•                      Celle de mon enfance...

     

                         Comme elle me semblait douce cette France que, dès mon plus jeune âge, on m'avait apprise à aimer et à respecter...Mon père s'était battu pour elle, dans les tranchées...Ma mère, Lorraine, avait eu peur de la perdre, sa région étant revendiquée par nos voisins allemands...

     

                         Et notre vie était calme...Chez nous, nous avions la chance de ne manquer de rien, sans être riches pour autant. Nous "faisions attention" comme disait ma mère ! Pas de dépenses inconsidérées, mais nous avions le nécessaire, une grande maison, un grand jardin...Bien de mes camarades de classe n'avaient pas ça, mais elles étaient heureuses aussi, comme moi. Et puis, le principal, nos mamans ne "travaillaient pas au dehors" suivant la formule de l'époque. Mais que de travail à la maison...Qu'importe pour elles, elles étaient si contentes de se dévouer pour mari et enfants...Bien souvent (même chez moi dans notre grande maison) il n'y avait pas de confort, pas d'eau potable...Il y en avait à une pompe dans le jardin, mais pas potable, celle-ci devant aller se chercher au moyen de brocs à une fontaine située à environ 200 mètres de la maison. Pas de télévision (!) pas de radio (TSF jadis)... Mais la chaleur du foyer compensait toutes ces choses auxquelles on ne pensait même pas.

     

                           Le dimanche, sortie en famille ou bien nous "avions du monde"...Nous étions en banlieue et pour les parisiens, c'était un peu la campagne ! Alors, mes parents invitaient famille ou amis...

     

                            Nous allions bien entendu à l'école où tout se passait bien...Pas d'agression d'élèves ou de maîtres...Ces derniers étaient respectés et aimés des élèves. Combien de gens de ma génération leur doivent tout ! Instruction, éducation (cette dernière ayant débuté à la maison dès la petite enfance)...Oh, nos parents étaient sévères, mais comme ils disaient "c'était pour notre bien"! Et c'est exact ! On nous a forgés, guidés...

     

                             Et puis, vers 1933, des nuages ont commencé à circuler au-dessus de nos têtes. On parlait de guerre....Les plus vieux y croyaient, les plus jeunes doutaient et "faisaient comme si..." Tout à coup, nous les jeunes avions vieilli...L'enfance était terminée, notre adolescence était moins joyeuse...Nos hommes politiques racontaient que nous étions les plus forts...mensonges...mensonges...Mon père ne décolérait pas....Et 1940 est arrivé....

     

                              Alors, nous avons voulu qu'elle vive cette France de mon enfance...cela a duré 5 ans...Puis la paix est revenue, paix bien fragile dans le monde...les progrès sont arrivés, trop vite peut-être ? On s'habitue très vite aux bonnes choses...

     

                               Et maintenant ?

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  •                    

                        A pleines voix !...

     

                        Pourquoi m'est-elle revenue à l'esprit cette chanson de Pierre Dac, qui fut chantée à pleines voix vers la fin de l'année 1943, à l'époque de la bataille de Stalingrad, quand les soucis des allemands ont commencé à voir le jour ? Les troupes avançaient, reculaient...et pendant ce temps, Pierre Dac avait fait cette chanson depuis Londres où il se trouvait avec les Forces Françaises Libres... Cette "Défense élastique" avait été lancée par la voie des ondes "Radio Londres" que nous arrivions tant bien que mal à capter...Et comme une "traînée de poudre", elle fut reprise par notre pays occupé ! Dire que les allemands appréciaient serait mentir, leur moral baissait pendant que le nôtre prenait de la hauteur !

     

                        C'est extraordinaire ce qu'une simple chanson pouvait avoir comme pouvoirs ! Et la radio anglaise nous aidait bien...

     

                        Ce qui prouve que cette période de la guerre, période on ne peut plus horrible, nous a quand même laissé quelques bons souvenirs ...

     

                        Pierre Dac a fait bien d'autres chansons pendant son séjour en Angleterre, mais c'est celle-là qui, tout à coup, a refait surface. C'était celle qui annonçait un changement dans le cours des opérations...Une de celles qui confortait notre espoir ! et qui "titillait" les troupes d'occupation...Rien que pour ça, il nous fallait la chanter !

     

                         Que de souvenirs dans ma petite tête !

     

                        

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  •                     En cette période de vendanges...

     

                       Me voici encore repartie dans mes souvenirs d'enfance, alors que nous allions en vacances chez mes grands-parents en Lorraine et que nous assistions aux vendanges...Comme j'aimais cette période  et l'ambiance créée par les vendangeurs et mes grands-parents, le soir après le travail...Il y avait déjà un bon repas préparé par ma grand-mère, puis venait la veillée...Et ce n'était pas triste ! Chacun y allait de son petit talent de conteur ou de chanteur, et la fatigue était oubliée pour un temps !

     

                        La vigne n'était pas grande et les vendanges duraient...peut-être deux jours ? je ne me souviens plus très bien, c'est si loin ! Je me souviens de cette immense cuve, le pressoir sans doute, qui se trouvait dans une des granges et dans laquelle chaque vendangeur vidait sa hotte...Elle me posait un gros problème cette cuve depuis que mon grand-père m'avait dit qui pressait le raisin et surtout comment...Je venais de lui faire remarquer qu'un des hommes qui aidaient...n'avait pas les pieds très propres...les enfants voient tout ! Et grand-père m'avait répondu le plus sérieusement du monde : "Mais c'est exprès..C'est lui qui va aller dans la cuve et il presse le raisin avec ses pieds...comme ça, ils sont lavés" ! Et je le croyais ! ce qui explique que je n'aurais pas bu une seule goutte de vin, même si ma vie en avait dépendu !... Mon frère m'avait bien dit que j'étais bête, mais .... J'étais crédule...mon frère, mon mari et mes enfants plus tard, me disaient que c'était un plaisir de me raconter des histoires, que je "gobais" tout !

     

                          Ce petit vin gris, j'en ai bu en 1945, lorsque nous nous sommes rendus en Lorraine pour vendre la maison de mes grands-parents....Quel traître ! agréable à boire, il m'avait rendue "pompette" et euphorique ! A ma décharge, il faut reconnaître que j'étais émue de retrouver là-bas tant de souvenirs d'enfance ....

     

                          La ronde des souvenirs...quel beau titre !

     

                         

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  •                     1er octobre....

     

                         Je crois la sentir encore cette odeur de cire avec laquelle nous avions astiqué cartable et trousse de l'année précédente afin de leur redonner un petit air de "neuf" ! Année précédente ? non, "années précédentes"... C'est que d'une année sur l'autre, tout devait resservir ou presque ! Il faut dire que nos accessoires principaux étaient en bon cuir, solide...Une poignée du cartable avait-elle des envies d'évasion ? Le cordonnier était là pour réparer et recoudre !  Pour la trousse, si elle avait droit à un "ravalement" extérieur, son intérieur était complètement revu et...corrigé ! Du crayon d'ardoise à la gomme encre/crayon, du crayon de papier aux crayons de couleurs en passant par les porte-plumes, tout, tout, tout était remplacé...Nous n'allions tout de même pas entamer une année nouvelle avec des crayons sur lesquels on s'était un peu fait les dents ou qui avaient diminué de moitié à force d'être taillés ! Non, tout était à l'état neuf...

     

                         Et nos tabliers (noirs pour les filles, blouses grises pour les garçons), étaient neufs aussi, achetés en magasin ou cousus par les mamans...Ce qui importait, c'était la couleur uniforme...Pas de marques, pas de mode ou si peu...La seule différence acceptée était la qualité du tissu et/ou la forme du tablier...

     

                         Fins prêts le 1er octobre (ou le 2 ou 3) garçons et filles partaient pour l'école (pas la même), le coeur un peu serré à l'idée de changer de classe, changer de maître ou maîtresse et souvent de quelques camarades...Il y avait les nouveaux et les nouvelles, et ceux et celles qui redoublaient .... Arrivés dans la classe, nous écoutions les directives des instituteurs et institutrices qui nous faisaient ainsi un premier cours de morale ! Puis, moment tant attendu : distribution des livres, des cahiers (du jour, du soir, de composition, de rédaction...), et aussi pour ceux ou celles dont les parents n'avaient pu en acheter, distribution de porte-plumes, plumes, crayons, gomme, ardoise, crayon d'ardoise.....enfin de quoi garnir les trousses un peu vides pour certains. C'est que les parents n'étaient pas trop fortunés pour certains.

     

                          Et le soir, à la maison, séance de protection des livres ! Il fallait les couvrir de papier bleu, beige, rouge, vert...et apposer dessus une étiquette portant vos nom, prénom, classe dans laquelle vous étiez... C'était un vrai travail pour lequel les parents aidaient beaucoup en principe !

     

                          Et voilà ! nous étions "en piste" pour dix mois, avec quelques interruptions pour vacances à Noël, à Pâques et uniquement quelques jours à la Pentecôte....

     

                          Tout ce récit concerne l'école primaire. Ensuite, peu de différences si ce n'est les fournitures scolaires entièrement à la charge des parents, livres compris ! Pas d'allocation de rentrée scolaire. Chacun avait son "truc" pour essayer de payer moins cher...

     

                          C'était un peu de mon passé....

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  •                     Racontes-nous...

     

                        Bonne question ! Comment c'était avant...J'ai souvent envie de raconter ma vie de petite fille, puis d'adolescente, puis de jeune maman, à l'intention de mes arrières-petits-enfants ... J'ai déjà écrit sur ce blog, puis j'ai même eu l'audace de faire éditer un livre concernant mes souvenirs de cette période de guerre qui me revient souvent à l'esprit.

     

                         Mais, je crois qu'il serait bon que les enfants "de maintenant" sachent comment nous vivions à leur âge...Non pas pour faire du misérabilisme car nous n'étions pas malheureux; simplement, nous vivions autrement, avec les moyens techniques mis à notre disposition et à celle de nos parents !

     

                         Une année, j'avais dit à l'aînée de mes arrières-petites-filles que lorsque j'étais jeune, les progrès n'étaient pas encore arrivés et que les machines à laver, aspirateurs etc...n'existaient pas et que tout le monde n'avait pas de voiture. C'est cela qu'elle a retenu puisqu'elle a dit à sa maman "Tu te rends compte maman, quand Magitte était petite, "ils" n'avaient même pas de voiture" ! A croire que la voiture a été la chose la plus importante, le plus grand bonheur pour les générations de mon temps ! Bien que mon père ait eu une voiture alors que j'atteignais 8 ou 9 ans, celle-ci n'était pas à ma disposition, surtout pour m'éviter toute peine même légère ! Elle servait à mon père et à nous promener le dimanche...(c'était déjà beaucoup) et cela nous rendait très heureux.

     

                           Pour tout le reste, nous n'étions pas envieux, puisque nous ne connaissions pas ! et on se contentait de ce qu'on avait. Mon frère et moi avions la chance d'être gâtés pour l'époque, mais pas outrageusement .    C'était ainsi, et nous acceptions....Nous étions éduqués dès notre petite enfance, à la maison et à l'école...ce qui ne faisait pas de nous obligatoirement des petits robots, chacun avait son caractère...mais il y avait ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas !

     

                           J'aurais trop de choses à raconter...Tiens, une bonne idée, si on m'en laisse le temps, un petit memento pourrait voir le jour...J'aurais déjà au moins sept lecteurs, puisque j'ai sept arrières-petits-enfants ! Je vois leur tête d'ici en lisant "tout ce que nous n'avions pas" et qui leur semble indispensable !

     

                          

     

                        

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