•                                       C'était l'été 1931 -

                                          Une chanson était fredonnée à tous les coins de rue, qui débutait par "Viens ma chérie, veux-tu que nous allions à l'ex, à l'ex, à l'exposition..." Je n'en sais pas plus,  les paroles ne m'ont pas marquée à tout jamais, mais je me souviens .....

                                          L'Exposition Coloniale venait d'être inaugurée. J'en avais entendu parler à la maison, mais comme tous les enfants (j'étais alors très jeune), je ne me rendais pas très bien compte de ce que cela voulait dire ! Jusqu'au jour où mon père a décidé de nous emmener voir cette exposition. Il aimait beaucoup nous faire visiter des sites, des cathédrales, même...les champs de bataille de la Grande Guerre. Programme très varié !

                                          Nous voici donc partis pour PARIS un après-midi et nous retrouvons là-bas des amis de mes parents, accompagnés aussi de leurs enfants. Nous étions heureux de nous retrouver entre gosses, pour le reste "on verrait bien"! Et on a vu.....Un spectacle absolument inoubliable...l'émerveillement total...C'était dans le Bois de Vincennes, à la Porte Dorée. Chaque pays de la France d'Outre-mer comme on disait alors, avait reconstitué des villages, des monuments, des commerces, de l'artisanat local....Le bois de Vincennes avait été complètement transformé et on se serait cru si loin de Paris avec toute cette foule bariolée, chaque membre des différentes communautés en costume national... Je crois que je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. Nous étions complètement dépaysés...Je me souviens en particulier de la reconstitution exacte du Temple d'ANKOR, et tant d'autres temples, mosquées, monuments qui nous faisaient admirer ces beaux pays...Nous avions vraiment l'impression d'avoir fait le plus beau des voyages et que tout était vrai ! Le soir, nous avons dîné au restaurant (au bord de l'eau il me semble, mais quelle rivière ? ça, je ne m'en souviens plus). Et ensuite, à la nuit, promenade dans le petit train qui circulait à travers toute l'exposition...Tout était illuminé...Là, je ne trouve pas de mots pour décrire. En y pensant, j'ai encore le coeur serré ! Cela arrive quand les spectacles sont trop beaux et que ça semble irréel ....

                                            Et retour en banlieue, à Juvisy...Il faut bien se réveiller à un moment, on ne peut pas toujours rêver ! Mais quels souvenirs j'en ai gardés. Nous avions rapporté des images, des cartes, des photos, des souvenirs...Mais, comme tout le reste, tout est parti dans un éclat de bombe ! C'était éphémère....

                                            De cette magnifique exposition, il y a encore des traces dans le bois de Vincennes. Il y a bien des années, le temple d'Ankor existait encore et aussi d'autres constructions...Mais...Et le zoo de Vincennes a pris naissance à cette époque aussi. Le grand Rocher avait été construit à cette période. Et aussi (je crois) le Musée de la France d'Outre-Mer et..beaucoup d'autres sites que les petits parisiens et les touristes peuvent voir grâce à cette Exposition Coloniale de 1931...Beaucoup de dégradations ont eu lieu, les beaux sites ça s'entretient...en principe ...Et celui-là était si beau.

     

                                             

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  •                                   
                                        
    Ces mots attrapés au vol -

                                         Souvenirs, souvenirs.....Comment font-ils pour revenir à la surface tout à coup ? On les croit bien enfouis au plus profond de soi, on n'y pense même plus et puis...hop...pour un simple petit mot attrapé au passage, les voilà qui reviennent ! Quelqu'un m'a écrit "...un éternuement et tous les souvenirs reviennent et la machine...est en marche...". Quelle puissance, quels pouvoirs ! Tous ces souvenirs que je raconte, ils arrivent sans crier gare ! Sont-ils bien classés dans mon esprit, chacun à leur place...ça m'étonnerait, le classement n'est pas ce que je préfère. La "partie invisible" de moi serait-elle mieux organisée que la "partie visible "? Voilà qui aurait fait bien plaisir à mes parents et à mon mari ... Non, je crois qu'on est ainsi fait : il y a des petits casiers dont la porte s'ouvre de temps en temps, sous l'impulsion d'un petit déclic. Le déclic pour moi, c'est un mot que je cueille au passage, tout en  étant occupée à autre chose. Il vole autour de moi comme un papillon...

                                          J'ai toujours adoré les mots. Un petit mot qui parfois semble si insignifiant, peut dire tellement de choses. Il peut faire tant de plaisir ou au contraire faire beaucoup de peine. Il n'y a pas besoin de grandes phrases pour ça. Joie, déception, proviennent très souvent d'un simple mot. Il suffit d'un rien. Et plus on vieillit, plus on s'en rend compte. Mais là, je m'éloigne de ma dissertation sur les souvenirs et comment ils me reviennent en foule ! A mon avis, l'âge y est pour beaucoup aussi... Je me souviens que ma mère m'avait dit une fois, alors qu'elle était déjà très âgée :"C'est curieux, quand on vieillit, les souvenirs d'enfance reviennent" ! Et elle reparlait de sa jeunesse en Lorraine. Je n'ai donc rien inventé !

                                           Ce qui aide aussi pour les souvenirs, ce sont des images fugitives ou non, vues ici ou là, à la télévision. Et les photos anciennes...oui mais là, je ne suis pas gâtée. Il ne me reste rien de ma naissance jusqu'en 1945...Bombardement oblige...Elles sont toutes restées au fond d'un immense trou, avec notre maison et tous les souvenirs palpables...Nous avons pu en récupérer seulement deux ou trois, sales et qui avaient séjourné dans l'eau. La famille aussi nous en a donné quelques unes.... C'est peut-être ridicule de dire ça,  mais parmi les objets que nous avons perdus, ce sont les photos qui me manquent le plus...J'aurai tant aimé que mes enfants voient des photos de mes grands-parents de Lorraine et de ce petit village où nous allions en vacances étant jeunes...Sentimentalité ou sensiblerie ? Non, seulement une immense peine pour ce manque.

                                           Toute cette palabre pour des mots qui tournent autour de moi...Comme des papillons...
                                          

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  •                                       Depuis quelques jours, il fait très chaud...32...33° et le soleil n'est pas avare. Dire que j'apprécie beaucoup serait mentir. Je ne suis pas du Sud mais je reconnais que c'est bien agréable d'avoir du beau temps, surtout à la période des vacances !

                                          Je pense que c'est ce beau temps qui me ramène à une époque de ma jeunesse qui m'a laissé de si bons souvenirs ...Pendant deux ou trois ans, nous sommes allés en vacances au bord de la mer, dans la baie du Mont St Michel, exactement à JULLOUVILLE-les-PINS....Mes parents louaient une villa avec  amis et  famille, à temps partagé. Je ne me rendais pas compte alors de la chance que nous avions simplement par le fait de pouvoir partir en vacances. Quand on est enfant, on trouve tout normal...Comme les parents ne restaient qu'une quinzaine de jours, les enfants eux avaient droit à beaucoup plus ! Chaque famille gardait, à tour de rôle, en plus de ses enfants, les enfants des autres ! C'était toute une organisation....

                                           Baignades, jeux dans le sable fin de cette belle plage, cours de gymnastique et...pêche à la crevette et aux coques ! Nous n'avions pas le temps de nous ennuyer...Cela n'avait rien à voir avec nos vacances précédentes en Lorraine chez nos grands-parents. Mais les deux étaient très bien. Et la mer, ça représentait quelque chose d'extraordinaire. La première fois que je l'avais vue, j'en avais eu le souffle coupé ! Nous étions loin d'être blasés.... Et le soir, il y avait la petite promenade à la tombée de la nuit avec nos parents, toujours au bord de la plage, point de ralliement de tous les vacanciers ! Nous avions de beaux maillots de bain qui laisseraient pantois les enfants de maintenant, mais que nous trouvions magnifiques ! la mode était ce qu'elle était !

                                            Plusieurs années après la guerre, mon mari et moi avons emmené notre trio à...Jullouville bien sûr ! J'ai retrouvé un peu l'ambiance de mon enfance et surtout les sucettes chaudes qu'on pouvait acheter après dîner, lors de la promenade traditionnelle du bord de mer...Les temps avaient changé, les maillots aussi, mais les petits plaisirs étaient les mêmes....

                                           Hourra ! c'étaient de belles vacances.........
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  •                                       Cette gifle qui vous conduit au Tribunal -

                                          Monsieur le Professeur, vous voici aujourd'hui devant un Tribunal, parce qu'un gendarme (qui lui, n'aurait  certainement pas admis qu'un enfant dont il avait provisoirement la charge le traite de connard) a trouvé que pour un enseignant, recevoir devant toute une classe un tel affront de la part d'un élève, était tout à fait normal ! Et que donc, votre réaction consistant à donner une gifle audit élève était punissable....Ben voyons...

                                          Loin de moi l'idée de faire l'apologie de la gifle tout comme de la fessée .  Mais ne soyons pas ridicules ! Si un enfant de 11 ans se permet de répondre comme ça à un professeur, c'est qu'il y a quelques lacunes dans son éducation et on peut penser que ça ne s'arrangera pas tellement dans l'avenir, que ce soit envers ses maîtres ou envers ses parents. Monsieur le gendarme, acceptez-vous que votre fils vous traite de connard devant tout le monde et cela sans réagir ? J'en doute. Et  venant d'un enfant extérieur à votre famille ? j'en doute aussi !

                                          Il y a fort longtemps, quand j'étais très jeune, les instituteurs et institutrices étaient écoutés, obéis, et respectés. Parceque le respect, on nous l'apprenait dès la petite enfance...Cela faisait partie de "l'Education", qu'on soit enfant d'ouvriers, de bourgeois, de nobles...C'était ainsi. C'est vrai que nos maîtres ne nous frappaient pas, tout au moins à mon époque (mes parents eux avaient connu les coups de règles sur le bout des doigts...) Ils nous punissaient avec les armes qu'ils avaient à leur disposition : verbes à conjuguer, lignes à faire, retenues après la classe etc... c'était en rapport avec les bêtises que nous faisions. On ne les injuriait pas ! On ne leur donnait pas des coups de couteaux à l'occasion ! les parents ne venaient pas à la rescousse pour défendre leurs rejetons !Bien au contraire ! Étions-nous parfaits ? Pas du tout...simplement, on nous avait appris que dans la vie si on a des droits, on a aussi quelques devoirs ....

                                           Pouvons-nous vraiment condamner un enseignant qui s'énerve un peu parfois ? Bien sûr, il devrait garder son sang-froid, mais pensons à notre état d'esprit lorsque certains jours nos enfants sont particulièrement horripilants (ça arrive). Est-ce que nous n'avons pas des petites démangeaisons au bout des doigts
    et très envie de sévir ! alors si, pour tout arranger, un de nos enfants nous traite de connard ou autre nom d'oiseau, personnellement je ne suis pas certaine de mes réactions, même si je suis beaucoup plus en faveur d'une punition que d'une gifle !

                                          Les enseignants ont peut-être eu des torts aussi en voulant trop faire "copain-copain" avec leurs élèves. Il faut savoir garder une certaine distance. Le tutoiement est peut-être bien, mais est-ce qu'il n'engendre pas trop l'irrespect ?  Je suis trop âgée pour être bon juge, mais je doute...Quels bénéfices tire-t-on de ces libertés, pour l'élève et pour l'enseignant ? Je ne critique pas, je me pose seulement quelques questions. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je suis vraiment d'un autre temps.

                                          Je vous souhaite Monsieur le Professeur de ne pas sortir trop meurtri de cette triste affaire. Vous avez un beau métier, il n'est pas facile. Mais il y a tout de même de bons enfants. Alors, gardons l'espoir...

                                          

                                         

                                         

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  •                                       Et voilà ! il m'a suffi d'un film regardé hier soir à la télévision (De guerre lasse), dans lequel cette phrase fatidique était prononcée par des soldats allemands, pour que me reviennent à l'esprit certaines peurs anciennes... "Papiers" prononcez "papirs"...Y avait-il s'il vous plaît qui suivait cet ordre ? a vrai dire, quand une telle injonction vous était faite de ce ton guttural...je ne me souviens plus si on s'arrêtait sur les formules de politesse ! Même avec la conscience tranquille, on tremblait...alors quand ce n'était pas le cas, il fallait "faire comme si" et obtempérer au plus vite ! mais sans laisser voir sa peur....

                                            Ces voix, ces bruits de bottes, le bruit des autos, ces arrêts intempestifs aux carrefours ou sur une route...Il fallait avoir le coeur solide pour supporter tout ça. L'occupant avait parfois des réflexes hyper-rapides qu'on ne pouvait prévoir et il était préférable de rester stoïque, même en cas de drame. Une de mes amies est arrivée à un lieu de rendez-vous que lui avait donné son mari résistant. C'était à Toulouse. Lorsqu'elle est arrivée, elle n'a pu que constater que son mari venait d'être abattu, presque sous ses yeux. Elle avait déjà deux enfants et attendait le troisième...Elle ne pouvait rien dire, rien faire, sauf à démanteler tout un réseau. Peut-on imaginer cette situation ?

                                             Combien de français et combien de gens dans le monde, ont vécu à cette époque avec la crainte d'un simple petit mot et d'un signe vous ordonnant de stopper si vous étiez à bicyclette ? Oui, nous avions peur et comme très souvent quand on a peur, on n'évalue pas le danger, poussé par une force invisible...J'ai connu ça et je me demande toujours comment j'ai fait ! On ne se connaît pas toujours soi-même...

                                              Les années ont passé, le monde change...Nos ennemis sont devenus nos amis. Certains parmi eux avaient beaucoup souffert aussi, et si on n'oublie pas tout à fait, la mémoire s'endort. Il suffit parfois d'un simple petit mot pour en réveiller une partie...C'est ce qui m'est arrivé hier...
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