• En ce début d'année....1934...


                                          Crise, scandales, émeutes....

                                          J'étais encore bien jeune pour m'occuper de politique et surtout y comprendre quelque chose. De ce côté, je n'ai pas vraiment changé, seul mon âge l'a fait ! L'enfance a cela de bon que les grands sujets d'actualité lui "passent un peu au-dessus de la tête".....Mais les oreilles fonctionnent bien et même quand on ne veut pas écouter, on entend... Et moi, j'entendais ce qui se disait autour de moi, par mes parents, les adultes voisins ou amis. Tout le monde discutait ferme !

     

                                           Il y avait déjà la crise qui sévissait depuis cette grande crise aux Etats-Unis en 1929, et qui nous arrivait en Europe. Tiens, tiens, on le dit bien : "l'histoire est un éternel recommencement"... Chômage, pointage aux différents bureaux du même nom (je ne sais pas comment ils s'appelaient), ces mots, je les entendais tous les jours dans la rue et à l'école où beaucoup de mes camarades de classe disaient que leur père était au chômage et que chez eux l'argent se faisait rare, très rare même parfois. Les familles touchées et qui ne percevaient que des indemnités dérisoires à cette époque, avaient bien du mal à subvenir à leurs besoins...Le "chômeur" acceptait n'importe quoi comme travail (il ne pouvait refuser plus de deux fois un travail je crois) et était en outre "réquisitionné" pour déblayer les rues par temps de neige ... Et réquisitionné voulait dire qu'il n'y avait qu'à obtempérer...Le salaire ? non mais, on ne peut pas tout avoir ! Enfin passons...tout ça, c'est ce que j'entendais autour de moi. La vie était donc morose et même plus que ça, et en plus, elle était chère....On ne peinait pas à trouver des sujets de conversation, il y avait "la crise"...

     

                                          Nos gouvernants dans tout ça ? Là encore, je me souviens de mon père disant qu'on avait une fois de plus changé de Président du Conseil, que le gouvernement avait démissionné...ça arrivait tous les quatre matins. Je pense que personne n'avait le temps de s'installer ! Mon père ne décolérait pas, je m'en souviens...Tout y passait, "la guerre de 14, les sacrifices, qu'ils s'étaient tous battus pour rien."..Sans rien y comprendre, je me rendais bien compte que quelque chose ne marchait pas droit dans notre pauvre pays....Et pour couronner le tout, on découvrait des scandales financiers, des histoires de pots de vin, des hommes politiques et des financiers qui étaient mêlés à de drôles de petites magouilles...tout ceci nous amenant à l'affaire STAVISKY, le scandale du siècle ! Il s'est "suicidé" celui-là...bon, bon, c'est ce qui a été écrit dans les journaux, officiellement... Mon père ne décolérait toujours pas...ça ne servait à rien certainement, mais ça lui faisait du bien ! Et ce scandale nous a amenés aux émeutes de février 1934... Là, je me souviens avoir eu peur. Nous habitions en banlieue, mais mon père travaillait à PARIS et notre capitale n'était pas de tout repos....Quand il rentrait le soir, il nous donnait les dernières nouvelles : autobus renversés, émeutes dans les rues....Des mouvements divers se créaient, droite, gauche, extrême-droite, extrême-gauche...Pour moi, c'était un ron-ron de mots incompréhensibles, je savais seulement que le danger était là et que j'avais très peur de ne pas revoir mon père, qu'il soit blessé, mort peut-être, pris dans ce monde de violence. Il en passe des idées dans la tête d'un enfant qui ne comprend pas, il fait lui-même son cinéma...Et voilà pourquoi je n'ai jamais oublié ce jour du 6 février 1934.

     

                                            Soixante quatorze ans plus tard...et on reparle de crise, de scandales, de financiers qui s'enrichissent, de gens qui s'appauvrissent...L'Histoire est vraiment un éternel recommencement. Espérons que nous en resterons là...

                                           

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  • Commentaires

    1
    Lundi 2 Février 2009 à 16:59
    Eh oui, ça ne finira donc jamais ?
    Nous avoons toujours de la pluie.
    Bonne fin de journée.
     
    2
    Mercredi 4 Février 2009 à 22:23
    Bonsoir Geneviève.Et ces émeutiers de février 34 qui utilisaient leurs cannes épées pour trancher le jarret des chevaux des forces de l'ordre : pauvres bêtes qui sont toujours les premières à souffrir de la sottise et de la barbarie des hommes.Bonne soirée.
    3
    Mercredi 4 Février 2009 à 23:08
    Je n'oublie pas cette ambiance et la peur que j'avais. Je me souviens maintenant en effet que les émeutiers coupaient les jarrets des chevaux; c'est ce que racontait mon père. Il était écoeuré de tout . Les émeutes étaient à PARIS et nous habitions en banlieue.
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