Dimanche 5 juin 1983...

                    C'était une belle journée...Nous étions en vacances dans une résidence de vacances "professionnelle" à ST JEAN CAP FERRAT.... Le site était admirable, l'ambiance très agréable, nous avions retrouvé des amis charmants, et surtout...La France était en finale à Roland Garros, représentée par Yannick NOAH qui affrontait Mat WILANDER...On a beau dire, ça fait quelque chose et comme tout le monde, la petite fibre patriotique aidant, nous ne voulions pas rater ça ! Ah ! mais...

                    Sans être particulièrement sportifs, mon mari et moi aimions regarder les matchs de tennis à la télévision...Depuis des années, nous ne rations jamais Roland Garros ! A défaut d'aller sur les courts, nous nous installions confortablement dans un fauteuil et "Défense de déranger" ! (A noter que mon mari avait la même passion pour le foot et le rugby...sans commentaires...) Mais voilà, l'après-midi s'étirait, le match était serré, durait et l'air pur nous appelait ! Comment choisir entre deux tentations ? Nous avions projeté une promenade le long de la mer avec nos amis...Le cas était cornélien...Tennis ? Promenade ? Nous finissons pas opter pour la promenade, sauf le mari de mon amie, accroché à son fauteuil et à son écran de télévision ! Promenade que nous voulions très courte, juste le temps de prendre l'air et de profiter de cette belle fin d'après-midi...Notre rendez-vous n'était pas terminé, il nous fallait faire vite...Et voilà que nous voyons arriver en courant et en gesticulant, notre ami tout surexcité, et qui criait : "C'est Yannick qui a gagné...c'est Yannick, c'est Yannick "!!! Il avait attendu notre sortie pour envoyer à Wilander ce dernier boulet dont il avait le secret, et nous n'avions pas vu ça ! De quoi être déçu non ? Mais bon, nous n'avions pas compté sur la télévision et les journalistes...Avec un peu de retard, nous avons pu voir ce brave garçon se jeter dans les bras de son père après avoir sauté par-dessus le filet ! Inoubliable...

                      Le soir, dans la salle de restaurant, tout le monde commentait. Nous nous sentions tous un peu "Noah" et nous étions tous fiers, à croire que le mérite nous en revenait...Emus, contents, rassurés aussi. Et ce jeune garçon semblait si heureux...Les deux adversaires s'étaient bien battus et Mat Wilander était aussi un garçon charmant...Bravo Messieurs !

                      Roland-Garros 2010 se termine. Il n'y a plus de français en lice depuis déjà plusieurs jours, mais ça ne fait rien, le sport n'a pas de frontières...enfin, en principe ! J'admire toujours autant, même si je ne suis plus assidue devant la télé...Que le meilleur et la meilleure gagnent !

                        Se sentir responsable...quelle responsabilité !

                    Quatre mois...c'est un peu jeune pour subir l'abblation des végétations...Mais (thérapie de l'époque sans doute !) c'est ce qui nous avait été prescrit pour notre fille, pauvre petite poupée qui n'en sortait pas des otites...Mais l'oto-rhino nous avait alors dit qu'il ne pouvait faire ça à la maison et qu'il fallait l'hospitaliser pendant deux jours...Son frère aîné devant être opéré des amygdales et des végétations, il avait été convenu que les deux iraient à l'hôpital ensemble. A noter que jadis, ces opérations se faisaient fréquemment à domicile...époque révolue heureusement !

                     Jean-Michel avait tout juste 4 ans et nous lui avions dit qu'il restait à l'hôpital pour surveiller sa petite soeur qu'il adorait. Il aimait les responsabilités...A cette époque, c'était encore "les salles communes". Notre fils était donc dans une salle et sa soeur, étant donné son jeune âge, avec les tout petits, dans un berceau.

                     Lorsque nous sommes venus voir nos petits, les religieuses-infirmières étaient "en ébullition" et un peu fâchées il faut bien le dire ! Le matin, plus de berceau, plus de fille...Enlèvement ? Elles avaient dû avoir bien peur ! Pas du tout, elles ont retrouvé le berceau du bébé près du lit de notre fils, tout contre...C'était lui qui avait non pas enlevé, mais déplacé sa soeur...dans quel but ? Oh, c'était simple...il avait dit qu'il la surveillerait et il avait trouvé que la meilleure solution était de l'avoir près de lui ! Il assumait ses responsabilités...Que dire ? Nous lui avions tellement dit que c'était la raison pour laquelle il couchait à l'hôpital...Il ne voulait pas nous décevoir et puisque surveillance il devait y avoir, il surveillait ! Nous nous sentions un peu responsables...les enfants prennent "à la lettre" ce qu'on leur dit !

                        Mode ? pas seulement...

                    Quand je vois les tenues des nouveaux-nés maintenant, je me souviens de tout ce qui constituait le trousseau de mes enfants...il y a une bonne cinquantaine d'années...Normalement habillé, bébé devait avoir sur lui 3 brassières : une en fin linon, une plus chaude d'un coton un peu molletonné, et enfin une en laine la plupart du temps tricotée amoureusement par sa jeune maman, ou les grands-mères ! Et ne pas oublier les couches, en tissu, de différentes sortes aussi. Toujours deux ou trois ...Et pour bien tenir ses petites jambes au chaud, les maillots dans lesquels il était bien emballé et "saucissonné" ! Ces maillots avaient un autre rôle : tenir bien droit ses reins et éviter aux jambes de prendre une forme un peu arquée ! Un vrai emballage-cadeau ! Je crois me souvenir que ma mère me disait que lorsque j'étais bébé, ce maillot faisait partie de la tenue pendant de nombreux mois.... Pour mes enfants, il y avait déjà eu des progrès, puisque le maillot était assez vite abandonné pour la journée et n'avait sa place que pour la nuit ... Maillots en coton très épais, absorbant, et en tissu de laine...Ouf ! enfin prêt, mais surtout pas prêt à gesticuler, le pauvre petit !!!

                      Lorsque mon plus jeune fils est né, sa soeur avait vingt-deux mois...Une vraie petite poupée et déjà tellement bavarde ! Je me souviens qu'elle était venue me voir à l'hôpital et que, voulant voir son petit frère, elle avait été un peu décontenancée de voir ce paquet...Elle voulait que la religieuse-infirmière qui l'avait dans les bras, le lui donne et disait "Donne-moi ça, c'est pas un bébé, c'est une poupée et d'abord, il a pas de jambes" ! Et c'était vrai, ses jambes étaient cachées, et pour ma fille pas tellement plus âgée, un bébé se devait d'avoir des jambes...Elle ne comprenait pas...

                       Ces petits qui gigotent librement et joyeusement dans leurs berceaux maintenant ne sont pas plus "mal en point" que leurs aïeux....Ils sont plein de vie....Et les mamans n'ont plus ces horribles maillots à laver (à la main) et surtout à faire sécher !!!! Vive le progrès !

                                        Il aurait pu être si beau...

                    Quand j'ai atteint l'âge des examens, ce mois de Juin était celui de tous les soucis...Révisions d'abord puis...exécution ! on ne pouvait plus reculer...Notre sort dépendait de quelques notes...C'était quand même la bonne époque ! On allait vers "notre jeunesse", cette belle jeunesse dont on parlait tant et qu'on s'imaginait être celle de toutes les libertés ! Pure imagination !

                    Juin 1940 est arrivé...depuis le 10 mai, on commençait à avoir peur et à réfléchir sur notre force vis-à-vis de l'Allemagne...Alors que tout se précipitait, nous avons bien été obligés de revoir nos futures libertés à la baisse...Si notre jeunesse était là, elle allait avoir fort à faire pour essayer de vivre cette époque peu commune et à laquelle nous n'avions pas été vraiment préparés...En fait de libertés, nous avons eu droit à l'exode et, "cerise sur le gâteau", à l'occupation allemande ! Nous avions rêvé mieux. Et cela a duré quatre longues années. S'il y a des années qui semblent passer rapidement, d'autres au contraire semblent s'étirer lamentablement. Ce fut le cas de ces 4 années. Exit notre jeunesse et ses "joies" !

                     Il y a de cela 70 ans...et à cette époque de l'année surtout, je ne peux oublier. On "nous a volé quelque chose" ! Une période de notre vie a été tout simplement gommée. L'insouciance de la jeunesse a été remplacée par les responsabilités, le malheur souvent et il nous a fallu "faire avec" bon gré, mal gré. Il ne sert à rien de récriminer, mais je ne peux m'empêcher de penser...et de regretter ce qui aurait pu être si....Personnellement, j'ai l'impression d'être passée de 17 ans 1/2 à....22 ans. Il manque quelque chose : plusieurs années, plusieurs mois de juin qui se sont confondus avec les autres mois de l'année, jusqu'à ce jour de Juin 1944 qui est venu tout rétablir et redonner espoir ! Mais pour la jeunesse...il y avait retard. Mes parents m'ont fêté mes vingt ans à.....23 ans ! Il y a un trou dans mon emploi du temps !

                      Fichu mois de Juin....Toujours période des examens pour beaucoup de jeunes à qui je souhaite bon courage et réussite !