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                                           Quand St Cyr était en région parisienne -

                                           C'était au mois de Juillet 1939 - Une amie dont le beau-frère je crois était Saint-Cyrien, m'avait donné une invitation pour assister à cette grande fête des Saints-Cyriens qu'est Le Triomphe. Je ne savais pas trop ce que c'était, si ce n'est qu'il s'agissait de fêter la promotion 1938-1939.  Nous voici donc parties toutes les deux à St Cyr l'Ecole (près de Versailles), par le train. C'était un peu une expédition puisque nous venions de la gare de Juvisy. Mais bon, à cette époque où tout le monde n'avait pas de voiture, un voyage en train ne nous faisait pas peur ! Et nous étions jeunes ! ça aide bien....

                                            Tout d'abord, j'ai été éblouie de voir tous ces jeunes si bien habillés...et j'ai trouvé leur uniforme bien joli...surtout le shako avec ce plumet rouge et blanc ! que voulez-vous une fille de 16 ans s'arrête à ces détails ! (ce qui m'a d'ailleurs fait dire à mon frère qui préparait Polytechnique :" tu ferais mieux de faire St Cyr, leur coiffure est bien plus jolie que le bicorne ! "Il a trouvé que c'était bien une idée de fille !). Et en voyant la tenue des Sts Cyriens, je n'étais encore qu'au début de mes émotions !... Le temps était magnifique et la fête se déroulait dans les grands espaces de cette Ecole prestigieuse. Il y avait des stands installés, des élèves vendaient un petit journal rédigé et édité par l'ensemble... C'était une immense kermesse où régnaient joie et bonne humeur. 

                                            Et puis, nous sommes avisés qu'allait avoir lieu le baptême de la promotion. Nous nous rassemblons donc dans une grande cour où étaient réunis les jeunes de cette promotion et leurs aînés...Combien étaient-ils ? Je ne m'en souviens plus. Mais assez nombreux je crois. Un Officier Supérieur prend la parole et explique que cette promotion va s'appeler la promotion de "LA PLUS GRANDE FRANCE". Et le baptême a lieu...Je m'en souviendrai jusqu'à mes derniers instants, tant c'est émouvant. Quand j'ai entendu cet ordre donné d'une voix forte : "A genoux les hommes", que j'ai vu tous ces jeunes se mettre un genou en terre, tête baissée et qu'un peu plus tard un autre ordre est venu "Debout les Officiers", j'avais le coeur tellement serré que j'avais les larmes aux yeux. Je crois me souvenir qu'on leur touchait l'épaule avec une épée avant qu'ils se remettent debout. Je n'en sais plus rien, j'étais malade d'émotion ! Leur a-t-on remis une épaulette ? oui je crois, mais...j'étais trop troublée ! C'est une cérémonie absolument poignante et il faut bien l'admettre, j'étais un peu "cocardière" et les cérémonies militaires me touchaient énormément ! Et l'été 1939 nous mettait déjà , à beaucoup d'entre nous, un peu les nerfs à vif !

                                             J'ai repensé bien souvent à cette cérémonie...Que sont devenus ces jeunes officiers entrés si vite dans la guerre ? Le beau-frère de mon amie a été tué en Mai 1940, comme tant d'autres.

                                              Et l'Ecole ? Détruite pendant cette guerre, elle se trouve maintenant en Bretagne...

                                              Et moi, j'ai toujours la vision de ces hommes humblement à genoux, prets à devenir des Officiers...Quelle journée ce fut !

                                             

                                            
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  •                                       L'oeuf à la coque -

                                          Alors qu'hier soir j'avais mangé sans plaisir un oeuf à la coque, j'ai trouvé ce matin un mail d'une amie qui était allée se promener sur mon blog hier et me faisait ses commentaires sur les souvenirs que ça lui rappelait...Aucun rapport me direz-vous ? mais si, car elle m'écrivait qu'elle se souvenait de petites choses simples qui à l'époque nous semblaient tellement agréables, en ajoutant "Vous souvenez-vous des oeufs à la coque, comme c'était bon" ! C'était donc d'actualité....Et comme toujours, je me souviens...

                                           Un oeuf à la coque...c'était un plaisir, une récompense...Ce petit chapeau qu'il fallait enlever à l'oeuf pour pouvoir tremper des "mouillettes" de pain dedans. Et le goût de cet oeuf qui provenait de poules bien nourries sans aucun produit chimique dans leur nourriture ! Un délice ! Si le mien hier soir était joli à regarder, il était absolument insipide. J'ai mangé par obligation et pas du tout par plaisir.

                                           Perdons-nous le goût des bonnes choses ? Nos produits actuels sont tellement contrôlés, aseptisés, javellisés (pas encore je crois en France..mais ça viendra), pesés (ils doivent faire tant de grammes) etc...qu'ils ne sont plus naturels. Ils sont fabriqués et perdent tout leur charme. L'oeuf n'est qu'un tout petit exemple parmi tant d'autres ! Je sais bien que le nombre d'habitants ne cesse de croître, mais est-ce une raison suffisante pour tout gâcher ? Bien sûr, il y a le profit, et ça, ça ne pardonne pas !

                                            Ce que nous mangions jadis était bon...Qui se souvient de la bonne odeur d'une soupe ou d'un ragoût qui "mijotait" sur le coin de la cuisinière...Quand je rentrais de l'école et que ma mère avait mis à cuire ...des lentilles...je ne contenais plus ma joie (c'était une des rares choses que j'aimais) ! Ces plats familiaux vous donnaient vraiment envie de vous mettre à table...Moi, pour des lentilles, j'aurais volontiers vendu mon droit d'aînesse (ça c'est déjà fait !), mais, pas de chance, j'étais la cadette. Les tartes qui cuisaient, les gratins, tous ces mets "faits maison"... Ah ! oui, les souvenirs de cuisine sont tenaces !

                                            Je ne critique rien, c'est la vie qui a changé avec les progrès...Toujours plus, toujours plus vite...Comme tout le monde, je profite avec bonheur des autocuiseurs et autres fours à micro-ondes, des pâtes à tarte déjà pré-étalées ! ça économise du temps et de la fatigue ! Et les légumes surgelés ! quelle belle invention ! Même si la saveur n'est plus la même.... Mais il faut bien reconnaître que nos mères, qui très souvent ne travaillaient pas à l'extérieur, faisaient une cuisine beaucoup plus goûteuse . On ne peut tout avoir....Alors je repense avec délice à cette époque lointaine de mes vacances en Lorraine et du goût des tartes aux mirabelles, aux quetches, des quiches que ma grand-mère faisait dans un vieux four à pain. L'odeur de toutes ces bonnes choses ajoutée à l'odeur du bois qui brûlait dans le four, la sentez-vous ? Moi, oui....

                                              Allons de l'avant, on ne va tout de même pas arrêter tous les progrès pour une simple odeur et...un oeuf à la coque !

                                            

     

     

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                                          Recommandations lues sur un site ami -

                                          Il y a quelques jours, un site sur lequel je prends plaisir à aller me promener, transmettait des recommandations et même plutôt une prière, de l'Association 30 Millions d'amis, concernant les départs en vacances et par suite les nombreux abandons d'animaux de compagnie. C'est un phénomène que l'on retrouve malheureusement tous les ans à cette époque...

                                         Les animaux de compagnie, comme ils portent bien leur nom. Ils nous tiennent compagnie dans les bons et mauvais jours. Ils sont fidèles. Et au prétexte que parfois ils deviennent un peu encombrants, ils sont abandonnés au bord d'une route, sur l'autoroute ou n'importe où. Notamment les chiens. Il est bien certain qu'un joli petit Labrador bébé est touchant, affectueux, joueur, charmant, mais....qu'il devient vite gros ! Je sais de quoi je parle ! Mon mari et moi en avons eu un pendant 13 ans. Il faisait partie de la famille, adorant tous les membres de notre communauté, depuis ma mère très âgée alors, jusqu'au plus petit de nos petits-enfants. Il fait partie des souvenirs agréables, mais ...il tenait sa place ! Le chien est fidèle lui...ne lui soyons pas inférieurs !

                                         Et comme toujours, cet article a été le déclic qui m'a fait souvenir d'une petite histoire toute simple ou peut-être très triste, qui nous est arrivée fin des années 1960 :

                                         L'histoire de la petite chienne fugueuse ou abandonnée  ?

                                         C'était un Dimanche soir un peu avant l'heure du dîner. Nous habitions en bord de Marne en banlieue proche de Paris. Il y avait toujours beaucoup de promeneurs le Dimanche, les bords de Marne sont agréables et la route qui longeait le fleuve était très passagère. En rentrant chez nous, nous trouvons dans le couloir de l'immeuble une petite chienne,type chien ratier, qui nous fait fête...et qui semblait perdue...Comme nous l'avions caressée, elle ne demandait qu'à nous suivre ! Mon mari a essayé de voir à qui elle appartenait...Rien, personne dans les environs et elle n'avait pas de collier. Nous la faisons entrer chez nous et nous lui donnons à boire; ça, elle en avait besoin. Elle ne semblait pas du tout avoir été maltraitée, bien au contraire...Mais elle avait besoin d'une présence ! elle cherchait partout. Mon mari allume la télévision et la chienne immédiatement saute sur une chaise qui était devant la télé et regarde l'écran, sans bouger ! Nous en avons conclu qu'elle en avait l'habitude ! Elle était très drôle, on aurait dit un petit chien de cirque! Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'était pas sauvage. Nous étions persuadés que quelqu'un la rechercherait et nous avions décidé que dès le lendemain nous mettrions des affiches, indiquant où elle se trouvait. Après dîner, mon mari a voulu la sortir, une voiture est passée sur la route au bord de la Marne, et la chienne est partie en courant et en pleurant pour suivre cette voiture...Et nous ne l'avons pas revue ! Nous avons cherché autour de chez nous...rien. Un voisin nous a dit "oh là là, le dimanche, c'est souvent que des chiens sont jetés des voitures"....Était-ce le cas ? Elle avait cru sans doute reconnaître ses maîtres... Était-elle une petite chienne fugueuse ou abandonnée ? Nous n'avons pas pu le savoir....Mais cette petite bête si bien dressée et si adorable avait du donner bien de la joie à des gens et à des enfants. Si elle était simplement fugueuse, elle aurait du avoir un collier.... simple prudence...

                                           Alors, s'il vous plaît, mettez un collier à vos animaux et surtout ne les abandonnez pas ! ils ne méritent pas ça...Ils ont un coeur comme les humains.

                                     


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  •                                      Libération d'Ingrid BETANCOURT et autres otages -

                                         Cette nouvelle tant attendue est arrivée hier soir : Ingrid Bétancourt et d'autres otages qui partageaient son sort venaient d'être libérés par les FARC ! Je m'apprêtais à arrêter la télévision, mais cette nouvelle m'a donné un regain de vigueur et tellement de joie, que je n'ai rien arrêté du tout, bien au contraire ! Combien de téléspectateurs ont fait la même chose ? Sûrement un grand nombre....J'ai vu avec beaucoup d'émotion ses enfants, sa famille, ses amis, tous avec des larmes aux yeux, larmes de bonheur cette fois ! Ils avaient été déçus si souvent. Ce calvaire était enfin terminé pour ces nouveaux otages libérés. Une mère retrouvait sa fille, des enfants retrouvaient leur mère après cette aussi longue séparation.

                                           Et moi, comme toujours, retour en arrière oblige et je pense...

                                           Je pense à cette période déjà ancienne de 1944/1945... Pour les civils, la libération. Nous n'étions pas vraiment des otages au sens propre du mot, mais notre liberté avait été mise à mal...Surtout, surtout, je pense aux prisonniers de guerre, et à tous les déportés qui eux étaient des otages et qui devaient "se reconstruire" pour revivre au sein de leur famille. Dans l'immédiat, ça pouvait sembler facile, mais pour tous cette longue séparation allait laisser des traces : les enfants avaient grandi en dehors de celui ou celle qui était retenu par la folie des hommes. Il fallait se réhabituer doucement et surtout ne pas brusquer cet absent de longue durée. Il était très fragile dans son corps et aussi dans sa tête. Les déportés des camps de concentration avaient vu tant d'horreurs et avaient vécu dans une telle incertitude que la joie de retrouver les leurs, pas toujours malheureusement, semblait bien faible...Ils ne pouvaient en profiter comme ils en avaient le droit. Les traces laissées par ces années semblaient indélébiles...et je crois qu'elles l'ont été. Le temps passe et efface bien des marques, mais seulement en surface...Il y a ce qui est profondément ancré et qui reste.

                                            Je souhaite à Ingrid Bétancourt , si courageuse pendant toutes ces années, de reprendre pieds très vite dans cette vie qui l'attend et de profiter de sa famille qui n'a jamais désespéré. Ensemble, ils peuvent être très forts. Les mêmes souhaits accompagnent les autres otages libérés hier, je n'oublie personne.

                                            Et je n'oublie pas non plus ceux qui sont encore retenus. J'espère que bien vite pour eux aussi, ça ne sera plus qu'un très mauvais souvenir. Comme pour nous tous.

                                             

                                            

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  •                                       Les bruits de Paris.....et ailleurs -

                                          Ce matin, peut-être parce que le temps était gris et très lourd, en un mot pas très agréable, j'ai eu envie de musique légère ! Un CD de vieux airs d'opérettes a vite pris le chemin de ma chaîne stéréo et, tout à coup un air m'a fait penser pendant un court instant que mon Père chantait ! C'était un air de "La Mascotte", chanté par André Baugé ! Tout ça n'était pas bien moderne, mais très agréable à entendre en bricolant à droite et à gauche chez moi ! Cet air, mon père le chantait souvent ainsi que d'autres d'ailleurs...Il avait cette habitude, chanter en faisant sa toilette, chanter en bricolant....Lorsque j'étais très jeune, beaucoup de gens chantaient comme ça, sans raison, pour le plaisir...Le chant faisait partie des "bruits de Paris" et sans doute d'autres grandes villes. Il y avait les chanteurs des rues qui se mettaient à des carrefours et qu'on écoutait en se mettant en cercle autour d'eux... Ce qu'ils chantaient ? Des airs d'opérettes beaucoup, des chansons populaires etc... Certains chanteurs entraient dans les cours des immeubles et donnaient l'aubade (quelquefois accompagnés d'un instrument de musique). Dans ce cas, on se précipitait aux fenêtres et on leur envoyait "des sous"...Ils avaient donné un peu de bonheur et il fallait bien les remercier. Ils mettaient tout leur coeur à chanter souvent très bien, d'autres fois moins bien mais...l'essentiel là encore était de participer ! Tout le monde était heureux . Et il y avait des clients pour acheter les partitions avec paroles et musique. Il n'y avait pas de radio pour transmettre les chansons. C'était un moyen très efficace !

                                             Cette "Mascotte" de ce matin, en me ramenant bien loin dans le temps, m'a fait penser à tous ces bruits familiers qu'on entendait. Les rues n'étaient pas encore très bien pavées et les livraisons chez les commerçants étaient faites avec des voitures à chevaux. Alors, on entendait le matin de bonne heure les pas du cheval annonçant l'arrivée du laitier, ou les livraisons chez les marchands de légumes et autres commerces, et...les éboueurs !  En ce qui concerne le laitier, s'ajoutait le bruit des bidons de lait pleins (déposés avec précaution ceux-là) et des bidons de lait vides repris et déposés dans la voiture sans aucune précaution ! Pas de bouteilles de lait à cette époque et encore moins de packs en carton ! On était habitués à tous ces bruits. J'ai encore dans les oreilles le bruit du pas des chevaux...c'était sympathique.

                                              Autres bruits de la rue : les ramoneurs, les vitriers, les rémouleurs ! chacun annonçait son passage et proposait ses services. Le rémouleur avait sa charrette portant la meule servant à aiguiser couteaux et ciseaux, le vitrier portait sur son dos des vitres de différentes tailles, le ramoneur son hérisson et autres instruments...Les petits métiers qui rendaient tellement de services ont disparu avec la vie moderne, et cela a enlevé un peu d'âme aux villes et villages... Mais il faut bien vivre avec son temps !

                                               Quelques années plus tard, d'autres bruits sont arrivés qu'il est préférable d'oublier : bruits de bottes, de sirènes hurlant lugubrement, de fusillades....Ces bruits là, nous n'avons pas pu nous y habituer. Nous les avons subis et endurés contre notre gré...C'est une époque à recouvrir d'un drap noir; je veux l'oublier, mais pourquoi revient-elle aussi souvent me hanter ? Il est préférable que j'évoque tous ces bruits qu'il y avait dans ma première jeunesse, ils sont tellement "plus doux" !

                                                Vive "La Mascotte" et autres opérettes !

                                               
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