Aujourd'hui dimanche, le soleil a bien du mal à se montrer dans "ma région"...enfin celle dans laquelle j'ai déposé mes valises (et mes meubles) il y aura bientôt 4 ans ! Comme le temps passe !

             Et ce matin, je me souviens de mes jeunes années, lorsque mes parents et moi, nous habitions dans cette banlieue parisienne, après avoir quitté PARIS où mon frère et moi étions nés...Le dimanche...c'était d'abord une petite visite dans la chambre de nos parents...Alors que nous aurions dû nous lever plus tard, eh bien non, nous étions réveillés de bonne heure ! Il nous fallait bien profiter au maximum de ce jardin que nous avions la chance d'avoir à notre disposition ! Et c'est ce que nous faisions...Nous avions tellement d'amis : chats, chien, et tous les animaux du poulailler : poules, lapins, canards...et aussi une tortue qui "vivait sa vie" en liberté dans le jardin ... en un mot, de quoi occuper nos heures de liberté ! le dimanche en particulier, nous étions libres...comme on l'était alors ! Après un bon petit déjeuner avec parfois du pain grillé sortant du four de la cuisinière, toilette complète avec astiquage et récurage (!) . C'est qu'à l'époque, les salles de bains n'étaient pas dans toutes les maisons et les douches journalières n'avaient pas encore "vu le jour"...C'était ainsi et nous avions pourtant une maison très confortable pour cette époque !

             Toilette faite, nous mettions "les habits du dimanche" dont les sacro-saintes chaussettes blanches...et avec force recommandations "Ne pas se salir" ! Et ensuite, départ pour aller à la messe. A notre retour, une bonne odeur de cuisine "spéciale dimanche" nous chatouillait les narines. C'est que ma mère était une excellente cuisinière et que nous habitions en banlieue...ces deux raisons réunies attirant famille et amis chez nous  ce jour-là ! D'avance, nous étions heureux ! "Table ouverte" , telle était la devise de nos parents sans doute ! et comme famille et amis avaient des enfants, ça nous faisait des copains et aussi...un peu plus de libertés pour un jour ! Ah, comme nous nous sommes amusés dans cette maison et son jardin ! un ruisseau le traversait, plein de vase, de têtards...mais c'était de l'eau ! nos canards connaissaient bien aussi ! Tous les gosses du quartier ont au moins pris un bain forcé dans cette eau vaseuse, en voulant attraper des têtards ! Nous n'avons pas fait exception à cette règle...

              Quand par hasard, nous n'avions invité personne, nous devions quitter nos habits "du dimanche" dès notre retour de la messe...sauf les chaussettes blanches que nous remettions le lendemain, si ...elles n'étaient pas devenues trop grises !

              On jouait à tout dans notre jardin : cache-cache sous les fusains, jeux de balles. Mon frère y construisait des "cabanes" très éphémères...Nous y faisions même semblant de faire du ski...deux bâtons suffisaient pour donner l'illusion ! Pas de télé ni de radio en ce temps-là...

               Et voilà, tout ça réuni, nous avions passé "un bon dimanche"...Les enfants maintenant diraient "on s'est ennuyé comme des rats morts"...Je crois qu'on se contentait de peu, ce qui ne nous empêchait pas d'être heureux...

               Souvenirs de ma petite enfance, fin des années 1920, comme vous me semblez lointains ! A bien réfléchir, c'est vrai que c'est loin !

            Depuis peu de temps, nous habitions à JUVISY, banlieue de PARIS...Quittant notre appartement à PARIS, nos parents avaient loué une maison avec un jardin dans cette petite ville de banlieue. Ville ? c'est un bien grand mot...Nous étions en 1927/1928 et la banlieue ressemblait plus à la campagne...Pour mon frère et moi, avoir un jardin représentait certainement le plus grand bonheur que des enfants puissent avoir ! Ma mère aussi était très heureuse et se voyait déjà en "mini-fermière" avec poules, canards, lapins...et autres animaux tels que chats et chien . Elle avait d'ailleurs dit à mon père "vivement qu'on ait des poules, comme ça, quand on voudra manger un lapin..." Il fallait la suivre dans ses réflexions ! Mais bon, tout le monde avait bien compris et très peu de temps après notre arrivée, les animaux divers ont fait leur apparition !

            La banlieue était très calme et reposante à cette époque...Pas de voitures brûlées (il faut dire que ces dernières n'étaient pas nombreuses !). Il y avait bien quelques cambriolages dans des maisons inhabitées en semaine, maisons qui servaient à des personnes de PARIS pour venir se reposer en week-end (ça non plus, ça ne se disait pas encore couramment !). Des maisons de campagne à 18 kilomètres de PARIS, là où l'air était bon et où on était assuré d'avoir la tranquillité...On croit rêver et j'ai la chance d'avoir connu tout ça...Le Dimanche, on allait pique-niquer au bord de la Seine, notre père aimant la pêche, mais ne prenant jamais rien ! il n'avait sans doute pas la "technique" ! mais ce n'était pas grave, le soir avant de revenir, on achetait de la friture aux pêcheurs plus chanceux ....

             On appelait ça "avoir passé un bon dimanche", et on appréciait ! ça ne coûtait pas cher et on était en famille. Que demander de plus ?

             Deux chats, Poney et Mitsou, et une brave chienne Ketty, étaient devenus très rapidement nos copains de jeux. Ketty (chien de berger), m'avait prise sous sa protection et n'autorisait personne à s'approcher de moi ! Elle avait un jour pris à partie un jeune homme de notre quartier qui avait osé me prendre dans ses bras...Quel drame ! et nous n'avons pu garder la chienne adorable par ailleurs !

              C'était notre vie de petits "banlieusards", heureux de vivre...Est-ce qu'à cette époque nous n'étions pas exigeants ? Non ! nous nous contentions de ce que nous avions...les progrès n'étaient pas encore arrivés et on ne pouvait envier ce que nous ne connaissions pas ! Quelques années plus tard, mon frère a eu une bicyclette...pas moi, j'étais trop intrépide parait-il ! C'est vrai qu'en y repensant, je me dis que je n'étais pas de tout repos !

               Mon père a eu une voiture en 1931 et nos promenades n'ont plus été tout à fait les mêmes le dimanche ! Nous allions plus loin (pas trop quand même !) . Puis nous avons eu une maison plus grande avec jardin plus grand, tout en restant dans le même quartier. Ma mère a agrandi son "cheptel" et nous avons eu deux chiens et toujours deux chats... La guerre a hélas démoli cette maison et le même soir, la première maison que nous avions habitée. Plus aucun souvenir ni de l'une ni de l'autre....

                Cette enfance, j'y pense souvent et je pense indifféremment à "nos deux maisons". Les deux m'ont marquée et ont eu le même sort, le même jour à la même heure !

                 Je ne regrette pas cette époque, mais je ne la "dénigre" pas non plus ! Elle était, tout simplement...Lorsque les progrès sont venus, je les ai appréciés...et j'ai essayé de "vivre avec mon temps"...