certain. Les jeunes ont besoin de "sports plus extrêmes" et quand il y a profusion...on devient plus difficile ! Mais GERVAISE et ses vélos comiques a amusé plusieurs générations... Depuis quand cela existait-il ? Début du vingtième siècle vraisemblablement...moi je l'ai connu vers 1930, lorsque mon père a acheté une voiture, seul moyen pour nous de nous y rendre ! ça faisait partie de nos réjouissances occasionnelles qui nous laissaient de bons souvenirs ! La preuve, pour avoir vu hier soir un acrobate sur un vélo bizarre dans une émission de télévision, je me suis souvenue de cette sortie de jadis, "quand  nous avions été sages" ...

                                  Dimanche en famille jadis...L'ambiance n'était pas la même que de nos jours...mais elle avait un certain charme.

                             

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  •                          Toujours notre école jadis !

     

                             S'il y a un sujet dont on parle beaucoup ces derniers temps, c'est bien du comportement des élèves dans les écoles, face à l'autorité...Non seulement les professeurs ne sont plus craints, mais très souvent ils sont agressés par des élèves encore très jeunes parfois. Agressés verbalement ? ah non, pas seulement, mais bien avec des armes, couteaux ou autres...Quelle tristesse ! comment a-t-on pu en arriver là ? Il n'y aurait donc plus aucune autorité à l'école, plus de respect envers les enseignants ? Ce respect "de l'autre, du supérieur" qui permet de vivre une scolarité qui devrait être sereine...Un professeur a été poignardée par un élève de 13 ans, parce qu'elle l'avait puni pour un devoir non fait ! Et l'élève se retrouve en prison (pour jeune délinquant soit, mais prison quand même). L'enseignante a failli mourir et l'élève a sa vie gâchée...

                               Un petit retour en arrière, me ramène à ma jeunesse et à ces enseignants qu'on nous apprenait à respecter, à aimer, à craindre à l'occasion. Je me souviens d'institutrices, professeurs dont certains étaient sévères, mais qui nous transmettaient tant de choses que nous les admirions malgré tout. Nous n'étions pas toujours d'accord avec leurs sentences, nul n'est parfait ! Nous les craignions tout en nous moquant d'eux quand ils avaient le dos tourné ! ils n'étaient pas dupes et quand un regard noir se dirigeait vers eux, ils n'avaient pas peur...Un regard ne tue pas ou ne vous expédie pas à l'hôpital...Et les parents ne venaient pas "réclamer" justice pour leur progéniture comme on le voit faire de temps en temps ! Lorsque j'étais au cours moyen (il y a de nombreuses années !) la directrice de l'école, petite bonne femme dynamique, nous faisait rentrer sous nos pupitres quand elle arrivait dans la classe ! C'était une "vieille demoiselle" qui portait perruque, et les élèves le savaient...difficile de faire autrement, ça se voyait ! Quelle autorité elle avait, et quand elle ouvrait la porte de la salle, perruque en bataille (la raie de la perruque était alors dans le mauvais sens !) nous n'avions plus tellement envie de nous moquer d'elle ! C'est qu'elle était très mécontente et que les remontrances et punitions pour certaines allaient suivre...Brrr...mais aucun couteau ne sortait d'un cartable...Nous la respections et nous l'aimions même, acceptant les punitions je ne dirais pas avec joie, il ne faut rien exagérer...Mais c'était un fait acquis...

                                Il nous arrivait d'être expédiés par les enseignants, instituteurs, institutrices, surveillants, chez directeur, directrice, surveillant général, proviseur...Nous y arrivions tout penauds, tremblants de peur...colle ou punition étant souvent au rendez-vous...Mais à aucun moment nous n'avions l'envie de tuer ! Etions-nous meilleurs que les élèves de maintenant ? Je ne pense pas, simplement, nous étions éduqués...On nous apprenait respect et considération pour nos supérieurs, de même qu'à la maison on respectait ses parents. Est-ce toujours le cas ? Donner une punition à un élève, ce n'est pas porter atteinte à sa dignité que je sache ! Comme on disait jadis "c'est pour son bien" ! pour qu'il devienne quelqu'un...C'est ça le plus important.

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