Il
y a cinq
ans....
A 7 h.30, quand le téléphone a sonné, nous avons compris. C'était fini ... Les bonnes nouvelles ne s'annoncent jamais le matin de bonne heure. Tu avais été le premier arrivé en 1947, et tu étais
le premier parti. Depuis quelques jours, nous savions que c'était inéluctable, mais veut-on y croire ? oh non ! Moi, j'entends toujours ta voix me disant quelques jours auparavant au
téléphone :"Vous dînez ? occupes-toi bien de mon petit Papa, je te rappellerai demain".. Il n'y a pas eu de demain, tu ne t'es presque plus réveillé. Ton "petit papa" comme tu disais, malade
depuis tant d'années, a trouvé que ce n'était pas juste, que ce n'était pas à toi de partir....et nous tous qui ne voulions pas y croire, nous étions anéantis... Je n'ai pas besoin de cette
date pour me souvenir...Un enfant, même à 56 ans, est toujours un enfant . Et après, il faut vivre...avec des souvenirs.
Parmi tous mes souvenirs, il y en a un, anodin et amusant qui me revient souvent à l'esprit. Quel âge avais-tu ? 16 ans à peu près...Tu t'étais choisi un jean (ton premier achat important !)
et tu m'avais demandé d'y apporter quelques retouches...C'était un Lewis...En bonne mère, j'ai fait tout ce que tu m'avais demandé, et...mieux encore ! Quand tu es rentré, je t'ai dit "Tiens, ton
pantalon est prêt..Mais qu'est-ce que j'ai eu comme mal à enlever l'étiquette qui était derrière, elle avait été cousue à l'endroit et prise dans la couture ".... Seigneur ! ce "tu n'as
pas fait ça ?" m'a fait comprendre que j'avais fait une énorme bêtise ! ....Je n'étais pas moderne et je ne savais pas qu'il fallait se promener avec une marque de fabrique bien en vue sur son
postérieur ! Je me demande même si tu n'avais pas acheté ce pantalon uniquement pour l'étiquette ! Tu étais déçu, mais ensuite nous avons tous ri....Et je me suis bien gardée à l'avenir de
"détruire" ces marques si importantes pour des jeunes !
C'est un souvenir parmi bien d'autres, bons, moins bons parfois, mais que je garde bien enfouis. Ainsi va la vie....avec ses joies, ses peines.