• Faim, gourmandise et dévouement ?...


     
                            Au tout début de l'occupation...juin 1940 -
     

                             Comme tout le monde ou presque, nous étions partis sur les routes pour fuir l'avance allemande...J'étais avec ma tante et mes petits cousins, emmenés avec d'autres personnes dans des camions militaires français, qui se dirigeaient "vers le sud" ? Au fond, on ne savait pas trop, ce qu'il fallait c'était passer la Loire....Voyage qui s'est arrêté brutalement à VIERZON, les soldats français n'ayant plus d'essence et les allemands nous ayant rattrapés ! Le sort en était jeté.... Nous voyons les premiers soldats allemands, le coeur serré d'en être arrivés là...

                             Toutes les rumeurs couraient alors sur les intentions des envahisseurs. On recommandait de ne rien accepter d'eux, il y avait eu paraît-il des précédents pendant les guerres de 1870 et 1914.
                            

                             Un soldat en passant avait donné du chocolat à mon petit cousin. Ma tante le lui a repris, on racontait tant de choses sur des bonbons et de la nourriture empoisonnés…Il fallait se méfier, mais c’était très dur pour les enfants et les grands aussi. La preuve, c’est que le chocolat, le soir, ma tante m’a dit que peut-être on avait tort…et que…et que…enfin que peut-être nous deux nous pourrions y goûter ? Par dévouement bien sûr..ce que nous avons fait...On ne peut tout de même pas laisser ses enfants manger n'importe quoi, sans y goûter à l'avance. S'il y a des risques, c'est aux aînés de les prendre... Soixante neuf ans après, je suis toujours là…cette tablette de chocolat n’était peut-être pas empoisonnée ?

                             Avec le recul, je me demande quand même ce qui nous avait fait agir...La faim, la gourmandise ou comme nous voulions nous en persuader, le dévouement ? Soyons franche, sans doute un méli-mélo des trois et la peur concernant le devenir des enfants. Un peu d'égoïsme aussi ? non, ça serait moche, et pourtant, en réfléchissant bien, le dévouement aurait imposé l'abstinence pour toute la famille... Et si nous avions simplement obéi à notre estomac ? Nous étions sur la route depuis plusieurs jours et la nourriture était rare; les quelques provisions avaient été partagées, les enfants servis en priorité...Réflexe humain de conservation...L'estomac est mauvais conseiller...Et puis on se disait que dès que nous serions revenues à PARIS, nous retrouverions pain, viande, beurre et chocolat pour les enfants, du vrai, bien de chez nous ! Ce fut la plus grande erreur de notre vie ... Le chocolat bien de chez nous avait changé de camp...On ne peut faire confiance à personne ! 

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 5 Mai 2009 à 18:55
    Flûte! des deux, il y a un com' de trop! Geneviève, je vous laisse occire celui qu'il vous plaira...
    2
    Mardi 5 Mai 2009 à 20:42

    Je pense que c'était l'époque qui faisait qu'il ne fallait pas faire confiance à l'ennemi; heureusement, les mentalités ont évolué par la suite, fort heureusement.
    Bonne soirée

    3
    Mercredi 6 Mai 2009 à 09:17
    Bonjour Geneviève,
    Pour ma part, je reste toujours sur mes gardes.
    On a tendance à faire trop vite confiance.
    Bon mercredi toujours avec du soleil, l'été n'est pas loin  
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    4
    Mercredi 6 Mai 2009 à 20:46
    J'étais loin de penser qu'on pouvait en arriver là !
    5
    Mercredi 6 Mai 2009 à 22:57
    Et en 1944, tout semblait tellement bon ! il y avait comme un petit sentiment de liberté qui flottait dans l'air !
    6
    Jeudi 7 Mai 2009 à 21:32
    Ah le chocolat Geneviève ! il vous en aurait fallu manger des tonnes pour garder le moral puisqu'il paraît qu'il possède un effet bénéfique sur celui-ci.Malheur aux vaincus comme on dit et je pense en vous lisant au film "la traversée de Paris" où l'un des clients du "restau" sous le régime du marché noir trouve qu'il est normal que le vainqueur s'approprie les bons produits : je crois que si ce personnage avait existé, vous lui auriez sonné les cloches à ce goujat ! bonne soirée.
    7
    Jeudi 7 Mai 2009 à 22:29
    Le vainqueur de l'époque s'était véritablement approprié tout ce qu'l y avait de bon, mais on essayait de garder le moral quand même ce qui n'était pas facile...Le film "La traversée de Paris" reproduit assez bien certains aspects de la vie d'alors...
    8
    VERO
    Mardi 11 Mars 2014 à 21:11
    Non, on ne peut faire confiance à personne, vous l'avez remarqué, et y compris chez Morsli !!!!
    9
    juvisienne
    Mardi 11 Mars 2014 à 21:11
    Bonjour Geneviève.

    eh! eh! difficile à digérer, cette tablette de chocolat!!!
    difficile à accepter aussi, de la part de l"envahisseur"
    mais 4 ans après... ah! les chewing gums, les chocolats, les oranges que les GI lançaient de leurs camions ! ça, c'était le bonheur !
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