•                     Des mots pour le dire...

     

                        Cela se passait bien avant la guerre, vers 1935...Ma mère avait une amie dont le fils, très intelligent (et qui le savait !), allait au même collège que mon frère. Un jour, voulant rendre service à son amie qui était partie à PARIS pour l'après-midi, ma mère lui dit qu'elle irait chercher son fils au collège et le ramènerait à la maison. Cet enfant était âgé alors de 9 ou 10 ans....Il n'était pas agréable tant il était imbu de sa petite personne.

     

                         Alors que nous avions l'habitude de goûter avec pain et chocolat, ma mère veut se "distinguer" et faire plaisir au petit garçon...Elle nous achète des croissants ce qui, pour nous, correspondait "à la grande vie" ! Elle en donne un à ce petit qui le refuse et croit bon de lui dire avec un air méprisant : "Un croissant, c'est piteux" !!! Pauvre maman ! elle était désolée...elle aimait les enfants et voulait faire plaisir .... Mais elle a eu le réflexe de reprendre le croissant et de dire "Tu as raison de ne pas le manger si ça ne te plaît pas, mais tu n'auras rien d'autre" !

     

                          Mon frère et moi nous étions choqués des manières de ce petit garçon. Nous n'étions pas des saints, mais jamais nous n'aurions osé faire ce qu'il avait fait ! Le soir, ma mère a raconté cette histoire à mon père...qui en a profité pour nous faire la morale...Il nous a fait comprendre qu'il était mal et méchant de mépriser les autres et de les vexer...Les leçons de morale, nous n'en manquions pas...c'était ça l'éducation !

     

                           Et maintenant ? Il est souvent d'usage de "mépriser" celui qui est moins riche, qui n'est pas "arrivé" par manque de moyens sans doute, ou parce qu'il n'a pas su se débrouiller, avec tout ce que cette expression comporte....Des enfants à l'école, méprisent les élèves qui n'ont pas des vêtements "de marque"...il s'ensuit des bagarres graves souvent ! Du mépris des uns à la jalousie des autres, il n'y a pas loin...On parle beaucoup de harcèlement à l'école en ce moment, celui-ci pouvant résulter de ce mépris de certains...Des enfants se sentent "rabaissés", pas comme les autres....Et ça, ils ont du mal à l'admettre et sont pris par cet engrenage des envies auxquelles les parents ont du mal à résister....Toujours plus, pour être comme tout le monde ! Triste époque...

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  •                     Souvenirs d'enfance...

     

                         Quand je pense à mon enfance, je pense tout naturellement à mes parents, aussi dissemblables qu'on puisse l'être ! Mon père, gai, jovial, amusant tout en étant très sévère...Quand il nous punissait, ce n'était pas "pour de rire" comme disent les enfants...Il ne "levait" pas les punitions, même celles données par ma mère...Il était beaucoup plus cigale que fourmi...Il chantait "Avoir un bon copain" mais il avait DES bons copains ! Et il les invitait à la maison...Ma mère et lui se partageaient le travail : Papa invitait, maman faisait...tout le reste ...Mon père était parisien, maman de la campagne...Il commandait, elle obéissait de grand coeur ! Par contre, ils étaient toujours d'accord sur un sujet : notre éducation et les résultats à l'école...

     

                          Mon frère et moi, nous les aimions tous les deux autant. Et il a fallu que je devienne adulte pour me rendre compte que le dévouement de ma mère pour son mari, ses enfants, sa maison, était immense...Petite anecdote : elle aimait que la maison soit toujours impeccable...Alors l'hiver, quand nous ne pouvions jouer dehors, elle nous rapportait du marché des craies pour que nous puissions faire...une marelle dans le vestibule ! Dès que nous avions fini de jouer, elle lavait par terre ... et nous trouvions ça normal ! Et pour les repas, curieusement elle n'aimait pas trop la viande..alors, elle nous la partageait....Acheter une robe ? oui, à la condition que ni son mari, ni ses enfants n'aient besoin de vêtements... Et nous ne nous rendions compte de rien ! comme les enfants sont ingrats parfois...tout nous semblait si naturel...Oh, ce n'était pas la maman à nous dire des mots doux...je crois qu'elle aurait eu un peu honte. Mais elle nous aimait tellement et ça, on le voyait...

     

                            Quelques années plus tard, je suis restée seule avec elle, la guerre étant là...Je n'ai jamais manqué de rien, elle essayait de cuisiner au mieux le peu qu'on nous distribuait et elle a été obligée de travailler. Et c'est alors que j'ai compris que, pour que mes nuits soient bonnes, les siennes

    n'ont pas toujours été calmes...Et cette guerre ne l'avait pas épargnée, mort de son fils, perte de sa maison et bien d'autres soucis....

     

                             Le dévouement des mères n'a pas de limites...Si je cite souvent mon père, ma mère a sa petite place bien à elle dans mes souvenirs. Une maman ? on n'a jamais rien fait de mieux !

     


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  •                     Février 1956...

     

                        Depuis trois mois, nous avions quitté notre banlieue et habitions à nouveau PARIS avec nos trois enfants. L'aîné était inscrit à l'école au cours moyen et les deux plus jeunes allaient dans un jardin d'enfants près de chez nous...Ils étaient encore bien petits...4 ans et à peine 3 ans pour le plus jeune. A cet âge, on aime ou...on n'aime pas l'école ! Et lui...il n'aimait pas et ne s'en cachait pas...Il n'avait déjà pas apprécié le déménagement et le changement de chambre évidemment ! Et PARIS ne l'inspirait pas plus que ça....Et voilà qu'en plus, il y faisait très froid..., de plus en plus froid même...De quoi vous dégoûter de la capitale (alors qu'il faisait le même temps à JUVISY d'où nous venions...) .

     

                          Il n'y avait plus qu'un sujet de conversation...le froid ! Tout gelait, les commerces de légumes étaient très peu approvisionnés : impossible de ramasser pommes de terres, carottes, poireaux et autres légumes.. Le peu que nous trouvions était trop cher et pas beau du tout ! une simple soupe devenait un plat de luxe ! Alors, pâtes, riz, légumes secs, laitages, faisaient le "bonheur" des familles... Courant février, la directrice du Jardin d'enfants a donné le conseil aux mamans qui le pouvaient, de garder leurs enfants à la maison...ce que j'ai fait pour le plus grand bonheur de notre benjamin ... Notre fille était privée car pour elle, l'école était une véritable passion... Mais véritablement, nous manquions des équipements nécessaires pour ces grands froids. Seul l'aîné partait courageusement à l'école, bien emmitouflé dans ses vêtements et en courant pour se réchauffer...

     

                            Nous arrivions à chauffer l'appartement mais en "forçant" sur le charbon, la salamandre étant "relancée" régulièrement ! Quel hiver ! quels souvenirs ! Et on parlait déjà des SDF...deux années auparavant en 1954, l'abbé Pierre avait essayé d'attirer l'attention des pouvoirs publics et de tout le monde, sur tous ces malheureux qui ne trouvaient pas à se loger...Le manque de logements se faisait cruellement sentir, la France étant restée en léthargie pendant toutes les années de guerre...Se loger à l'époque ? c'était une gageure...Nous avions eu cet appartement à PARIS grâce à mon oncle dont la mère était propriétaire de l'immeuble....Combien de personnes versaient des "dessous de table" pour une simple sous-location !... Les années d'après-guerre n'ont pas toujours été belles et quand le froid s'en mêlait.......ça n'arrangeait rien...

     

                             Et aujourd'hui, nous parlons de printemps précoce.....

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  •                      Merci mon Dieu....

     

                         Je sais...tout pourrait être pire ! il pourrait faire plus froid, plus chaud, il pourrait tomber des trombes d'eau,on pourrait manquer d'eau...que sais-je encore ! Ce qu'il faut, c'est accepter ce qui nous arrive pour notre plus grand bien en se disant que "ça pourrait toujours être plus grave"... Optimisme, sagesse ? Moi, je ne suis qu'une pauvre femme rouspéteuse et qui "explose" au 1/4 de tour ! Si j'ai froid, je le dis, si j'ai trop chaud je grogne, si je casse quelque chose chez moi, je suis furieuse après moi....en un mot, je n'accepte pas tout facilement ... Voilà sans doute pourquoi je me souviens de cette petite histoire racontée par mon père (encore lui !), histoire très édifiante comme vous pourrez en juger :

     

                           Un brave homme acceptait tous les malheurs petits ou grands qui lui arrivaient et...il en remerciait le Ciel. C'était son droit ! Il se promène un jour dans la campagne, des oiseaux évoluaient dans le ciel...Un de ces petits volatiles, en passant au-dessus de lui, laisse tomber une petite crotte sur le crâne de notre homme....C'est un risque à courir quand on se trouve dans la trajectoire ! Loin de lui l'idée de grogner après les oiseaux et  leur désinvolture...Pas du tout...Il s'arrête et, prenant le Ciel à témoin, il lance ce remerciement :" Ah Merci mon Dieu d'avoir fait que les vaches ne volent pas "!

     

                            Évidemment, les dégâts n'auraient pas été les mêmes ! Alors, il était content ....

     

                            C'était juste pour sourire un dimanche....

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  •                      Que nous sommes en hiver !

     

                          Si l'on en croit cet objet indispensable dans toute bonne maison (j'ai nommé le calendrier), il paraîtrait que nous sommes en hiver et ce depuis un mois déjà... La météo n'est pas tout à fait d'accord...Il fait doux pour ce mois de janvier, un peu partout en France...On parle beaucoup de réchauffement de la planète et quand je me souviens des hivers de ma jeunesse, je suis bien obligée d'admettre que tout change !

     

                           Quand j'étais enfant et même adolescente, lorsqu'arrivait l'hiver, il n'y avait aucun doute...il faisait très froid ! J'habitais alors en banlieue de PARIS et la neige faisait souvent son apparition, et même, pour faire bonne mesure, elle restait présente plusieurs semaines parfois pour la plus grande joie des enfants mais pas toujours de leurs parents ! C'est qu'il fallait chauffer les maisons et ce n'était pas toujours aisé...Cheminées, poëles, cuisinières, étaient assez gourmands de combustibles et si on voulait avoir chaud, il fallait "pousser" le chauffage ce qui coûtait très cher ! Et les maisons et appartements n'étaient pas isolés comme à l'époque actuelle : pas de doubles vitrages, des courants d'air passaient sous les portes, par les fenêtres même bien fermées....On se couvrait bien de lainages et autres vêtements chauds, d'édredons dans les lits en plus des bonnes couvertures de laine ! Et ne pas oublier pour les lits, les bouillottes ou les briques chaudes qu'on y déposait le soir, avant d'aller se coucher !

     

                             C'était ça, l'hiver...on se protégeait, on mangeait de bons plats mijotés sur la cuisinière, de bonnes soupes....Tout cela avait son charme ! Oh bien sûr, le progrès a du bon et personnellement, je l'apprécie à sa juste valeur...mais avec peut-être un peu de nostalgie pour cette époque ! Et j'étais jeune alors, ce qui arrangeait tout...

     

                              Je vous dispense de mes récits de guerre, époque pendant laquelle les hivers ont été particulièrement rudes et doublement ressentis...manque de charbon et de bois...Nous avons vécu quand même et survécu ! Le corps humain s'adapte à tout semble-t-il !

     

                               Tout ceci, pour en revenir à cet hiver 2011/2012 qui ressemble à un printemps précoce...Est-ce que c'est bon pour la nature ? Des arbres bourgeonnent parait-il...ils sont en avance et que se passera-t-il si l'hiver se souvenant que c'est son époque, reprenait le dessus ? Sommes-nous responsables de ce réchauffement de la planète ? Il semblerait que OUI en grande partie...Pour vivre mieux, nous prenons des risques immenses...Est-ce bien raisonnable ? Et si chacun de nous s'en souciait un peu et essayait d'agir "dans le bon sens"? Ce confort obtenu après bien des privations nous semble indispensable....Quel dilemme !

     

                                C'était mon "avant/après" qui donne à réfléchir....

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