Pour le plaisir...

                    Aujourd'hui, je suis très occupée ! J'installe ma crèche ! Depuis maintenant 8 ans, je me charge de ce travail ? non, de ce plaisir...Avant, mon mari "oeuvrait" pour le plaisir de tous...Nous avions de la place, il installait une très grande crèche avec de nombreux santons...Les temps ont changé, je n'ai plus qu'un petit appartement et non seulement la place me manque, mais aussi le courage pour entreprendre ! Mais il faut bien donner un petit air de fête de Noël à mon logis...Je ne saurais m'en passer.

                     Tout est donc prêt...les sujets sont sortis de la boîte où ils dormaient depuis bientôt un an et..."il n'y a plus qu'à"...(c'est ça le plus difficile). Il me faut trouver de la place pour chacun, je ne voudrais pas faire de jaloux ! Si le "ravi" de la crèche prenait la place du porteur d'eau, je risquerais d'avoir des histoires ! je vais donc essayer de les "caser tous" et de décorer ! Pour l'instant, je les ai tous déballés et ils sont posés...là où il y avait de la place ! Si mon mari voyait ça, lui qui prenait cette affaire tellement au sérieux !

                      Et pour avancer mon travail, je ne suis pas chez moi cet après-midi...je vais assister à un Loto de Noël et rencontrer du monde...Bon, on verra ce soir ...je vais peut-être récolter quelques idées qui me rendraient bien service ! C'est fou ce que je peux être occupée en ce moment...D'accord, je ne vais pas vite et ma main droite a encore des difficultés pour m'aider...Je fais donc avec (ou sans elle !). Mais quelle idée j'ai eue de vouloir changer cette crèche de place...je l'avais prise en photo l'année dernière et pensais remettre tout dans le même ordre...Mais les femmes sont changeantes, c'est bien connu !

                       Ce soir, tout sera terminé (il le faudra bien si je veux pouvoir me coucher !!!). Ce qui ne veut pas dire que je ne changerai pas un "petit quelque chose" dès demain !

                        Pour l'instant : Loto gagnant ou non, ce sera un bon après-midi !

                         A plus tard...

                      Dormir...mais veiller quand même..

              Bon ! Magitte n'est pas libre de faire ce qu'elle veut avec ses mains (surtout avec sa droite !) Entre nous, je trouve que c'était plus pratique pour moi ! quand j'avais mal à la patte, je passais un bon coup de langue dessus et hop ! on n'en parlait plus... D'accord, les humains et les chiens ne sont pas faits pareils !

               Puisque je suis de service, je vais vous raconter quelques souvenirs de ROBION puisque c'est là que j'ai vécu la plus grande partie de ma vie. J'aimais beaucoup être dans le jardin. J'avais une gentille voisine à côté qui s'appelait Perle et on se racontait des histoires au travers de la haie. Elle n'avait pas de chance elle, ses maîtres travaillaient et elle était seule toute la journée. Heureusement que j'étais là pour la distraire un peu. Un jour que le tonnerre faisait beaucoup de bruit et qu'elle avait peur, je ne sais pas comment elle s'est retrouvée dans notre jardin et de là dans la cuisine ! Elle a ouvert la porte toute seule et elle est venue se faire câliner chez nous ! Patou et Magitte l'ont gardée jusqu'au retour de ses maîtres.

                Ce que j'aimais à ROBION en dehors des périodes de vacances quand les petits-enfants arrivaient, c'était voir toutes les petites bêtes qu'il y avait dans le jardin ! Tout d'abord, des oiseaux de toutes sortes...ils étaient certains d'avoir leur nourriture...Et puis les lézards...j'aimais bien essayer de les attraper lorsqu'ils étaient cachés derrière les volets, mais mes maîtres ne voulaient pas que je leur fasse du mal...ils n'avaient pas compris que c'était juste pour jouer...Et les guêpes ! je les attrapais au vol et je les mangeais !

Dans la maison, on avait parfois la visite de bêtes que Magitte n'aimait pas du tout : des araignées, bien grassouillettes, bien noires...quelle horreur....elles venaient du jardin paraît-il....C'est fou ce qu'à la campagne il y a comme visiteurs dans les maisons...même des petites souris...il y en avait même une qui aimait la lecture...elle avait commencé à manger des livres sur une étagère ... Moi, je ne les aimais pas du tout ! ça vous file dans les pattes et ça vous fait peur, même quand on est un bon gros toutou !

                 Des souvenirs de ROBION, j'en ai plein la tête...J'allais me promener dans le Lubéron avec Patou et je pouvais faire le fou ! sans oublier la baignade dans le canal...

                 C'était le bon temps....

                                  Quand mon père chantait...

                      Et pas seulement mon père ! Tout le monde chantait, des chansons gaies, des chansons tristes, chansons des rues qui ne se "colportaient" que de cette façon, la TSF n'étant pas encore à la portée de tous, et la télévision pas encore née !

                      Cet air tiré de "Véronique" opérette à succès, et chanté par Yvonne Printemps notamment, cette dernière que je trouvais si belle et qui avait une si belle voix ! Elle n'avait alors qu'un défaut pour moi : mariée avec l'acteur Pierre Fresnay...Et celui-là, j'en étais secrètement amoureuse ! Pourquoi ? je ne sais pas, il n'était même pas beau ! les sentiments ne se commandent pas ! Je me contentais de collectionner ses photos puisqu'il "ne faisait même pas attention à moi" !!!

                       Revenons à cet air d'opérette et à toutes les opérettes de l'époque ! elles en avaient du succès, c'était beau, féerique, joyeux, entraînant...ça vous mettait l'âme en joie...Et comme je le disais plus haut, les chanteurs des rues, des cours, les rendaient publiques ! Tout le monde ne pouvait s'offrir une place au théâtre, mais écouter ces chanteurs, c'était possible ! Ils tendaient leur casquette où quelques sous tombaient...Et ils pouvaient même vous vendre les partitions contenant paroles et musique...Pour combien ? je ne me souviens plus, mais se faire ce petit cadeau n'était pas ruineux !

                       Lorsque j'entends ces airs très connus surtout jadis, il me semble entendre mon père et je me revois enfant....ce qui est bon pour mon moral ! C'était jadis et pourtant, c'était hier...

                       Combien je voudrais les voir revenir ces opérettes de jadis...Il existe peut-être des opérettes de l'époque actuelle, mais ce ne sont plus "les miennes"...Elles manquent peut-être un peu de spontanéité, de gaieté, de fraîcheur, en un mot de tout ce qui nous faisait rêver...

                    "Poilus" de 1914/1918...

                    Aujourd'hui 11 novembre, on parlera de vous...On se souviendra de toutes ces misères qui auront été les vôtres pendant quatre longues années, des années qui, pour la plupart de vous, auraient dû être celles de votre jeunesse...Comment avez-vous fait pour vivre sous les obus, dans les tranchées ? Vous n'étiez que des hommes qui se sont souvent surpassés...

                     Je me souviens de tout ce que nous racontait mon père...il voulait qu'on sache et qu'on comprenne ce qu'était une guerre, pour que ça ne se renouvelle pas ! Un peu raté non ? Mon frère et moi étions nés 3 et 4 ans après la fin de la guerre. Elle était encore dans toutes les conversations et les hommes que nous croisions dans la rue avaient encore bien souvent des marques indélébiles...Blessés de guerre...un bras ou une jambe en moins...ou des "gueules cassées"....Ou comme mon père, brûlés à l'intérieur par les gaz....Il n'y avait pas que les blessures apparentes, mais aussi les blessures morales...On ne vit pas cette vie pendant plusieurs mois ou années sans qu'il en reste quelque chose.

                       En 1931 je crois, mon père nous a emmenés "visiter" les champs de bataille. Cela nous avait marqués (trop peut-être...nous étions bien jeunes). VERDUN, DOUAUMONT, Le Chemin des Dames, les forts de VAUX, de la POMPELLE....Nous étions accompagnés d'amis de tranchées de mon père, ceux qu'il appelait "ses frères" et que j'ai toujours connus. Ils étaient de la famille...de cette grande famille des "anciens combattants".

                        Mon père éprouvait le besoin d'en parler de cette horreur, contrairement au père de mon mari, "blessé de guerre"..Il faisait son service militaire au moment de la déclaration de guerre, (3 ans dans la marine comme tout bon breton...)Il a donc totalisé 7 ans de guerre, en France, aux Dardanelles et...dans les hôpitaux. Il ne voulait pas en parler...sauf avec mon père ! Il voulait garder pour lui toutes ces images horribles...

                        Il n'y aura plus aucun "poilu" de la guerre de 1914 pour assister aux cérémonies du souvenir...Mon père aurait eu 115 ans le 8 novembre ! ..et il était un des plus jeunes à avoir été appelés...18 ans et 2 mois...Je crois que le dernier soldat est décédé l'année dernière....Mais ça n'empêchera pas de penser à tous et de réfléchir...

                         Une pensée pour tous....gars de tous pays...

                    Le Madon....

                    Ce matin, je pensais, entre autres, à mes grands-parents lorrains et aux bonnes vacances que nous passions jadis dans ce village d'Affracourt, tout petit village où ma mère était née, où elle s'était mariée avant de venir s'installer à Paris...quel changement pour elle !

                     Pour mon frère et moi, petits parisiens, c'était la liberté et en plus la certitude de nous faire gâter par ces grands-parents qui nous semblaient très âgés...alors qu'ils avaient chacun une quarantaine d'années ! C'est qu'à cette époque, les anciens...paraissaient anciens ! Ma grand-mère ? je l'ai toujours connue avec un petit chignon sur le dessus de la tête...et des vêtements sombres...mon grand-père avec un pantalon de velours et une veste qui portait un nom dont je ne me souviens plus...mais qui était noire également...Tous les gens du même âge dans le village avaient à peu près les mêmes tenues... Mais ce dont je me souviens le plus, c'est de l'amour qu'ils nous portaient...et que nous leur rendions bien ! Ils avaient été très sévères avec leurs deux filles (qui les vouvoyaient), mais il y avait un "régime spécial" pour nous ! D'abord, pas de vouvoiement....et que de gâteries ! grand-mère, très bonne cuisinière, se surpassait ! Elle en faisait des tartes, aux pommes, aux mirabelles, aux quetsches...Et puis, et puis...tout nous plaisait là-bas, il faut bien l'admettre ! Et grand-père, ébéniste, nous laissait "faire des meubles"...pas de style bien sûr, mais nous étions tellement fiers d'avoir le droit d'aller à l'atelier et de nous servir d'outils qui nous semblaient magiques.

                       Et nous aimions beaucoup aller à la pêche avec mon père (très mauvais pêcheur...mais l'essentiel était "d'aller à la pêche" dans ce petit cours d'eau qui passait à 1 km environ de la maison, à Haroué...Ce n'était pas un grand fleuve, mais il faisait tellement bon le long de ses rives. Le Madon ? Pour nous, c'était le Paradis des autres pêcheurs surtout ! Mon père faisait bien des efforts, mais le poisson l'ignorait...Alors, avant de revenir chez mes grands-parents, mes parents achetaient de la friture aux pêcheurs plus chanceux ? ou plus experts ! et, suivait cette recommandation "Il ne faudra pas le dire à grand-mère"...Ben voyons ! elle admirait tellement son gendre ! Oui, mais voilà, j'étais un peu bavarde...et je racontais tout ! On m'avait appris à être franche ! Quand je repense à cette période de ma petite enfance et à mes grands-parents, il me semble qu'une bouffée de tendresse (et un peu de nostalgie) m'envahit...

Le Madon près d'Haroué

                                                    

                                                              Journée du souvenir.......