Arme "pour rire" mais efficace !
La scène se
passe un dimanche matin, pendant l'hiver 1940/1941, sur un marché de la Région Parisienne. L'occupation allemande sévissait depuis déjà cinq ou six mois et les restrictions de
nourriture aussi ! J'étais allée aider des amis qui vendaient de la parfumerie sur ce marché. En face d'eux, se trouvait une charcuterie dont l'étal, moins bien achalandé qu'avant la guerre, vous
mettait quand même l'eau à la bouche...Mais, pas touche ! si on pouvait regarder, on ne pouvait ni toucher, ni acheter sans ces fichus tickets d'alimentation qui nous étaient distribués avec
parcimonie ! Le charcutier propriétaire de cet étal ne dédaignait ni l'armée d'occupation, ni le marché noir...c'est ce qui se disait et qui était exact...Mais il était très strict avec le
client "ordinaire"...
Arrive un client attiré par la vue , l'odeur
et probablement aussi la faim ! Un homme d'une trentaine d'années, pas plus agressif qu'un autre...Le charcutier lui dit qu'il ne pouvait rien lui vendre, etc...etc...La conversation s'envenime,
l'un réclamant des tickets que l'autre ne pouvait lui fournir et les poings commencent à s'agiter d'un côté comme de l'autre ! Belle bagarre que nous regardions, mes amis et moi et dont
l'issue nous semblait être à l'avantage du charcutier ! Et tout à coup, le client furieux attrape une énorme Mortadelle, ce gros saucisson qui doit bien faire 10 cms de diamètre, et v'lan ! il en
assène un coup sur la tête du charcutier qui se retrouve à terre...Au tapis le charcutier, complètement groggy...Comptait-il des étoiles à défaut de tickets d'alimentation ? Nous n'en avons rien
su, mais tous les spectateurs présents étaient partis d'un grand éclat de rire...En cette période où une simple petite rondelle de saucisson était la bienvenue, c'était une petite revanche ... Et
personne n'a plaint le commerçant...
Tout peut donc être dangereux, même un
saucisson...ce n'est pourtant pas l'arme à la mode actuellement !
J'ai voulu raconter cette petite
scène vraie à laquelle j'ai assisté un sombre dimanche de guerre de l'année 1940. Et vous faire partager le bonheur que j'en avais alors ressenti. Qui a osé dire que les français de l'époque
acceptaient tout ? Pas le charcutier sûrement...Au fait, après la guerre, il a eu l'honneur de connaître l'ambiance des procès et de la prison...les temps fastes étaient terminés pour lui...
Bonsoir,
Il faudrait que nous comprenions que, même dans les périodes difficiles, le sourire n’est pas interdit, la joie non plus d’ailleurs, pas plus que le pessimisme ne doit être une règle de vie.
Je lisais, ce matin, qu’avec les Italiens, nous étions le peuple le plus pessimiste, en ce moment. Ce n’est sûrement pas comme ça qu’on gagnera les batailles à venir… Place aux autres ! Voilà ce que j’entends dans ces lectures.
Votre plaisir dans le rapport de cette scène, en 40, est un bon exemple de la force qu’il faut savoir puiser dans tous les moments de la vie, y compris les bons. Amicalement. Loic