Donner le temps au temps...

                    Comme chaque matin, j'ai essayé de m'instruire (!) en écoutant les actualités à la télévision...Entre les bonnes nouvelles du jour ou de la veille, les moins bonnes aussi, je fais un tri...Mais ce matin, une nouvelle a retenu plus particulièrement mon attention...Il paraît que beaucoup de nouveaux-nés sont concernés par la jaunisse du nourrisson...Ce n'est pas nouveau. Mais ce qui semble anormal, c'est que cette fameuse jaunisse se déclare....de retour à la maison et non à l'hôpital ou à la clinique...Tiens, tiens !

                     Une seule explication possible : c'est le peu de temps passé par les nouvelles mamans dans ces lieux de soins pour mamans et bébés. C'est ce qu'a expliqué la journaliste (médecin de son état je crois). Vite, vite, vous venez accoucher et ensuite, le plus tôt possible, retour dans vos foyers. Pas le temps de vous reposer ni de surveiller ce petit être que vous avez mis au monde et qui est tout de même un peu fragile...Munie du bon de sortie, à vous de vous débrouiller ... La jaunisse n'a pas fait de progrès elle, elle se manifeste quand elle veut...

                      D'accord, je sais...De mon temps, c'est-à-dire avant-hier, nous étions moins pressées, nous les femmes. Il nous fallait 10 jours de clinique après une naissance. Repos absolu, même pas le droit de se lever ! Parce qu'à l'époque, une naissance, ça fatiguait. Ce n'est plus le cas. Et pendant ce temps, votre bébé était pesé, soupesé, surveillé...Dans la foulée, on vous apprenait même à vous en occuper...En 10 jours on a le temps ! Et si jaunisse il y avait, comme ça se déclarait dans les tout premiers jours de la venue au monde, bébé était soigné par des mains expertes....Epoque révolue, nous sommes au siècle de la vitesse...Dans quelques années, l'attente ne sera peut-être plus de 9 mois, mais on aura réduit à 4 ou 5 mois ! il faut aller vite ! Ce que je déplore c'est que tout ça soit un peu contre nature.... 10 jours de clinique pour nous, c'était sans doute un peu trop....mais une seule journée comme cela a été le cas dernièrement pour une de mes petites filles, c'est un peu court !

                       Les temps changent...Mais...si on donnait le temps au temps ?

                    Les jours rallongent....

                    Comme le temps passe vite...Depuis quelques jours, la fée électricité s'invite plus tard dans toutes les maisons...Très bientôt, nous arriverons au Printemps et ça sera le Renouveau...Les années défilent à une vitesse "grand V" ! Il me semble que c'était hier que j'allais à l'école ! enfin, disons avant-hier ! Et pourtant, après la période des études, il y a eu cette période de guerre dont les six années ont semblé des siècles....Et puis, la période de construction d'une famille, avec ses joies, ses soucis, l'école et les études des uns et des autres...Puis les mariages de nos enfants, puis la naissance de nos petits-enfants, puis leur mariage, puis la naissance de nos arrières-petits-enfants ! Mais il aurait fallu plusieurs vies pour tout ça ! Non, une vie a suffi, mais quelle vie ! A toute vitesse....

                      Avions-nous du temps à rattraper pour aller si vite ? Non, c'est la vie moderne, celle qui veut nous voir arriver avant d'être partis...Les enfants ont hâte de grandir, les parents ont hâte d'arriver dans la vie...On court, on se dépêche, pour faire comme tout le monde ! ce monde un peu fou que nous ne connaissions pas jadis quand nos anciens "prenaient le temps"...Le temps de vivre, tout simplement....

                      Et si cette rapidité nous empêchait de profiter pleinement de tous les progrès qui nous semblent normaux et que nous n'apprécions peut-être pas à leur juste valeur ? "Toujours plus, toujours plus vite" semble être devenue la formule à la mode....

                      Et si un peu plus de patience nous donnait un monde meilleur ? Quel rêve...

                    Des regards en arrière...

                     En réfléchissant, je me dis que j'en ai vu des choses ! Ma vie a été variée, oh combien ! Cette génération à laquelle j'ai le plaisir d'adhérer n'a pas été "un long fleuve tranquille"...Pour moi, il semble que je m'y sois bien installée et surtout bien incrustée ! C'est ainsi, je n'en tire aucune fierté puisqu'aussi bien "je ne l'ai pas fait exprès"....Je vais mon petit bonhomme de chemin, passant au travers des catastrophes. Je suis protégée sans aucun doute. Je dis merci et j'accepte mon sort, c'est ainsi.

                     Jeunesse insouciante au départ, transformée quelques années plus tard en jeunesse soucieuse, craintive, avec des responsabilités que je n'avais pas connues auparavant, je suis arrivée tant bien que mal à l'âge adulte comme bon nombre de mes contemporains, après avoir subi tant de malheurs qui s'étaient abattus sur mon Pays et sur ma famille. Et puis, la vie redevenue normale ou presque, au cours de laquelle la nouvelle famille a été fondée...Mari, enfants, petits-enfants et maintenant arrières-petits-enfants...Une belle vie avec ses joies, ses peines, dont je garde le souvenir tellement précis.

                      J'ai connu tant de choses...au fond, je me sens riche de toutes ces connaissances. Après cette tache indélébile qu'a été la période de guerre, j'ai vu arriver tous les progrès dans tous les domaines. Il y a une telle différence entre ma vie de petite fille et la vie actuelle. Et nous étions heureux quand même ! mais je reconnais que le progrès a du bon parfois ! Je vis avec mon passé mais pas dans le passé. Je fais des comparaisons entre hier et aujourd'hui. Et j'essaie de tirer les conséquences...et de profiter de ce qui est mieux maintenant...Mes regards vont en arrière, mais ma vie me tire en avant !

                       J'ai entendu parler beaucoup de la guerre de 1914/1918, j'ai vécu celle de 1939/1945. Et maintenant, nous entendons parler de guerres, de manifestations dans des pays pas si lointains, de drames....Pour ça, rien n'a changé. Pas besoin de retour en arrière.

                    Citation....

                    "On devient vieux quand les jeunes nous abandonnent"...Depuis hier, voici plusieurs fois que je lis cette citation de Marcel Pagnol. Un peu dur non ? mais dans une citation, il y a toujours un peu de vérité...Combien de personnes sont "abandonnées" en cours de vie, par les jeunes générations ? Je crois qu'on le voit de plus en plus et qu'il faut rendre grâces quand on n'entre pas dans la catégorie des oubliés. Cela facilite tellement la vie de sentir qu'on est encore quelqu'un...Une personne à qui on peut se confier, avec  qui on peut parler...qui est présente dans bien des situations et qui aime !

                     Sait-on apprécier sa chance quand, arrivé presque à la fin de sa vie, on se sent entouré par l'affection, l'amitié des uns et des autres ? Je crois que la réponse est positive. C'est ce qui nous porte et nous aide à traverser cette période un peu pénible parfois, la vieillesse ! Pénible physiquement surtout...il y a tellement de choses qu'on voudrait encore faire, mais...les jambes ne suivent pas toujours et la fatigue est là qui se manifeste alors que la tête vous commande de faire un effort ! Les années pèsent lourd et c'est bien là que nous avons besoin des jeunes ! Ces jeunes qui, eux-mêmes, deviendront vieux...

                      Je me souviens d'une petite histoire qu'on nous racontait en classe il y a très, très longtemps...Un jeune ménage avait "pris"(quelle vilaine expression) pour vivre avec lui, la grand-mère qui se trouvait seule. Ces jeunes, parents d'un petit garçon de 6 ans, considéraient cette aïeule comme une énorme charge et la tenaient complètement en dehors du cercle familial, lui donnant à manger dans un coin de la cuisine, dans une mauvaise écuelle...Ils remplissaient leurs obligations sans amour... Un jour, le petit garçon était très occupé avec une planche de bois et des outils. Son père lui demande ce qu'il fait et l'enfant répond :"Je fais une écuelle pour vous donner à manger quand vous serez vieux maman et toi"....Cette histoire figurait dans notre livre de morale .....

                    Réflexions...

                    Un commentaire posté sur ce blog dernièrement, me donne beaucoup à réfléchir...Et comme aujourd'hui le mal de tête qui m'accompagnait depuis deux jours semble vouloir lâcher prise, je réfléchis ! "Il y a des moments où le temps de ne rien faire vient. Faut-il lui ouvrir sa porte ?....."Bonne question.

                     Un jour ou l'autre, on éprouve le besoin de ne rien faire. Ne pas lire, ne pas écrire, ne pas...aucune activité ne nous attire. Est-ce de la lassitude ? non, je ne crois pas. C'est le besoin de ne pas avoir de contrainte, de ne pas se sentir tenu par quoi que ce soit, de vivre à sa guise ! Besoin de liberté ? peut-être...Il semble que ce temps qui vient nous soit indispensable. Je l'ai bien connu ce temps, jadis, quand j'ai pris la décision de demander ma retraite....Ce n'était pas pour ne rien faire, mais pour profiter davantage de ma famille, de ces petits-enfants qui arrivaient.

                      Je crois qu'un jour ou l'autre, nous ressentons tous ça. Ce à quoi nous aspirons, ce n'est pas de ne rien faire, mais de vivre librement...Alors, quand ce temps frappe à la porte, entrouvrons seulement celle-ci, pour qu'il entre à petits pas...Prenons-le "à l'essai"...

                       Hier, fatiguée, j'avais décidé de ne rien faire...C'est fou ce que ça peut sembler long...La tête, les jambes, les bras, tout étant au ralenti , les heures se sont écoulées tout doucement ! Si j'avais su, je n'aurais pas ouvert ma porte à "ne rien faire" !