En Lorraine....il y a longtemps
déjà.
Ma grand-mère adorait tous ses animaux, qu'ils soient de compagnie, de
basse-cour, de clapier...enfin, tout ce qu'on possédait jadis surtout quand on habitait la campagne...C'était elle-même qui s'en occupait, pour deux raisons dont la première est qu'elle n'aurait
voulu laisser ce soin à personne d'autre, et la seconde que mon grand-père était très occupé avec son atelier d'ébéniste...Chacun avait ses tâches comme disait grand-mère...Et les lapins, poules,
canards.... étaient soignés et aimés par grand-mère. Elle leur parlait, les surveillait, les nourrissait très bien, les surveillait de près... On appellerait cela une passion maintenant. Pour
elle, c'était naturel, tous faisaient partie de sa vie.
Un jour qu'elle avait préparé de la liqueur de cassis je crois, elle a eu la
plus grande émotion de sa vie...Elle avait mis macérer le cassis dans de l'eau de vie, puis ensuite, après avoir bien pressé le tout pour en extraire le jus, elle n'a rien voulu "gâcher" mot très
important à cette époque ! Alors, elle a jeté les résidus sur le tas de fumier qui se trouvait derrière la maison. Bien entendu, les poules étaient en liberté dans la journée et picoraient à
droite et à gauche. Tout à coup, cris d'horreur et d'affolement de grand-mère qui appelle son époux "Vite, vite viens voir, les poules sont toutes malades, je crois qu'elles vont mourir, elles ne
tiennent plus sur leurs pattes". Quand on aime ses bêtes et, il faut bien le dire, qu'on compte un peu sur elles pour améliorer l'ordinaire, ça fait un choc ! Grand-père descend de son
atelier, le plus vite possible, ce qui n'était pas évident puisqu'il marchait avec deux cannes...Il regarde le désastre et demande à grand-mère ce qu'elle a donné à manger aux poules : "comme
d'habitude, du grain...Ah oui, aussi les graines de cassis, pour ne pas les jeter." ! Rire tonitruant du grand-père qui lui dit "Tes poules ? Mais elles sont toutes saoules" ! Quelle honte ! ma
pauvre grand-mère pleurait...grand-père et nous les enfants étions hilares ! Je revois cette scène ! Grand-mère a rapatrié ses poules dans le poulailler et tout ce petit monde s'est endormi
jusqu'au lendemain....A l'époque, il n'y avait pas encore de publicité prévenant que l'abus d'alcool était néfaste ! même pour les poules !
Puisque je parle de la Lorraine, je donne une petite précision
concernant les tas de fumier. Ceci m'a été raconté par mon père et ma mère. Avant la grande guerre, les tas de fumier en Lorraine se trouvaient devant les maisons, sur la rue. Les gens en étaient
fiers car on évaluait la richesse d'un habitant à la hauteur de son tas de fumier ! C'est l'Armée française qui, pendant la guerre a obligé les habitants à les enlever de la rue et à les
mettre derrière les maisons, estimant que l'hygiène n'aurait qu'à y gagner ! les récalcitrants avaient une contravention !.... Le saviez-vous ? ... De l'utilité des guerres....
Merci pour ce joli récit
Bon dimanche j'espère qu'il fait meilleurs dans le sud que dans notre Essonne ou la pluie et le froid viennent de s'installer.