•                     C'était il y a déjà longtemps....

     

                        Pour une fois, je ne raconte pas un souvenir "personnel", puisqu'il date du tout début du vingtième siècle....! Alors non, bien qu'âgée, je n'ai pas connu ce temps... Il s'agit d'un souvenir que ma mère, née en 1900, me racontait et qui datait "d'avant la guerre de 1914"...

     

                        En 1886, étaient apparues les premières voitures automobiles, mais elles ne s'étaient pas généralisées, surtout pas dans le petit village d'AFFRACOURT en Lorraine, où ma mère était née et avait vécu jusqu'à son mariage en 1920...Lorsqu'elle était enfant, elle était un peu la préférée de son grand-père, homme de grande allure mais volontaire et qu'elle adorait en l'admirant...C'est qu'il n'avait pas toujours vécu à la campagne, lui...Fils d'instituteur, il avait fait 7 ans de service militaire, en qualité d'ordonnance d'un officier et en avait gardé une façon de vivre peu courante pour un homme de sa condition ! par exemple, il n'allait jamais dans les champs sans du linge bien repassé ! Il portait les mêmes vêtements que tout le monde, mais il fallait qu'il n'y ait aucun faux pli...c'était sa petite coquetterie ! Et il était un peu intrépide ce qui n'était pas pour déplaire à se petite-fille à laquelle il avait transmis ses qualités et ses défauts !

     

                         Il aimait beaucoup les orages et ne repartait des champs, accompagné de ma mère bien entendu, que lorsque l'orage était bien présent au-dessus de leur tête...et ça, ma mère n'aimait pas du tout...elle avait très peur...Elle avait vu un jour une habitante d'AFFRACOURT être foudroyée à quelques dizaines de mètres d'eux après avoir cherché refuge sous un arbre. Il ne lui en fallait pas tant pour avoir peur du moindre orage et dire au grand-père qu'il était imprudent !

     

                          Un jour qu'ils étaient partis tous les deux dans la campagne, ma grand-mère voit revenir sa fille en courant après avoir abandonné le grand-père...Tremblante et le coeur battant, ma mère criait : "nous avons rencontré une voiture sans chevaux, elle roulait toute seule, et grand-père ne voulait pas rentrer à la maison "... Pour ma mère, cette voiture arrivait au moins tout droit de l'enfer ! Elle n'avait jamais vu ça, ne se l'imaginait même pas...Et que faisait-elle à AFFRACOURT, ce petit village d'une centaine d'âmes ? Il y a de quoi troubler une enfant de 10 ans !

     

                           C'était le progrès, l'ère de la voiture automobile qui commençait... Il aura fallu des années (et peut-être même aussi la guerre de 1914/1918) pour la généraliser...Ma mère qui racontait volontiers son étonnement et son effroi à la vue de cette première voiture "sans chevaux", s'y était très bien habituée....Jusqu'à sa mort en 1987, son plus grand plaisir était une promenade en voiture, même si elle ne descendait pas de celle-ci ! Rouler, encore rouler....

     

                            Et maintenant ? De plus en plus de voitures sans chevaux...Mais la mode fait qu'il est de bon ton de passer ses vacances en louant une voiture tirée par de bons gros chevaux...J'ai vu ça à la télévision ces jours derniers...Eternel recommencement...

     

                           

     


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  •                     Encore un souvenir...

     

                         Mais qu'est-ce qui me pousse à me souvenir de tout ça ces jours-ci ? Nous ne sommes plus en temps de guerre, nous n'avons plus de restrictions, nous pouvons sucrer, saler, poivrer, assaisonner tous nos aliments sans nous inquiéter de tickets à découper....Je résume...et j'en viens à ce sujet "du jour" ! le sel des années quarante ! Je le revois celui-là, aussi peu appétissant que possible, gros, humide et gris comme un ciel d'orage... Il devait être contingenté car ma mère salait très peu , à moins que le trouvant peu "ragoûtant" elle en mette le moins possible dans la nourriture ?Mais ce sel qu'on nous vendait, était-il vraiment du sel ? C'était l'époque de l'ersatz...de café, d'huile, de beurre, de poisson, de sucre, de tissus....Ersatz pour tout !

     

                          Pour en revenir à ce sel que nous achetions avec ou sans tickets, pas question d'en exiger du fin..le sel de table ? vous n'y pensez pas ! Nous n'en étions plus là ! Quand il avait bien cuit dans la soupe ou les rutabagas...il pouvait encore faire illusion ! Mais quand on se contentait de "rajouter" un peu de sel dans la soupe ou autre préparation, au dernier moment, parce qu'on avait trouvé que la cuisinière avait eu la main trop légère, oh là là !
                          C'était la catastrophe (souvenir personnel), votre estomac se refusait absolument au chemin direct des aliments...Écoeures nous étions ! Des spasmes vous remontaient de l'estomac et vous enlevaient toute envie de continuer votre repas...si vous voyez ce que je veux dire ? ... Nous aurions dû y être habitués, mais là, rien à faire ! il était préférable de manger peu salé...De toute façon, c'est meilleur pour la santé !

     

                           "Le sel de la vie"...Ben, il était pas beau ce sel, mais il est arrivé à me donner des idées pour vous transmettre mes vieux souvenirs ! A bien y réfléchir, nous manquions quand même d'un peu de tout ! Non ?

     

                      

     

                         

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  •                     Des recettes de cuisine...de guerre !

     

                        Fraises, cerises, framboises et autres fruits d'été ont fait leur apparition sur les marchés (ou les supermarchés)...De là à me faire souvenir d'une recette de confitures "spéciale période de restrictions"...il n'y a qu'un pas !

     

                        C'était donc pendant l'occupation, période restrictive s'il en fut ! Seules les idées pour essayer de faire au mieux, n'étaient pas restrictives et chacun sait que dans tout français, il y a un "débrouillard" qui sommeille ! Et les françaises, elles qui devaient nourrir leur nichée en essayant que le tout soit mangeable (!) ont fait preuve de beaucoup d'imagination, de petits trucs qu'elles se repassaient de l'une à l'autre...C'est ainsi que ma mère, ne voulant pas laisser perdre les fraises qui poussaient dans notre jardin, avait décidé d'en faire de la confiture...pour l'hiver...Très bon la confiture de fraises, mais comme toutes les confitures, ça demande beaucoup de sucre et là était le gros problème ! du sucre, nous n'en "touchions" que des portions congrues...Pour les confitures, c'était loin d'être suffisant ! Alors, un bon tuyau circulait...Pour permettre à la confiture de se garder malgré le peu de sucre qu'on ajoutait aux fraises, il suffisait d'y ajouter du "salicylate"...C'était peut-être un peu chimique mais ça ne dénaturait pas le goût...Etant donné tout ce qu'on mangeait comme trucs invraisemblables, il ne s'agissait pas de faire les difficiles . Ma mère prépare donc ses confitures...bel aspect, pas trop sucrées (!)...et elle met le tout en pots bien remplis comme elle faisait jadis...Et nous voilà contentes, notre hiver ne s'annonçait pas trop mal côté dessert ou petit-déjeuner...

     

                          Oui mais...dans les meilleures recettes, il y a toujours un mais....Et là, il était de taille (si on peut dire !). Pas d'enfants à la maison pour aller chiper les confitures, mais n'empêche que les confitures diminuaient dans les pots. Au bout de trois semaines de fabrication, il n'en restaient qu'environ 1/3 par pot...Réaction chimique ? réaction des fraises qui ne voulaient pas être traitées avec n'importe quel produit de conservation ? Allez savoir ! Et si je me souviens bien, la couleur n'était pas terrible ! Du bout des lèvres, nous les avons consommées sans attendre l'hiver...Elles n'étaient pas empoisonnées puisque...je suis toujours là...Mais quand même, c'était un peu raté et gâché...

     

                            C'était un souvenir de guerre....

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  •                     Que de choses nous semblent bizarres...

     

                         Ah ! cette fameuse réplique de Louis Jouvet dans le film "Drôle de drame"..On peut dire qu'elle "a fait mouche" et qu'elle est entrée à tout jamais dans les expressions françaises... Je revois la scène : Louis JOUVET à table avec Michel SIMON...deux monstres sacrés du cinéma d'avant-guerre...Quel régal ! et pour moi, ce film avait un peu le goût du fruit défendu, puisqu'avec une amie, nous avions "séché" un cours de droit pour aller le voir...C'était en 1939, cinéma Le Champo, rue Soufflot à PARIS. Je m'en souviens donc doublement ! Si mon père avait su ça !!! "Pensez voir" comme aurait dit ma bonne grand-mère lorraine, deux jeunes filles seules au cinéma à PARIS (ailleurs, il n'y aurait eu aucune différence !). Et sécher un cours...à quelques semaines des examens....J'en rougis à retardement !

     

                          Il m'en est resté cette exclamation "bizarre, vous avez dit bizarre...comme c'est bizarre !". Nous la ressortions à tout bout de champ...Rien que d'y penser, j'entends les deux acteurs dont les voix respectives, bien particulières, attiraient déjà les foules ! Et moi, j'avais secoué le joug à une époque "où ça ne se faisait pas" ! Etais-je en rébellion ? Non, pas du tout, je n'avais tout simplement voulu suivre que mon désir, sans penser aux conséquences qui pourraient en résulter !

     

                           Bizarre...curieux, insolite, saugrenu..qui est étrange, anormal...Voici quelques définitions que je viens de relever parmi bien d'autres dans le dictionnaire...Ne trouvez-vous pas que la vie est bizarre depuis quelque temps, le monde est étrange, nous "marchons sur la tête" ! ça c'est vraiment bizarre...mais nous continuons de marcher sur notre lancée, à croire que cette position nous est familière et surtout pratique pour avancer...J'ai entendu aux actualités qu'au nom de la famille, le mariage homosexuel serait vraisemblablement autorisé en 2013. C'était au nom de cette même famille qu'il n'était pas autorisé...Alors, on ne sait plus...il paraît que cela fait partie des progrès, comme tant d'autres choses interdites jadis et qui sont acceptées maintenant. On brûle ce qu'on a adoré et on adore ce qui était répréhensible...

     

                             "Bizarre...comme c'est bizarre..."


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  •                     Un luxe jadis !

     

                         Décidément, il faut peu de choses pour que mon esprit s'évade et rejoigne l'ancien temps ! Une goutte d'eau qui s'écoule de mon chauffe-bains...et hop ! c'est reparti !

     

                         Pourquoi me suis-je souvenue tout à coup de ce premier chauffe-eau que nous avions vu arriver chez mes parents ? Nous habitions JUVISY depuis 1927 et le seul point d'eau qu'il y avait dans ce joli pavillon était...une pompe dans le jardin ! L'eau n'y était pas potable et pour celle-ci, il fallait aller à une fontaine qui se trouvait 100 mètres plus loin environ ! Et puis, dans les années 1930-1931-1932 (?) des travaux ont été faits dans notre rue et l'eau a été installée dans toutes les maisons ! Quel progrès, quelle joie ! Mon père a décidé aussitôt de faire installer l'eau sur l'évier et d'y avoir de l'eau chaude par un chauffe-eau fonctionnant au gaz si je me souviens bien...C'était le grand luxe pour ma mère et pour mon frère et moi aussi et la réalisation d'un rêve pour mon père !

     

                          Je le revois ce chauffe-eau qui s'appelait "La Fontaine ardente". Son constructeur ? les Ets Chaffoteaux et Maury je crois . Oh, il ne desservait que l'évier, mais pour ma mère, quel travail en moins...Elle pouvait faire la vaisselle sans mettre de l'eau à chauffer dans une bassine posée en permanence sur la cuisinière, elle pouvait laver du petit linge sans aller se "geler" dans le jardin près de la pompe ! Et pour la toilette, c'était quand même plus facile aussi ! Il était bien beau notre pavillon, mais construit dans la deuxième moitié du 19ème siècle ! Il était confortable, mais...c'était le confort de l'époque !

     

                           Quelques années plus tard, en 1935, nous avons quitté cette maison pour une nouvellement construite, à quelques dizaines de mètres de l'ancienne. Et là....eau froide, eau chaude étaient bien présentes...Mais nous étions à peu près les seuls dans le quartier à bénéficier des progrès qui pointaient déjà le bout de leur nez !

     

                            C'était ça la vie de l'ancien temps et nous étions heureux...Est-ce que les jeunes se rendent bien compte que tout n'a pas toujours été comme maintenant ? Et pourtant...le leur raconter n'est pas faire de misérabilisme...

     

                             Bon, ce n'est pas le tout...si mon chauffe-eau continue à perdre les eaux, il faudra que je m'en occupe (plus exactement que j'appelle du "secours" ! Je ne suis pas douée pour le bricolage !

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