•                                        Il y a déjà quelques années...


                                           Comme c'est toujours le cas, ce premier enfant était très attendu et vous posait déjà tant de questions dont la plus importante était : "fille ou garçon ? "....Aucune possibilité de savoir à l'avance...Par suite, l'autre question était :"layette rose, blanche, bleue  ? " ...Pas grave, à la limite on tricotait un vêtement de chaque couleur, au cas où.... ou alors tout blanc, couleur passe-partout !Comme maintenant, il y avait une mode pour les bébés ... Ce temps d'attente était bien occupé. Et le grand jour arrivait...Pour moi, c'était l'été 1947.  Hurrah, un petit garçon...Bien sûr, moije l'ai trouvé très beau (quoique tout petit), et mon mari, voulant être gentil m'a dit "Oh, tu sais, c'est jamais bien beau un nouveau-né " . Je me suis senti une âme d'assassin ! Évidemment, il était un peu frippé (le bébé), mais c'était mon fils...Enfin, passons... Clinique pendant 10 jours, sans se lever (il paraît qu'il fallait ça pour la santé). Puis retour à la maison !!! Bon, il fallait faire face : biberons, couches, langes, toilettes, lessives etc....ça changeait tout à fait d'un travail de bureau et si les journées avaient eu 30 heures, ça m'aurait bien arrangée ! Il faut se rôder...Et pour tout arranger, on sortait à peine de la période de guerre, les restrictions de tous ordres étaient toujours présentes, vous vous mettiez en tête de gâter le jeune mari (avec ce que vous saviez faire comme cuisine...et ce que vous aviez comme ingrédients pour les recettes !).  Allez, avec un peu de courage et d'entêtement, j'y suis arrivée : mon fils profitait bien et mon mari ne dépérissait pas trop ! Alors, pourquoi ne pas avoir d'autres enfants ? D'autant plus que là encore, c'était la surprise ! pas de planning, pas de dates à choisir...je n'insiste pas.

                                               Et voilà pourquoi nous sommes passés de trois à quatre en 1951,  puis à cinq en 1953, après un énorme chagrin en 1949. Les progrès commençaient à venir : des "bambinettes" avaient fait leur apparition, dans lesquelles on mettait des couches en ouate de cellulose...C'était pratique lorsqu'on allait en visite ou en promenade, car pour la maison, le prix de revient en était assez élevé et on ne pouvait tout bêtement pas se permettre de telles dépenses ! Mais on appréciait les quelques services intermittents qui nous étaient ainsi rendus ! La façon de nourrir les bébés changeait aussi : de la période longue "biberons lait - bouillies" on est passé à la période "soupes, purée légères, jambon, le tout mixé.... Petit à petit, les temps modernes se dessinaient....Et on commençait à s'équiper d'électro-ménager ce qui aidait considérablement ! Et puis, l'expérience aidant, tout semblait plus facile...Pour ma part, je me suis mieux débrouillée avec trois enfants qu'avec un seul...J'avais un peu plus de temps pour moi ! Je me demande si, par hasard je ne m'y prenais pas mal au début ....Tout est possible dans la vie d'une jeune femme plus habituée aux bouquins et aux dossiers divers qu'aux couches et à la lessive !

                                                 Et ces trois enfants qui nous ont donné des joies, des soucis, nous ont donné aussi beaucoup plus tard, des petits-enfants...Ils ont fait à leur tour les expériences faites par leurs parents, avec un peu plus de facilités dues au progrès, avec aussi quelquefois autant d'inexpérience ! Mais c'est ça la vie : un éternel recommencement !  Et maintenant, les petits-enfants ont eux-mêmes pour certains des enfants....Et moi, je suis toujours aussi contente quand on m'annonce une naissance....S'ils n'ont plus les soucis des couches, des lessives manuelles et autres petits inconvénients que nous avions, ils ont d'autres soucis sans doute plus graves : avenir incertain, situation.....

                                                  Et si, tous comptes faits, notre époque n'avait pas été la plus facile, période de guerre à part s'entend ? Nous connaissions la fatigue physique, mais de celle-là, on s'en remet !

                                             

     

                                               

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  •                                       C'était jadis....

                                           J'ai toujours aimé l'automne...Pourquoi, je ne sais pas trop ! pour la couleur des arbres peut-être? pour les températures qui ne sont plus celles parfois accablantes de l'été mais sont encore tellement agréables ? Lorsque j'étais enfant, c'était peut-être pour le changement : changement de classe, d'institutrice, de camarades, de...de....de...difficile de préciser ! Pour simplifier, je dirais : pour tout. Mais il y avait surtout cette "odeur" de l'automne, lorsque je rentrais à la maison et que ma mère avait allumé le premier feu ! La reine de la cuisine, ce meuble tellement utile et si important commençait à ronfler : la cuisinière ! C'est fou ce que j'aimais ça ! Il y avait d'abord l'odeur du bois qu'il fallait faire prendre (pas toujours facile), et ensuite ce rite immuable: garnir ladite cuisinière de gros bois ou de charbon .... Et les repas qui commençaient à cuire dessus car à partir du moment où elle était allumée, elle devait faire faire des économies de gaz ! Chauffer la famille et cuire les aliments, elle en avait des rôles cette cuisinière ! Et souvent, elle était très belle : noire avec des accessoires en cuivre toujours bien astiqués, ou émaillée avec décors variés et toujours du cuivre ou autre métal pour les accessoires. Mais de toute façon, elle était toujours astiquée et faisait la fierté de la ménagère !

     

                                                Et quand on arrivait de l'école, que de l'eau chantait dans une bouilloire pour que nous ne manquions pas d'eau chaude, et que soupe, ragoût, légumes, mijotaient "sur le coin de la cuisinière", c'était un vrai bonheur ! On se sentait bien chez soi, avec une douce chaleur et cette bonne odeur de repas qui vous donnait faim. Et quand, dans le four, cuisait un gratin ou une tarte ou un autre gâteau, c'était l'extase ! Ces cuisinières, elles méritaient bien la place d'honneur qui leur était faite dans les cuisines....Pour la même dépense de combustible, vous pouviez faire tant de choses avec...Et je revois ma mère ouvrant une petite porte sur le devant de la cuisinière et donnant de l'air au combustible avec un tisonnier appelé aussi pique-feu, en grattant bois et charbon au travers d'une grille .... Difficile à décrire....

     

                                                 On était bien alors...Et avant les grands froids et que le chauffage ne soit allumé dans toute la maison, on s'installait  même sur la table de la cuisine pour faire les devoirs. Ah oui, j'aimais cette période...C'était une ambiance chaude, intime, familiale. Il faut dire qu'à l'époque peu de mamans travaillaient "au dehors" comme on disait...Elles avaient fort à faire à la maison et accueillaient les enfants à leur retour de l'école...

                                                 Autre temps, autres moeurs. Dans chaque époque il y a du bon...et du moins bon ! La nostalgie n'oblige pas à regretter tout ce qui a accompagné notre enfance ! Non, on se souvient avec tendresse mais on est bien heureux de profiter des progrès . . Mais la saison d'automne existera toujours et tant que cela me sera permis, je continuerai à l'aimer.

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  •                                        Les vacances se terminaient -

                                            La fin du mois de septembre marquait la fin de nos vacances....La rentrée scolaire était fixée au 1er octobre....Jour attendu ? ça je n'oserais pas l'affirmer ! Nous venions d'avoir deux mois de liberté et il est toujours un peu dur et parfois même angoissant de reprendre le collier ! Rien de changé si ce n'est les dates par rapport à l'époque actuelle.....Mais quand même, nous étions contents et il y avait avant cette rentrée un vrai cérémonial à respecter : la préparation du cartable et de la trousse !

     

                                            Ce cartable et cette trousse qu'on nous avait offerts à une occasion importante (fête, anniversaire...) étaient en cuir et devaient nous accompagner pendant plusieurs années ! Alors, avant chaque rentrée, on les astiquait avec force coups de chiffons ,de cirage  ou d'encaustique et....ça devait briller ! Il fallait bien que ça ressemble un peu à "du neuf" ! Pour la trousse, on remettait à l'intérieur des crayons noirs et de couleurs, ainsi que des porte-plumes, crayon d'ardoise, gomme etc...le tout nouvellement acheté puisque ce sont "des produits consommables" ! Mais nous avions quand même des recommandations les concernant : y faire attention, et ne pas les user "pour rien" ....C'est que toutes ces fournitures étaient chères et la plupart des parents pas spécialement aisés....Et le mot d'ordre général était à cette époque "ne pas gâcher"...ça résumait tout ! Question d'habitude.... Nous étions heureux et fiers avec ces objets "presque neufs"et qui vous avaient un petit air propret. Et puis, l'astiquage avait été fait par nous, sous la surveillance de la maman bien sûr, c'était notre oeuvre ....

                                              Arrivés à l'école, on nous distribuait quelques cahiers et autres fournitures, le tout gratuitement....La qualité était ce qu'elle était, mais ça n'empêchait pas d'apprendre !Et on nous donnait les livres de classe qu'il nous fallait couvrir chez nous afin d'en prendre le plus grand soin...Eux aussi devaient avoir une longue vie !

                                               Et il y avait le tablier obligatoire : tablier noir pour les filles et blouse grise pour les garçons (garçons et filles bien séparés...on ne sait jamais !). Pour la rentrée en principe, le tablier était neuf, ce qui n'empêchait pas les semaines suivantes de voir réapparaître celui de l'année précédente, pas encore usé, un peu court peut-être...mais toujours utilisable...Toujours la même raison invoquée : il ne fallait pas gâcher !  Je me demande si notre génération n'a pas été marquée à tout jamais par cette recommandation ? Personnellement, je n'aime pas gâcher...ce qui fait que je garde tout, de l'utile....à l'inutile !

                                                Et voilà, nous étions "parés" pour cette rentrée ,appréhendée parfois tout comme maintenant par les élèves, qu'ils soient nouveaux ou déjà aguerris. Qu'allions-nous trouver derrière cette porte d'école ? Instituteurs et institutrices nouveaux, camarades anciens et aussi nouveaux....C'était ça notre rentrée.

                                                

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  •                                       Quand le métier de femme était dangereux !

                                          Qui pourrait penser que jadis, le métier de femme était dangereux ? Je ne parle pas des métiers exercés à l'extérieur, mais bien de celui de la femme "d'intérieur"...Et pourtant....Prenons simplement les courses, qu'elles soient faites au marché ou dans des boutiques.

                                           Les commerçants étant en règle générale très aimables et prévenants, partant du principe qu'un client était sacré (forcément, dans un commerce, il est préférable d'en avoir, on compte beaucoup sur eux !) . Alors, ils faisaient assaut d'amabilités ...c'était gentil et tout le monde était content. Mais il fallait quand même se méfier car le danger approchait : suivant ce que vous achetiez, chacun croyant vous rendre service, voilà ce que vous entendiez "Je vous coupe la queue" ? "Je vous donne un coup sur l'os ?" "Je vous coupe les pattes ?" "Je vous coupe la tête ?". Femme, gardez-vous à droite, femme gardez-vous à gauche ! Si vous n'y preniez garde, vous pouviez vous trouver amputée d'un peu partout, un accident est si vite arrivé ! Et voilà pourquoi je trouve que le métier de femme était dangereux ! Ces expressions courantes auraient ravi Raymond DEVOS....s'il avait été une femme et avait fait le marché....Il nous aurait fait un sketch là-dessus.

                                           Mais voilà un risque pratiquement disparu ! Nous achetons maintenant des produits en barquettes, pesés, emballés, sous vide, épluchés, pré-cuits, sans os, sans arrêtes...que sais-je encore ! C'est pratique, ça évite l'attente, c'est hygiénique (encore que....). A une époque où tout le monde est pressé, celui qui travaille comme celui qui ne travaille pas, les jeunes, les moins jeunes, chacun veut avoir vite fait ! Même les.....vieux (c'est fou ce qu'on a comme boulot quand on est en retraite !) courent...C'est une maladie du siècle. Nous en sommes tous frappés. Il y a bien encore quelques "commerçants de proximité", mais si peu ! Les super, hyper-marchés ont remplacé l'accueil amical des commerçants de jadis....Alors, là, rien n'est dangereux, on ne vous propose rien ! Vous prenez ou vous ne prenez pas....aucune importance. Pour la convivialité, il faudra repasser plus tard...Nous n'avons pas ça en magasin. C'est grand, c'est spacieux, c'est froid, c'est anonyme....

                                           Aller au marché jadis était une véritable sortie ! Les commerçants essayaient d'attirer le client (la cliente plutôt...c'était réservé davantage aux femmes). On s'y rencontrait, on y parlait, on y apprenait les dernières nouvelles.....et malgré les dangers "pour rire" cités plus hauts, on en revenait fourbues mais tellement contentes ! Le "dernier salon où l'on cause" ? c'était bien le marché ! Et en plus, on y faisait de bonnes affaires...ce n'était pas des promotions, mais des réclames....

                                           Allons, il ne faut pas que je passe le temps qui m'est peut-être un peu compté maintenant, à regretter ce qui a été et n'est plus  ou presque...Il y a encore des marchés, mais les mentalités ont changé....Et on y va en courant...Moi, je vous parle d'avant-guerre....Tout a évolué et c'est normal....Mais j'ai quand même quelques regrets.

                                          
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