"Faire et défaire, c'est toujours travailler" suivant un dicton dont l'origine m'est inconnue ! Alors, c'est ce que je vais faire après la disparition de l'article que j'avais écrit hier pour publication aujourd'hui (!) et qui s'est volatilisé après avoir été publié l'espace d'une minute hier dans la soirée ! Ne serais-je pas douée ? Je n'ai pas de copie ou brouillon, alors, je reste seulement "dans le ton" !
Aujourd'hui 18 avril, je peux dire "il était une fois...une maison" née en 1934 et disparue dans la nuit du 17 au 18 avril 1944, c'était notre maison, celle où j'avais passé une partie de ma jeunesse avec mes parents et mon frère. Elle était grande cette maison, très confortable pour l'époque, et elle avait un grand jardin garni de fleurs, arbres etc...jusqu'en 1940. Nous y étions heureux avec chats, chiens, et tous les animaux de basse-cour ! Mais voilà...elle était mal placée sans doute, construite pas loin de la gare de triage de JUVISY/ATHIS...(la plus grande gare de triage du monde paraît-il à l'époque de sa construction) !
Depuis l'armistice de 1918, on continuait à parler de guerre, tout en parlant beaucoup de celle qui venait de durer 4 ans et qui avait fait tant de morts et de grands blessés...On "anticipait" celle à venir...et qui est arrivée "pour de bon" comme disent les enfants, le 3 septembre 1939 ... Cette guerre a vu le départ de mon frère et de mon père, tous deux mobilisés. Ma mère et moi sommes donc restées seules dans cette grande maison où tout nous rappelait les jours "d'avant-guerre"...:la chambre de mon frère, qu'il ne reverrait jamais ayant été tué en juin 1940 (nouvelle que nous n'avons apprise qu'en 1942 !), les vêtements de nos deux hommes, nos chien et chat et ces cartes "interzones" que nous envoyait mon père, l'armée allemande qui nous occupait, en ayant décidé ainsi ! Tant bien que mal, nous avons pu survivre jusqu'à cette nuit terrible du 17 au 18 avril 1944...Je n'étais pas encore couchée, étant inquiète. Mon patron m'avait recommandé, pour le cas où il y aurait alerte, d'obliger ma mère à quitter la maison et à aller dans un abri...Persuadée qu'il ne me disait pas ça pour rien, en rentrant à la maison, j'avais prévenu ma mère et lorsque nous avons entendu les premiers coups de sirène, nous nous sommes préparées à partir ! Les fusées éclairantes "tombaient" déjà sur notre quartier dans un bruit assourdissant d'avions, de DCA allemande...et des gens courant aux abris et qui s'interpellaient ! Comme nous avions peur ! Ma mère avait voulu aller au sous-sol fermer le compteur à gaz...précaution inutile ! Et moi, je me suis attardée dans ma chambre pour bien m'imprégner de tout. Je pourrais dire encore maintenant, comment je l'ai laissée cette chambre et où tout se trouvait...Je ne peux oublier...En courant, nous avons rejoint l'abri situé à une centaine de mètres de chez nous, au moment même où les bombes commençaient à tomber sur notre quartier ! Et cela a duré pendant une heure environ...Lorsque nous sommes tous sortis de l'abri au bout de ce temps, le paysage qui s'offrait à nos yeux était insoutenable...Et tout de suite, j'ai vu que notre maison n'existait plus...Elle n'avait vécu que dix ans...Comment peut-on s'imaginer ça ? Horrible, surtout lorsqu'en même temps, vous entendez les appels au secours de voisins pris sous les décombres de tous ces pavillons de banlieue.
1 heure, il lui aura fallu une heure pour disparaître à tout jamais...avec tous nos souvenirs. Souvent, je me pose cette question :"la maison a-t-elle été touchée au tout début du bombardement ou lui a-t-il fallu vivre ça pour être détruite ?". Je crois que les maisons ont une âme de par tous les souvenirs qu'elles renferment, les joies, les peines...
Nous n'avons rien retrouvé hormis des affaires à mon frère...Il n'y avait plus qu'un immense trou rempli d'eau. C'était notre maison, celle à laquelle je pense très souvent, celle de notre jeunesse à mon frère et à moi. Plus rien, il n'y avait plus rien et il nous fallait vivre quand même...
Il y a 70 ans aujourd'hui....