• Sur les routes de France...mai/juin 1940...(suite)

     

     

     

                              "Que diable étions-nous allés faire dans cette galère " !.....

                       Nous voici donc partis de très bonne heure le matin, chacun se demandant ce qu’il trouverait au retour, si toutefois il y avait un retour. Nous étions installés dans le camion, assis sur les caisses de munitions et subissant les mitraillages des avions allemands et italiens, descendant en piqué sur les files de réfugiés…Etait-ce vraiment nécessaire ? Je ne le pense pas… Au bord des routes, les gens hurlaient, il y avait des blessés, des morts…Le film « Jeux Interdits » est criant de vérité à ce sujet. Des gens erraient à la recherche d’un des leurs perdu dans la foule des réfugiés et dans cet enchevêtrement de piétons, de cyclistes poussant des vélos surchargés, de voitures qu’il fallait pousser et qui transportaient meubles, matelas et tous objets que les gens voulaient sauver … Beaucoup de voitures étaient abandonnées dans les fossés ou au bord des routes, soit par manque d’essence, soit par suite de pannes…On croisait des soldats qui avaient perdu régiments et officiers et qui ne savaient où aller….Inimaginable … Le camion essayant de se frayer un chemin, roulait peut-être à 15 kms/heure, et encore …Il fallait s’arrêter pour se mettre à l’abri dans les fossés, lorsque nous étions mitraillés.


                         Le but de nos « chauffeurs » était de passer la Loire à GIEN où se trouvait un des rares ponts restés encore debout, l’armée française faisant sauter les ponts sur la Loire pour que les allemands ne franchissent pas le fleuve. Malheureusement, quand nous sommes arrivés à GIEN, au milieu de la nuit, la ville brûlait après un bombardement. Je garderai ce spectacle en mémoire aussi longtemps que je vivrai. Le pont était impraticable et nous sommesrepartis vers SULLY-sur-LOIRE où nous avons pu enfin traverser…Comment ? Je n’en sais plus rien, tout ceci était effrayant et tellement confus.


                         Je ne sais combien de temps s’était écoulé depuis notre départ. Plusieurs jours, mais combien ? Nous avions tous perdu la notion du temps. Nous mangions peu et dormions encore moins…Nous n’en pouvions plus, et toujours ces avions qui nous mitraillaient pour prouver quoi ? La France était exangue…c’était l’enfer…Faire sa toilette ? Ce n’était plus qu’un souvenir…


                         A VIERZON il nous a fallu « abandonner le navire ». Notre camion n’allait pas plus loin. Plus d’essence, plus de ravitaillement. Les allemands étaient là ! Quel jour étions- nous ? Combien de jours s’étaient écoulés ? Les habitants de Vierzon ont été très accueillants  et nous avons pu être recueillis par des gens charmants…qui nous donnaient des légumes de  leur jardin et avaient mis plusieurs pièces à notre disposition. Nous avons repris un semblant de vie, toujours inquiets pour ceux dont nous étions sans nouvelles…Notre logeur est venu un journ nous dire que le Maréchal PETAIN avait demandé l’armistice…Cet homme, ancien combattant de la grande Guerre, pleurait et nous étions tous consternés…Il y avait plus d’un million de prisonniers, des morts civils et militaires…Quel allait être notre avenir ?

                           Dans l'immédiat, il nous fallait rentrer chez nous et surtout avoir des nouvelles des nôtres dispersés sur les routes. Après bien des formalités pour avoir les papiers nécessaires à l'obtention de toutes les autorisations nécessaires auprès des autorités françaises et allemandes puisque nous étions occupés, nous avons pu trouver une voiture avec un chauffeur qui a accepté de nous ramener, ma tante, mes cousins et moi à VENEUX où nous avons retrouvé la maison intacte ! Petit à petit, nous avons eu des nouvelles de nos absents, sauf de mon frère qui avait été tué le 9 juin...mais ça nous ne l'avons appris que deux ans plus tard.


                           Ainsi finissait cette "guerre-éclair", ainsi finissait pour un temps notre liberté... 

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 29 Mai 2009 à 13:40
    Il y aurait beaucoup à dire sur cette période; j'espère qu'un jour les historiens s'en chargeront....il y a toujours des lâches....Pas de cellules psychologiques à l'époque en effet. Nous avons gardé tout ça pour nous (ce qui explique que je me défoule maintenant !)
    2
    morsli
    Mardi 11 Mars 2014 à 21:11
    On ne peut avoir aucun respect pour les aviateurs criminels qui "chassaient" les réfugiés : pour moi ces gens sont des criminels de guerre, un point c'est tout.J'espère que beaucoup d'entre eux n'ont pu voir la fin de la guerre.Quelle honte.Malheur aux vaincus avait dit le chef gaulois aux romains vaincus.C'est malheureusement ce qui s'est passé pour les français.Bonne fin de semaine(si ça s'était produit à notre époque Geneviève, on aurait mis en place des milliers de cellules psychologiques pour les réfugiés, mais à l'époque ça n'existait pas).
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