•                                       Au fil du temps....

                                          Que de souvenirs rattachés à ces nombreuses années....Quand je me retourne, je constate que les lieux où j'ai habité font une assez longue liste.... Tout d'abord, de ma naissance à PARIS, dans ce quartier du Champ de Mars où je suis née un soir de Noël il y a...ah oui ! tant que ça ?; De cet endroit, pas beaucoup de souvenirs, j'étais trop jeune : il ne me reste que quelques images du Champ de Mars et de ses balançoires et manège. Il faut croire que pour moi, c'était important ! Et puis, notre arrivée en banlieue dans une maison avec jardin et tous les agréments y attachés pour des enfants : grand air, jeux, animaux...là à JUVISY/ATHIS, j'ai beaucoup de souvenirs, à vrai dire tous mes souvenirs d'enfance et de jeune adolescente... C'est là que je suis allée à l'école, que j'ai eu des camarades, des amies, des enseignantes que j'ai aimées, d'autre que je n'ai pas aimées (ça arrive !)...
    Là que j'ai appris ce que je sais (en partie)...Enfin, là était mes meilleures années de jeune... Puis, c'est là que mes parents et moi avons souffert de la disparition de mon frère suite à cette guerre impensable mais presque prévue ... Et c'est de là que tout s'est écroulé un soir d'avril 1944. Plus de souvenirs...le néant...

                                             Entre temps, il y avait eu les vacances en Lorraine chez mes grands-parents, adorables vieillards que je n'ai jamais oubliés. Puis les vacances dans la baie du Mont St Michel, à JULLOUVILLE, vacances de rêve à l'époque..Les jeux dans le sable, la mer, la campagne...Que des bons souvenirs.

                                             Après la guerre, mon mariage et notre installation à ATHIS-MONS, revenant ainsi dans mon ancienne région...Puis retour à JUVISY avec un enfant, puis deux, puis trois....Nous habitions alors dans l'ancien collège où mon frère avait fait toutes ses études et où le peu de bâtiments qui avaient échappé au bombardement avaient été transformés en logement pour les sinistrés.... Je retrouvais presque mon quartier... Quelques années plus tard, retour à PARIS avec notre petite famille... Puis les vacances pendant cette période, à JULLOUVILLE d'abord et ensuite dans le Jura, magnifique région reposante et verdoyante où nous sommes allés pendant 30 ans ! Puis le mariage de nos enfants avec, pour nous "retour à la case départ"...nous n'étions plus que deux !  Encore quelques années, puis la retraite...et le départ en Provence, dans cette maison où beaucoup se retrouvaient à diverses occasions et qui voyait arriver les petits-enfants en vacances ! Et puis, la roue a tourné !

                                              Comment faire pour oublier tous ces endroits où au moins un petit souvenir se tient caché ? Je ne le peux et ne le désire pas...C'est comme si je feuilletais un livre, toujours le même, de temps en temps....et toujours avec autant de plaisir. Vie, vacances de jadis et vacances plus proches, font un tout. Je ne regrette rien, le temps passe c'est dans l'ordre des choses, mais ça m'aide à vivre de me rappeler. J'ai vu beaucoup de choses, pas toujours les meilleures, j'ai vu arriver beaucoup de progrès pour le plus grand bien de tous.  Ce mélange est "vivifiant".

                                              Tous ces "endroits à souvenirs" que je viens d'énumérer en quelques mots, mais sur lesquels j'aurais tant à dire, j'y tiens et je les entretiens dans ma mémoire. Ce sont mes compagnons maintenant que je reste seule. Mais ils ne me rendent pas triste, bien au contraire...Je ne pourrais pas vivre sans eux...Et qui pourrait en parler, sinon moi ? Être doyenne, ça crée des obligations !!!


    Google Bookmarks

    3 commentaires

  •                                       Jeunesse insouciante...pas vraiment !

                                          Etudiants, nous ne savions pas que c'était notre dernier printemps d'insouciance...Bien sûr, on entendait parler de ce qui se passait à l'Est et même on en discutait entre nous. Que ferions-nous s'il y avait une guerre ? Beaucoup d'entre nous n'étaient pas en âge d'y participer, mais il n'était pas rare d'entendre "S'il y a une guerre, je m'engagerai". Ça, c'était pour les garçons...les filles elles, voulaient prendre des cours à la Croix Rouge et devenir infirmières...comme beaucoup de jeunes filles en 1914 ! Voie toute tracée pour tous, parce que nous avions le moral, que nous étions jeunes et que nous étions "gonflés à bloc"....Il ne fallait pas laisser faire Hitler, le laisser prendre des pays, le laisser emprisonner des gens qui, pour lui, n'étaient pas dans les normes ! Nous ne serions pas de trop pour ça !

                                         En attendant, nous prenions de la vie ce qu'elle pouvait nous donner. Nous étions gais et pourtant, rien n'allait vraiment bien...Des réservistes avaient été rappelés comme en 1938 déjà... Mais on espérait toujours que ça allait s'arranger notre force étant bien connue (petite erreur de calcul sans doute...) Alors, on se réunissait entre nous tout comme les jeunes maintenant, on écoutait de la musique, des chanteurs plein de gaieté comme Charles TRENET. Celui-ci, tellement apprécié des années plus tard, posait bien des problèmes aux parents...Le "fou chantant" comme on l'appelait, ne faisait pas l'unanimité et était même interdit dans certaines familles...."Le soleil a rendez-vous avec la lune" fredonné et même chanté à tue-tête en dehors de la famille, était mis en sourdine en présence de nos représentants légaux ! ça faisait "mauvais effet" de chanter ça ! Et les garçons essayaient de le copier, de s'habiller comme lui ! Ah ! ce chapeau vert...je m'en souviens ! Il était le sujet de maintes discussions...La mode des feutres mous....Mon frère avait fini par en obtenir un, mais il était marron et non pas vert. Bon, c'était déjà ça, on ne pouvait tout obtenir en une fois !  Nous devions également "aller pendre notre linge sur la Ligne Siegfried"...Noble projet en chanson, mais comme bien des projets, laissé au rayon des invendus ! Attente, espoirs, craintes, discussions, examens, nous étions très occupés ! Pendant ce temps-là, HITLER gagnait toujours du terrain...et nos dirigeants, confiants dans les accords de MUNICH de 1938, laissaient faire....Puisque nous étions les plus forts ! ah mais !!!

                                           J'ai le souvenir d'un printemps agréable (pour la météo !). J'allais souvent au Jardin du Luxembourg avec des camarades...Nous révisions et devisions.....Puis petite promenade sur le Boulevard Saint-Michel et arrêt parfois chez "CAPOULADE" à l'angle du Boulevard et de la rue Soufflot . Nous étions jeunes, libres, heureux de vivre...et on croyait tout ce qu'on nous racontait...Pendant ce temps, HITLER armait et réarmait à outrance et prenait son "espace vital", celui nécessaire à la "grande Allemagne". Je me demande quand même si on ne nous avait pas un peu trompés ? Allez savoir !

                                            Tout cela n'allait pas durer. Plus dure a été la chute...

    Google Bookmarks

    3 commentaires

  •                                       Souvenirs sucrés et...autres...

                                          Jadis, il n'y avait pas de vacances scolaires pour le Mardi gras, simplement nous étions libres à 16 h 30, il n'y avait pas d'étude ce jour-là et pas de devoirs à faire si je me souviens bien ! On se dépêchait de rentrer à la maison attirés par la fabrication des crêpes que notre mère préparait. Oh, cette odeur... Et ce rite immuable qui nous fascinait : le grand saladier où ma mère cassait les oeufs, mettait  farine, lait....On en avait déjà l'eau à la bouche à l'avance...Puis la crêpe faite, après l'avoir fait sauter dans la poêle (indispensable ça !), on la saupoudrait copieusement de sucre en poudre !  Vous pouviez même ajouter dans une des crêpes un grand morceau de fil blanc installé doucement avec force méandres, bien recouvert de pâte...celui qui tombait sur cette crêpe avait bien du souci à se faire pour manger...C'est impossible ! j'en ai fait l'expérience, mon frère m'ayant réservé cette gâterie ! Mais ce n'est pas une "vraie"recette, n'en tenez pas compte ! Ah oui, cette cérémonie des crêpes, je la revois encore !

                                            Le Mardi gras annonçait le début du Carême pour les chrétiens, temps de pénitence...Pendant ce temps, on ne mangeait pas de viande le Mercredi et le Vendredi...On faisait "maigre" pendant quarante jours. Le Mardi gras, qui portait bien son nom, était le dernier jour qui précédait cette période...Et je ne sais pourquoi je me souviens de cette année passée en Lorraine par suite de la mauvaise santé de ma mère....Ma grand-mère, très respectueuse des préceptes de la religion comme beaucoup de familles à cette époque, nous faisait manger mercredi et vendredi des oeufs, sous toutes leurs formes et avec des recettes différentes ! C'était vraiment bon et on oubliait très facilement la viande ! Et surtout...Il y avait cette Vaute  traditionnelle, sorte de crêpe épaisse, salée, cuite à la poële, dans l'immense cheminée de la cuisine. Les poëles avaient un manche qui nous semblait immense et qui l'était par rapport à nos poêles parisiennes .... Cette vaute, assez nourrissante, constituait une grande partie du repas, après une soupe de légumes (midi et soir). Elle était accompagnée d'une bonne salade du jardin ..."Jamais que c'était bon"...comme on dit en Lorraine !  Ma mère me racontait que dans sa jeunesse, même le poisson, même les grenouilles étaient interdits pendant le carême...Les grenouilles étaient considérées comme viande...et il y en avait beaucoup là-bas !  Petites réminiscences du passé, de goûts, d'odeurs, de traditions ! C'était jadis.

                                              Pendant la guerre, les "jours sans viande" étant plus nombreux que "les jours avec", on avait abandonné un peu l'idée de "faire pénitence" ! C'était ce qu'on faisait chaque jour ... Et puis, dans les années 1950, la consommation de viande le mercredi pendant le carême, a été autorisée par l'Eglise...Et petit à petit....

                                              Tiens, j'oubliais ! hier soir, j'ai renoué avec la tradition Lorraine... J'ai fait une vaute....souvenirs....souvenirs.....

    Google Bookmarks

    4 commentaires

  •                                       Du haut de ce tilleul...

                                          C'était avant la guerre, par un beau dimanche ensoleillé. Mon père profitait du repos et du beau temps pour cueillir le tilleul. Quoi de plus inoffensif qu'un tilleul... Et pourtant, outre les nombreuses tisanes que ça peut vous aider à faire (et que je n'aimais pas !), il arrive qu'il puisse être utilisé autrement. On ne se méfie jamais assez ! J'avais 16 ans...le bel âge !
                                          
                                           Donc, je décide d'aller rendre visite à une amie et profitant de l'absence momentanée de mon père "perché dans son arbre", je passe par la salle de bains et décide de "faire comme les grandes"! Allez, tout ce qui n'est pas permis est attrayant, et le rouge à lèvres faisait partie de la panoplie "à ne pas utiliser avant.....". Oui, mais ce rouge qui appartenait à ma mère était là, bien tentant, et si je ne craignais pas du tout ma mère beaucoup plus "cool" pour parler jeune, j'avais plus de soucis avec mon père...mais puisqu'il était perché, caché par le feuillage, il ne verrait rien bien sûr...Un petit coup discret sur mes lèvres et à la glace, et me voilà transformée en fille indépendante ! C'était surtout ça qui était important ! Ma mère ne dit rien comme prévu, d'ailleurs, j'avais eu la main excessivement légère...fallait pas exagérer quand même ! Et me voici dans le jardin, passant sous l'arbre...Pourquoi ai-je eu cette idée idiote de prendre un air et un ton désinvoltes et de lancer à mon père (qui ne me demandait rien) "au revoir, je vais chez.... à tout à l'heure". C'était tellement naturel que je lui ai "mis la puce à l'oreille" ! Et la réponse a fusé "Lève la tête et regarde-moi "...Aïe, aïe, aïe...ça devenait scabreux et courageusement, non peureusement, j'ai obtempéré...Et la sentence est arrivée :"remonte à la maison et va enlever ce que tu t'es mis sur la figure" ! Je l'entends encore. La seule solution était l'obéissance, on ne discutait pas un ordre paternel. Ce n'était pas grave, mais si quand même...A ce moment passait devant la maison un jeune voisin, élève de l'École Normale d'instituteurs, et que je trouvais...mon Dieu , assez à mon goût...Mon pauvre petit coeur avait donc bien des raisons de battre et mes larmes commençaient à couler !... de honte ! Et là j'en ai voulu à mon père...et à moi aussi ! pourquoi avais-je été si bête...Interpeller le cueilleur de tilleul n'avait pas été une bonne méthode ! Quand on veut tricher, il est préférable de passer inaperçue....

                                              Cette histoire prouve s'il en était besoin et comme je l'ai déjà dit, que les filles avaient encore beaucoup à faire pour obtenir quelques libertés....Nous les avons eues quelques années plus tard, après bien des soucis qui n'étaient pas de notre âge non plus ! Tout se paie dans cette fichue vie !

    Google Bookmarks

    7 commentaires

  •                                       Une punition jadis..

                                          Je me souviens de ce dimanche de mon enfance...Après déjeuner, je voulais aller jouer avec des jeunes voisines qui étaient aussi mes camarades de classe. J'ai demandé la permission...aïe...plus facile à demander qu'à obtenir à l'époque, il fallait y mettre des formes, ce que vraisemblablement je n'avais pas fait ! Une réplique de mon père en ayant entraîné une venant de moi, ce que je n'aurais pas dû faire, me voici le centre du courroux paternel. Je sais bien que j'avais le tort de "partir au quart de tour", je n'ai d'ailleurs pas changé, et de répondre un peu vite. Ce n'était pas la mode à cette époque...Pan... la punition ne s'est pas fait attendre et me voici installée à la table d'honneur (si on peut dire), nantie de cette injonction paternelle : "Tu vas conjuguer  Je dois répondre correctement à mes parents à tous les modes, tous les temps, toutes les personnes. Ensuite, tu pourras aller jouer !"....

                                           Si l'autorisation était donnée, ce n'était pas gagné ! J'avais environ 8 ou 9 ans. Si je répondais trop vite, je n'écrivais pas avec la même vitesse ! Et ça faisait bien du travail en perspective à deux heures de l'après-midi ! Sans compter qu'en pleurant, on va nettement moins vite ! et que la présentation du devoir comptait, il ne fallait pas bâcler. Donc beaucoup de conditions à remplir avant d'aller rejoindre les autres filles.... Après une petite interruption pour goûter (important  pour ma mère le goûter) , j'ai eu enfin terminé juste ...pour 7 heures du soir. Plus de copines à l'horizon ! mon après-midi se terminait comme il avait commencé, pas trop bien !

                                           D'aucuns penseront que mon père était cruel ? pas du tout, il adorait ses enfants et jouait souvent avec mon frère et moi. Il ne nous corrigeait pas, il punissait...Et c'était le champion de la conjugaison ! Sévère, certainement, c'est ce que nous trouvions à l'époque. Mais il n'interdisait jamais pour le plaisir, il expliquait et c'est ça qui est important. Cela faisait partie de l'éducation et de la vie. La sévérité n'est pas un manque d'amour, bien au contraire. Je pense qu'un enfant qu'on laisse faire ce qu'il veut peut se poser des questions : "mes parents se moquent de ce que je fais, ils ne m'aiment pas". Là, c'est une triste constatation et qui peut marquer à tout  jamais. "Qui aime bien châtie bien".... serait mieux. Le tout, c'est de trouver le juste milieu !

                                           C'était un dimanche des années 1930...avec des pages et des heures de conjugaison....Ce qui prouve qu'on pouvait  très bien se distraire pour "pas cher" ! Et en avoir un souvenir amusé bien des années après !

                                           

     

    Google Bookmarks

    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique