Par
Magitte dans
overBlog le
19 Août 2008 à 17:05
Mode et...obligation !
Le costume pour les hommes (j'en ai déjà parlé)...le chapeau pour les jeunes filles et les femmes ! On ne pouvait y échapper surtout avant la guerre...Non seulement la mode le voulait ainsi, mais
c'était une question d'éducation : on ne sortait pas "en cheveux" !... ça ne se faisait pas ! Quand on commençait à ressembler à une petite jeune fille, on avait droit à un
chapeau, surtout pour sortir le dimanche ! Chapeau de paille l'été, chapeau en feutre l'hiver, béret ou petit bonnet pour aller en classe...Il y avait le choix. Le chapeau d'hiver se portait
à partir du mois d'octobre et celui d'été à partir des Rameaux ou au plus tard de Pâques...qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige ! C'était ainsi !
Chez moi surtout, mon père était intransigeant et ne badinait pas avec la discipline ! donc chapeau obligatoire. Je me souviens qu'en 1939, alors que j'avais commencé des études à Paris, j'avais
tricoté au crochet une petite calotte et que...dès que j'avais quitté la maison, je la pliais et la mettais dans mon classeur...Pas vue, pas prise...Mon père avait bien émis l'idée que ça ne
ressemblait pas trop à un chapeau, mais bon...l'honneur était sauf !
Ces chapeaux, nous pouvions les acheter dans des magasins ou les faire faire chez une modiste...Il y en avait des simples, des très travaillés, tarabiscotés, emplumés etc...Toutes les fantaisies
étaient permises ! Allez faire mettre ça maintenant aux jeunes filles et même ...à leurs mères ! Quand je suis devenue adulte, j'avoue que j'ai bien aimé cet accessoire ! Puisqu'il en fallait un,
autant qu'il vous plaise non ? Pendant la guerre, j'avais réussi à m'en faire faire un que je trouvais magnifique... Il avait une petite plume sur le côté qui me donnait un genre "chasseresse".
Malheureusement, je ne l'ai pas gardé longtemps et pour cause...Ma mère et moi avions pris le train pour aller à Paris (nous habitions la banlieue) et maman s'était assise face à moi. ..et pendant
les vingt minutes que durait le voyage, elle a eu d'une part les yeux fixés sur mon chapeau et, d'autre part des petits soubresauts de rires qu'elle avait bien du mal à réprimer !
j'étais furieuse et dès le lendemain j'ai revendu cette oeuvre d'art à une amie, pour "trois francs six sous". Je ne l'avais pas acheté pour assurer le divertissement des gens, même de ma mère que
j'aimais beaucoup ! Je me suis contentée par la suite des turbans qui étaient la grande mode entre 1940 et 1945 et qu'on pouvait faire soi-même, sans grandes difficultés !
Après la guerre, on a commencé à moins porter de chapeaux, mais tout de même c'était encore l'usage pour les sorties, les cérémonies...J'avais une amie qui me disait que j'avais "une tête à
chapeaux" (?) et quand elle n'avait pas le moral car elle venait de perdre son mari dans le tremblement de terre d'Agadir, elle m'emmenait aux Magasins Réunis Place de la République à PARIS et pour
la distraire, j'essayais des chapeaux ! Je n'achetais rien bien sûr, mais nous avions passé un bon moment, pas trop ruineux...
Mon dernier chapeau m'a laissé un goût amer...c'était en 1965, pour la communion solennelle de mon plus jeune fils. J'avais un "amour de petit bibi" que j'avais fait faire l'année d'avant pour la
communion de sa soeur. La veille de la cérémonie, mon fils me dit :"Maman, est-ce que tu mets pour ma communion le chapeau que tu avais pour la communion de ma soeur ? " Et il ajoute très
sérieusement :"parce que si tu le mets, moi je ne vais pas à ma communion" ! Il ne se rendait pas compte, on avait vraiment besoin de lui ce jour-là ! Alors, j'ai abdiqué...j'ai promis de ne pas
mettre le chapeau qui n'est plus jamais ressorti de son carton ! C'en était terminé de ma période "chapeaux". Bof...ça n'a pas été la catastrophe du siècle, bien au contraire ... J'allais enfin
être à la mode, sans chapeau !
Plus de chapeaux, plus de modistes.....La page est tournée.
Bises à vous. Bonne soirée.