• Sur les routes de France...mai/juin 1940


                              "A pieds, à cheval, en voiture"....

                             Après le 10 mai 1940 dont j'ai déjà parlé dernièrement, le paysage français change totalement. C'en était terminé de cette drôlede guerre...La débâcle commence ! débâcle des troupes assaillies de toutes parts, débâcle des civils partis sur les routes pour échapper à l'envahisseur. Tout d'abord, gens du Nord et de l'Est...le reste de la France suivra avec un but, passer la Loire censée empêcher l'ennemi de passer...C'était encore le temps des illusions...On "voulait y croire" mais...Pour arranger le tout, l'Italie avait déclaré la guerre à la France et à l'Angleterre, le 10 Mai...Pas de commentaires !

                              La fin du mois de mai nous amenait chaque jour de mauvaises nouvelles...Entreprises, commerces, bureaux etc...fermaient les uns derrière les autres. Puis les administrations ont commencé à quitter PARIS pour se replier dans le sud de la France. Le moral de tous, civils et soldats, était au plus bas...Les allemands gagnaient du terrain. Début Juin le 13 exactement, mon père, mobilisé à PARIS dans la DCA, passe à JUVISY à la maison, avec une poignée d'hommes de sa compagnie. Il est très pessimiste. Ils ont reçu l'ordre de fuir PARIS, les allemands étant aux portes de la capitale. Il nous donne l'ordre de quitter la maison, ce que ma mère ne voudra pas faire car elle attend des nouvelles de mon frère. Elle me confie à ma tante et marraine, sans nouvelles aussi de mon oncle, mais qui voulait rejoindre mes jeunes cousins près de Fontainebleau où ils se trouvaient depuis le début de la guerre. Nous quittons donc JUVISY le 14 juin pour MORET-sur-LOING, mais à MELUN, plus de train...Il nous faut continuer à pieds ! Sportive, je ne l'étais que moyennement et je me plaignais beaucoup d'avoir mal aux pieds (ces trucs là, c'est peut-être faits pour marcher, mais il y a des limites ). Malgré le bain de pieds de Saltrates promis par ma tante quand nous arriverions, je n'arrivais pas à sourire...et je crois bien que je rouspétais "dur"...Ce n'était qu'un début dans notre périple ! Nous voici enfin à VENEUX après avoir été véhiculées un petit bout de chemin depuis FONTAINEBLEAU...J'étais sans nouvelles de ma mère, de mon père, de mon frère et dans l'impossibilité de communiquer...Le Samedi 15 juin, les allemands étaient à FONTAINEBLEAU. Nous avons passé la journée avec ma tante à rassembler quelques affaires, pensant partir le lendemain, mais comment ? Plus aucun train à l'horizon.

                                La nuit du 15 au 16, de gros bombardements ont eu lieu aux environs et la bataille était là. Nous étions tous réunis dans une grande maison appartenant à la famille de mon oncle et avions ainsi l'impression d'être plus en sécurité. Dans la nuit (ou très tôt le matin) des soldats français sont passés nous dire qu'il fallait partir et ne rien emporter pratiquement. Ils nous ont proposé de nous emmener dans leur camion qui transportait...des munitions ! Au moins, ça roulait ! Le camion complet était très "familial" puisqu'en plus des soldats, il était surtout constitué des oncles, tantes, cousins, cousines de cette grande famille. Nous partions vraiment dans l'inconnu, pensant encore que l'armée française allait arrêter les allemands sur la Loire. C'était un rêve, il n'y avait déjà presque plus d'armée...Le peu qui restait était complètement désorganisée. C'était la débâcle, la vraie...

                                  A suivre......
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  • Commentaires

    1
    Mardi 26 Mai 2009 à 19:23

    Je sais que cette drôle de guerre n’est pas populaire dans l’histoire contée de la seconde guerre mondiale. Mais elle a existé. Elle n’a pas été à la gloire des dirigeants français qui avaient bien mal préparé ce conflit éventuel, en retard, comme souvent, sur la réalité du moment. Par contre, elle a mis en actions des hommes qui ont dû se battre, qui ont dû se replier, souvent en désordre, n’ayant pas toujours les équipements voulus et encore moins les munitions « ad hoc » pour leurs armes. Mon père fit partie de ces hommes, mobilisé, caserné à Angers ayant traversé la France jusqu’à Tarbes, dans cette « fameuse » retraite de la Loire. Merci de l’évoquer. Vous faites bonne œuvre de mémoire. Amicalement. Loic

    2
    Mardi 26 Mai 2009 à 19:24

    Je sais que cette drôle de guerre n’est pas populaire dans l’histoire contée de la seconde guerre mondiale. Mais elle a existé. Elle n’a pas été à la gloire des dirigeants français qui avaient bien mal préparé ce conflit éventuel, en retard, comme souvent, sur la réalité du moment. Par contre, elle a mis en actions des hommes qui ont dû se battre, qui ont dû se replier, souvent en désordre, n’ayant pas toujours les équipements voulus et encore moins les munitions « ad hoc » pour leurs armes. Mon père fit partie de ces hommes, mobilisé, caserné à Angers ayant traversé la France jusqu’à Tarbes, dans cette « fameuse » retraite de la Loire. Merci de l’évoquer. Vous faites bonne œuvre de mémoire. Amicalement. Loic

    3
    Mardi 26 Mai 2009 à 19:57
    Oui, ce n'est pas une belle époque..les pauvres soldats démunis de tout...Rien n'avait été préparé pour cette guerre. Mon père a eu la croix de guerre pour s'être retrouvé "à cheval sur la Bidassoa" comme il disait ! Il n'a jamais voulu la porter disant qu'il aurait honte si mon frère revenait et lui demandait comment il l'avait eue...mais mon frère s'est battu et a été tué à 18 ans...
    Je préférerais raconter des choses plus drôles, mais il faut bien en parler. Amicalement.
    4
    Mardi 26 Mai 2009 à 20:00
    J'ai lu un très beau livre il y a quelques mois "Comme des Lions" -Mai Juin 1940 - écrit par Dominique Lormier qui démontre que tous les soldats ne voulaient pas abandonner...comme on a bien voulu le dire et l'écrire.
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    5
    Mardi 26 Mai 2009 à 23:21
    Petite, ma mère qui avait déjà entendu parler de récits de la guerre pécédente jouait à l'évacuation : elle entassait ses poupées et toutes leurs affaires sur une chaise qui faisait office de charette ...
    Lors de la deuxième guerre, ils sont partis en Bretagne, à Dinan. Ma mère m'a emmenée visiter le couvent des soeurs qui les avaient accueillis.

    La façon de vous nous relatez l'"aventure" met en exergue les souffrances physiques et morales endurées. Quelle angoisse de laisser ses parents derrière et de ne pouvoir communiquer !
    6
    Mercredi 27 Mai 2009 à 08:06
    En effet, je crois que c'était notre plus grande angoisse (parmi les autres).
    7
    Vendredi 29 Mai 2009 à 13:43
    Etions-nous plus forts jadis ? je n'en sais rien...Toujours l'éducation qui nous forgeait !
    8
    morsli
    Mardi 11 Mars 2014 à 21:11
    Oui Loïc, oui Geneviève, ces gens là se sont battus avec courage : j'ai oublié le nombre des morts côté français, mais ce n'est pas celui correspondant à des lâches loin de là, comme il est insultant d'ailleurs de traiter ce peuple de "peuple des 40 millions de pétainistes" c'est faux et c'est une grave insulte aux morts de la guerre, de la résistance, à celles et ceux qui furent déportés pour avoir caché ou aidé des juifs...etc...
    Je précise aussi que si l'aviation française n'avait pas détruit tant d'appareils allemands, l'Angleterre aurait peut-être envahie, ce qui n'est pas rien quand même.Enfin, votre exode Geneviève avec votre famille parfois vous accompagnant, parfois séparée, est une épreuve qu'aujourd'hui on aurait du mal à en appréhender la dureté.Mes amitiés.
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