• Septembre 1940...des nouveautés !

                             Les "vaches maigres"...

                             Dès le 17 septembre 1940 le rationnement est décidé avec mise en application quelques jours après...Bon, on s'y attendait un peu, mais ça fait un choc ! Comment allions-nous faire ? et surtout, quelles seraient les quantités de denrées qui nous seraient allouées ? Tout ça dépendait d'un tas de calculs, de votre âge, de votre travail etc...Il y en avait pour tous les goûts si on peut dire ! Ce n'était pas "selon que vous serez puissant ou misérable", mais "selon que vous serez J1 - J2 - J3 - Travailleur de force et je ne sais plus trop quoi ". Moi, comme j'avais la chance d'être encore une adolescente, on m'avait mis dans la catégorie des J3 ! Ah mais ! J'avais droit entre autres à 1/4 de litre de lait écrémé (oh combien !) par jour, 300 grammes de pain, et parfois, mais ce n'était pas régulier, des tickets sortaient, vous donnant droit à des confitures et autres "gâteries"....Un peu de viande (je ne me souviens plus de la quantité, mais très peu), peu de beurre, peu d'huile, peu de sucre, peu, peu, peu de tout !Pas de quoi festoyer et attraper des indigestions ! Ma mère, elle, n'étant pas dans les normes requises, n'avait droit à aucun supplément ...le strict minimum...

     

                               Avec tout ce "peu", l'ingéniosité a fait son apparition ! faire des gâteaux sans oeufs, sans beurre, sans farine ou si peu, sans sucre, boire du café sans café...faire cuire sans gaz ou presque... Je me souviens d'une amie de ma mère qui avait mis au point une marmite norvégienne : dans un grand fait-tout haut, elle avait installé à l'intérieur tout autour, une épaisseur de journaux, une épaisseur de vieux lainages. Elle faisait bouillir un semblant de pot-au-feu avec le peu de viande reçu, et quand la cuisson était bien en route, elle mettait son récipient contenant ce qui était à cuire, bien fermé, dans la "marmite norvégienne"...Elle refermait bien le tout  en recouvrant sa marmite avec une couverture et laissait ainsi toute la matinée...ça cuisait très bien et elle n'avait pas usé de gaz ou presque ! C'était un peu l'ancêtre des cocottes minutes ! De tous temps, en France on n'a pas eu de pétrole, mais qu'est-ce qu'on peut avoir comme idées !

                                Il y avait bien le "sans-tickets", rutabagas et ersatz de toutes sortes ! Outre d'avoir des idées, en France on aime la gastronomie ! Bien, c'était raté ! Rutabagas, bon on savait ce que c'était (ma grand-mère en donnait à sa vache et à ses lapins). A la limite, ça pouvait passer, mais ça vous donnait faim ! Ersatz...alors là, c'était le mystère ! Qu'est-ce que ça pouvait bien contenir ? goût, couleur, aspect....une horreur ! J'aurais tout de même aimé connaître un jour la composition de ce pâté de poisson (que je n'ai pas encore digéré), que nous avions mangé un jour de disette ! Je ne suis même pas certaine qu'il y ait eu dedans une seule arrête de poisson ! Tant pis, je quitterai cette vie sans avoir jamais eu l'explication ! Mais tout était à l'avenant dans ces ersatz !

                                Et on s'étonne qu'il y ait eu du marché noir...mais voilà, pour ça, il fallait avoir de quoi payer ! Ce n'était pas toujours le cas....

                                Après la guerre, notre régime a été un peu "élargi"...Mais il a fallu attendre quand même quelques années...Septembre 1940 se prolongeait...

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 18 Septembre 2009 à 18:31
    Vous devez bondir en voyant tout ce lait déversé par les agriculteurs en colère ( je comprends leur hargne cependant) et vous devez sourire en voyant le rutabaga remis à l'honneur dans les grands restaurants à un prix que je n'ose même pas imaginer.On comprend en vous lisant que nécessité entraîne imagination et débrouillardise.
    Et ce marché noir ! mieux valait être argenté.Vous auriez mieux vécu à la campagne.
    Quant à ce fameux pâté de poisson, je ne vois que la sciure de bois comme ingrédient vous ayant marqué à jamais !
    Amitié et bonne fin de semaine. 
    2
    Vendredi 18 Septembre 2009 à 18:58

    Voilà une période difficile que je n'ai connu, mais ma grand'mère m'en parlait souvent.
    Ici c'est pluie et repluie, je pense qu'à Montpellier ce doit être pareil.
    Bonne soirée Geneviève

    3
    Vendredi 18 Septembre 2009 à 19:27
    Tous ceux qui ont connu cette période en parlent ou en ont parlé !
    Ici, le temps est mitigé, mais il est juste tombé quelques petites gouttes.
    4
    Vendredi 18 Septembre 2009 à 19:29
    De la sciure de bois, il y en avait déjà dans le "café" (ça y ressemblait). Pourquoi pas dans le pâté de poisson !
    5
    Samedi 19 Septembre 2009 à 09:15

    Privations pour partager ce qui restait de maigres productions, une leçon quand on voit, aujourd’hui le gaspillage, je pourrais dire les gaspillages de toutes sortes, la montée de l’obésité. Vous nous mettez le doigt sur ce choc des extrêmes. Espérons que l’humanité, celle à laquelle nous appartenons, celle qui consomme, saura mettre le balancier au bon endroit pour que le partage, décent, se fasse avec l’autre humanité, celle qui ne consomme pas ou plus.

    Ne pas oublier, ne pas faire le contraire mais apprendre du passé. Amitiés. Loic

    6
    Samedi 19 Septembre 2009 à 09:28
    Gaspillage aujourd'hui...Il serait en effet utile d'apprendre du passé. Amicalement.
    7
    Samedi 19 Septembre 2009 à 16:00
    La fin des restrictions ? fin 1949...en juillet 1949, lors d'un séjour en maternité, j'ai encore donné mes tickets d'alimentation...question d'habitude !
    8
    Samedi 19 Septembre 2009 à 19:55
    Je viens de retrouver les fameuses cartes d'alimentation de plusieurs membres de ma famille... elles sont devenues terriblement réeles à mes yeux... Je les ai regardées avec une certaine émotion.
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    9
    Samedi 19 Septembre 2009 à 19:57
    Ma mère m'a appris que les plus démunis en étaient parfois réduits à vendre leur carte...
    10
    Samedi 19 Septembre 2009 à 20:12

    très possible...nous donnions des tickets de pain à un cousin..

    11
    juvisienne
    Mardi 11 Mars 2014 à 21:08
    bonjour..
    oui, les restrictions - alimentation, habillement, chauffage...- ont duré longemps... jusque fin 48, me semble t'il?
    et maintenant, le gtos problème, c'est la suralimentation...
    L'équilibre ? le trouvera t'on jamais ?
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