-
Astuces...et désobéissance...
Souvenirs de 1942....Le français est frondeur, c'est bien connu et..."quand on n'a pas de pétrole, il faut avoir des idées", suivant la formule consacrée qui date de beaucoup plus tard, mais qu'on avait mise en application avant la lettre ! Il y en avait des choses interdites dans les années 1940. Je crois bien que nous n'étions pas tout à fait libres ? C'est même une certitude...Et ça, quand on est français et donc frondeur, c'est inacceptable ! On s'arrange alors, quelques petites astuces aidant....c'est ce qu'on faisait....
Je travaillais alors dans le 16ème arrondissement de PARIS, dans un bel immeuble équipé d'un ascenseur. Je m'occupais d'enfants d'une famille qui me confiait les siens...Il fallait bien travailler ! Et j'étais tombée dans une famille charmante. Habiter un quatrième étage, quand il y a un ascenseur, rien à dire, au contraire ... Mais voilà, les occupants avaient décidé que le sport ferait beaucoup de bien aux français et qu'il serait bon pour eux d'emprunter les escaliers, sauf à habiter à partir du 5ème étage ! Je crois aussi que, plus que pour notre bien, c'était une mesure de restriction comme il y en avait tant ! Allez savoir, ils avaient les idées, nous les astuces !
Curieusement, les habitants du 4ème étage de l'immeuble se retrouvaient sur le palier du 5ème d'où ils prenaient l'ascenseur...Suivez bien : pour descendre, on montait un étage à pieds et on en descendait 5 en ascenseur...Quand vous sortez avec des enfants, c'est appréciable ! Au retour, montée jusqu'au 5ème avec ascenseur(impossible de s'arrêter avant), puis descente d'un étage par ses propres moyens...Ni vu, ni connu...et la concierge devenue sans aucun doute mal-voyante, laissait faire ! Et le règlement était respecté....presque ! Mais, qu'est-ce qu'il y avait comme gens qui habitaient les cinquièmes étages !
Ces petites astuces énervaient prodigieusement l'occupant qui trouvait que les français étaient trop débrouillards ! que voulez-vous, nous sommes ainsi. Mon mari m'avait rapporté qu'un allemand avait dit "ces français, si on les enfermait dans une pièce vide, ils finiraient par la meubler et y faire de la cuisine "... Désobéir alors devenait un sport national et il est vrai que nous étions doués...C'était notre petite revanche, en attendant mieux. Les interdits ? on passait outre ! Pas le droit d'écouter la radio anglaise ? bof....ça grésillait, c'était brouillé...mais ça s'écoutait quand même avec ferveur...si ce n'était pas chez vous quand vous ne pouviez rien capter, il y avait bien un voisin dans le quartier qui vous accueillait, vous permettant ainsi de coller vos oreilles au poste ! Résistance à coups d'épingles, mais résistance quand même....Petit à petit, l'oiseau fait son nid...
-
Commentaires
1ArmideJeudi 30 Avril 2009 à 17:22La fronde des Français est parfois bénéfiqueRépondreBien sûr que non, il n'y avait pas 40 millions de pétainistes. Je suis toujours fâchée qu'on fasse passer les français d'alors pour des "collabos". Mais cette petite résistance à des trucs qui peuvent paraître insignifiants, énervait prodigieusement l'occupant. ! Ma mère, elle, "résistait" en n'acceptant pas l'heure du couvre-feu (elle allait écouter la radio anglaise chez des voisins, et revenait systématiquement 1/4 d'heure après le couvre-feu..Elle était Lorraine, ceci expliquant peut-être cela. Elle désobéissait !En vous lisant, je pense à la débrouillardise de mes parents, ils m'ont raconté comme vous des tas de petites anecdotes, et je reconnais là l'esprit bien français et c'est resté je pense, dans les mentalités.
Bonne soiréeMerci pour tous vos commentaires...Oui, il nous fallait bien être débrouillards et en plus, c'était faire "la nique" à l'occupant et ça faisait plaisir !Ah! j'aime les petites astuces dont nous sommes capables..ou coupables peut-être? tout dépend du contexte et tant que ça ne fait de mal à personne.. Sophie7morsliMardi 11 Mars 2014 à 21:11Ce que j'apprécie dans vos articles, c'est que vous confirmez ce que je savais par les livres sérieux sur la question, c'est qu'il n'y avait pas 40 millions de pétainistes à l'époque.Les donneurs de leçons, 70 ans plus tard me font bien rire eux qui rasent les murs les jours de grand vent.Bonne fin de semaine.
Ajouter un commentaire