Par
Magitte dans
overBlog le
31 Mai 2008 à 11:03
Non je ne suis pas et surtout nous n'étions pas pessimistes !
Mon mari qui revenait d'Allemagne où il avait été emmené "en voyage organisé" et qui en était revenu après avoir été libéré par les Russes qui les avait emmenés en Russie à pieds bien entendu, et
moi qui avais supporté comme tant d'autres ces années de malheurs, de peurs...nous ne voyions pas très bien ce qui pouvait nous arriver de pire ! Supporter les restrictions ? ça nous en avions
l'habitude ! Nous avions du travail, un logement (ce que tous les jeunes mariés n'avaient pas). Bon, alors nous nous sommes mis courageusement à l'ouvrage.... Et moi, j'ai commencé mes expériences
de jeune femme...Mon pauvre mari, comment a-t-il pu résister ? Les bretons sont comme leur granit heureusement ! Si on m'avait dirigé sur un minimum d'études et sur un métier que je finissais par
accepter, on avait oublié de m'apprendre à faire la cuisine !!! C'est vrai que pendant l'occupation, pour les cours de cuisine, il aurait fallu avoir les matériaux ! Enfin, petit à petit, je
m'y suis mise, aidée d'un livre de cuisine que mon père m'avait offert (il craignait pour la vie de son gendre sans doute). Ce livre de cuisine était extra ! il me donnait par exemple la recette
pour faire cuire un cochon de lait entier, mais pas de recette pour une simple côtelette ! Comme je ne voulais pas encore me lancer dans de la grande cuisine, j'ai pensé que c'était plus rationnel
de me fier à des souvenirs d'avant-guerre quand j'admirais ma mère lorsqu'elle était aux fourneaux ! Le résultat était sans doute acceptable, puisque personne n'est mort....
Et puis nous avons eu des enfants...ça non plus on ne m'avait pas appris, les filles à l'époque n'étant pas très au courant et ce au nom de la morale. Mais c'était terriblement dangereux et
parfois dramatique....Si je déplore quelquefois la trop grande liberté données aux jeunes, je crois qu'il était nécessaire de supprimer ces tabous, qui n'étaient bien souvent que de
l'hypocrisie. ...C'était toute une époque à réformer ! C'est fait, trop vite peut-être ? Je ne peux pas être juge... L'avenir le dira.
1947, 1951, 1953, années de joies et de plus de responsabilités....mais belles années !
Au mois de janvier 1949, grande tristesse pour mes parents et pour moi aussi. Les cendres de mon frère André, tué dans l'Oise le 9 juin 1940 ont été rapatriées à Juvisy où il repose désormais dans
le "Carré des Soldats" . Ce fut une dure journée que ce RETOUR ...qui nous ramenait plusieurs années en arrière et nous rappelait toutes ces journées d'attente, d'incertitude pour arriver
à cette certitude horrible : André si gai, si jeune, si dynamique, n'était plus...Il avait suffi d'une grenade... Je pense toujours à ce frère que j'admirais et aimais...C'était toute ma prime
jeunesse...On ne peut jamais effacer son passé complètement.
Mais la vie a continué avec ses joies, ses peines.....Parmi les joies, l'arrivée de petits-enfants
qui eux-mêmes me donnent des arrières petits-enfants et me comblent. Parmi les peines, la disparition d'êtres chers , trop tôt partis parfois...On se rebelle contre cette injustice, le départ d'un
enfant...On ne peut pas oublier mais la vie est là quand même, avec ses souvenirs. Faisons avec !
Penser que nous avons eu la chance de connaître tous les progrès dans tous les domaines, du XXème siècle et du début du XXIème siècle, n'est-ce pas merveilleux ? J'aime cette époque actuelle
(qui cependant n'est pas toujours drôle !)...Restons jeunes que diable ! La vieillesse, c'est dans la tête...Quand je mets la vaisselle sale dans mon lave-vaisselle, je me dis que "c'est drôlement
chouette" ! et que même, si ce truc-là avait existé quand j'étais jeune, j'aurais été bien contente....Alors, pas de regrets... Allons de l'avant.