• Mois de juin, propice aux souvenirs...


                         Début de l'occupation en 1940...

                         Ce début d'été 1940 a vraiment une place à part dans mes souvenirs....J'en ai parlé, j'en parle, et j'en parlerai encore ! Et pour cause ! C'était un bouleversement total dans notre vie, même dans ce qui n'était "qu'accessoire" !, les petites choses du quotidien.... En plus de ce bruit de bottes et de ces voix gutturales qu'on entendait et auxquelles nous n'étions pas habitués, il nous fallait nous organiser dans les plus petits détails de la vie.... Par exemple, vivre avec les coupures d'électricité et les coupures de gaz...Les coupures de gaz, elles ne pouvaient être totales, il restait toujours un petit quelque chose dans les tuyaux ! donc, ce n'était pas brutal...coupures d'électricité, c'était immédiat..v'lan, tout à coup plus de courant, plus de lumière...En principe, les horaires avaient été fixés, il fallait donc se dépêcher, entre deux coupures, si on avait besoin d'utiliser le courant.

                          C'était le cas notamment dans les salons de coiffure ! Que vous alliez vous faire faire une mise en plis (pas de brushing à l'époque, ça n'existait pas), ou une permanente alors appelée "indéfrisable", il fallait le courant ! donc, les rendez-vous chez le coiffeur étaient fonction des coupures du dit courant ! Pour les mises en plis, ce n'étais pas grave, on ne pouvait tout simplement pas vous mettre sous le séchoir...alors, épingles sur la tête, turban installé par le coiffeur, vous aviez deux solutions : si votre domicile était près de chez le coiffeur, vous retourniez chez vous pour environ deux heures, le temps de sécher ! Ensuite, retour chez le coiffeur qui vous apprêtait et vous coiffait à la dernière mode ! Sinon, vous restiez dans le salon de coiffure en lisant des illustrés pendant deux heures ! Quel travail d'adaptation pour le coiffeur : jongler avec les horaires des clientes et avec ceux de l'électricité !

                           Et il ne faut pas que j'oublie qu'en cette période de restrictions, le savon nous était compté, au minimum de nos besoins...Le coiffeur ne pouvait donc plus se charger de laver les serviettes nécessaires à ses bons et loyaux services...Alors, il ne fallait pas oublier de venir avec ses serviettes personnelles. Mon coiffeur avait même mis une affiche dans son salon, affiche savoureuse pour les esprits mal tournés, mais qui expliquait bien notre grand dénuement :
                           "Etant donné la pénurie du manque de savon, les clientes sont priées d'apporter leurs serviettes"...

                                
    Moqueuse comme tous les jeunes, cette "pénurie du manque" me titillait les yeux et les oreilles et avec des amies cela nous faisait rire ! Ce n'était pourtant pas drôle ! mais allez expliquer ça à des jeunes filles de 17 ou 18 ans ! Il n'y avait pas de savon, il n'y avait pas d'électricité, il n'y avait pas....je vous ferai un jour la liste de ce qu'il y avait, ça me prendra moins de temps !

                           Tranquillisez-vous âmes sensibles, les coiffeurs avaient quand même beaucoup de travail. La femme française était restée ou devenue coquette, c'était notre revanche !

    « Un certain jour de Pentecôte.....1951 !Un vin rosé un peu spécial.... »
    Google Bookmarks

  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Juin 2009 à 11:40

    Prendre soin de soi est signe de vie indispensable, même si le soin est modeste et limité au strict nécessaire. En toute circonstance, en tout moment, il faut savoir s’aimer pour aimer les autres, pour continuer d'exister. Amitiés. Loic

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Mardi 2 Juin 2009 à 17:26
    Continuer d'exister, là était notre but, même avec les seuls "moyens du bord"...
    3
    Mardi 2 Juin 2009 à 20:32
    Confidence pour confidence : j'ai vécu une réorganisation de vie identique à la faveur du Krash boursier de 1988 : j'habitais les USA et attendais noptre deuxième enfant.
    Les conditions que tu décris ressemblent étrangement à celles auxquelles sont soumis les victimes du capitalisme sauvage. Gardons-nous en !
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :