•                     Souvenirs...de souvenirs !

                        Des souvenirs de ma mère, je n'en raconte pas souvent...Elle n'était pas bavarde comme mon père et moi. Mais quelques souvenirs de la grande guerre lui revenaient à l'esprit de temps à autre et elle nous les faisait partager...Née début 1900, elle avait 14 ans quand la guerre a été déclarée et presque 19 ans le jour de l'armistice. Toute sa jeunesse.... Décidément, ça se fait beaucoup dans la famille de "sauter" cette part d'existence... Habitant dans un petit village de Lorraine, pendant plus de quatre ans elle a entendu le canon tous les jours, le front étant à 15 ou 20 kms d'Affracourt...Pas un jour de tranquillité et des images affreuses souvent, lorsque les blessés redescendaient à l'arrière, les mêmes que ceux qu'elle avait vus monter en lignes avec courage. Son village, était un point de "repos" pour les soldats. Repos tout relatif, mais au moins, ils n'étaient pas au coeur même de la bataille. Toutes les troupes passaient par là...

                         Elle se souvenait notamment de troupes coloniales, avec des anamites qui recherchaient toujours des "boules" pour manger (ils voulaient dire des poules). Ils en réquisionnaient ! enfin...elles disparaissaient ! Elle nous citait des noms de régiments, de compagnies (le 56ème de ligne si je me souviens et tant d'autres), partis d'Affracourt au complet et redescendus au repos...à quelques uns ! Comme tout cela l'avait marquée.

                          Dès le début de la guerre, des familles entières d'Affracourt, village d'une centaine d'habitants à peine, étaient déjà décimées. Et elle nous parlait de cette famille qui, dès le mois d'octobre 1914 avait déjà eu deux fils tués, le père a suivi peu de temps après...La mère s'était jetée dans le puits de désespoir.... Cette guerre fut vraiment une boucherie.

                           20 ans après, ma mère perdait son fils dans une autre guerre...

                          Aussi, ce matin, en regardant à la télévision les cérémonies du 11 novembre et cette réconciliation franco-allemande, j'étais heureuse et je me suis prise à espérer qu'enfin on ne reverrait jamais ça. Un nouveau pas a été fait dans ce sens, il en faudra peut-être bien d'autres, mais la voie est tracée. Il ne reste plus qu'à la suivre. Et si c'était ça le plus difficile !

                          "Si tous les hommes du monde voulaient se donner la main"...

    Google Bookmarks

    4 commentaires
  •                                            C'était en 1932....

                         J'allais bientôt avoir 10 ans.....J'étais donc encore très jeune. Mon père parlait très souvent de cette "grande guerre" à laquelle il avait participé, appelé à 18 ans et deux mois. Il était né en 1897 et c'était la plus jeune classe qui avait été appelée sous les drapeaux...Ses souvenirs ? les canons, les obus, les tranchées et les gaz....Et il nous en parlait beaucoup, certainement beaucoup trop. Nous avons visité les champs de bataille, vu tous ces terrains torturés...Le Chemin des Dames, Douaumont, Verdun, la tranchée des baïonnettes....Cela m'avait beaucoup frappée et je m'en souviens encore.

                         Et un soir de 1932, alors que nous étions allés passer la journée chez mon grand-père, en repartant mon père nous annonce qu'il nous emmène au cinéma ! Chic...pas très courant à l'époque et pour des enfants, une sortie, c'est une Sortie (avec un S majuscule) ! D'avance, nous étions heureux... Oui mais....Ce que nous allions voir, c'était le film "Les Croix de Bois" d'après le livre de Roland Dorgelès je crois. J'ai trouvé ce film horriblement triste et pourtant, c'est un film magnifique...Les tranchées comme si vous y étiez !Quelles images ! C'est un film qui, lorsque vous êtes enfant, vous marque pour la vie. Ce que mon père voulait, c'était nous faire voir à quel point la guerre était terrible ! Je crois que je n'avais pas su apprécier, j'ai pleuré et les images d'un tel réalisme sont restées gravées dans ma mémoire. Trop, c'était trop pour une enfant de mon âge. Il nous avait déjà tellement expliqué "comment c'était la guerre" que je le croyais sur parole ! Je m'en faisais une idée...Je ne veux pas critiquer cette éducation d'alors, mais là, je crois bien mon cher père, que tu avais raté le coche ! J'avais très bien compris quand il en parlait...ça me suffisait !

                         C'était "la der des der "....

    Google Bookmarks

    7 commentaires
  •                                        Cadeau payant, mais cadeau quand même !

                                           Je l'ai enfin reçu ce colis que j'attendais ! c'est mon cadeau, celui que je me suis offert et me suis fait livrer.... Il contenait les exemplaires du livre que j'ai commandé, après avoir eu le plaisir  de le mener à son terme et de le faire publier... Ces exemplaires destinés à mes proches vont être réexpédiés dans différents coins de France. Quel chemin parcouru depuis des années, pour arriver à ce résultat !

                                  Et je ne peux m'empêcher de penser à ce chemin....

                                  "Il était une fois" il y a cinq ans, une grand-mère qui se trouvait bien seule après la disparition de son mari, compagnon de tant d'années...La solitude n'est pas bonne conseillère. Il fallait que cette grand-mère s'occupe puisque son médecin n'avait pas voulu lui prescrire les petites pilules roses ou bleues qui aident à dormir ou à oublier ! Non, sa prescription a été bien simple : mettez-vous à l'ordinateur....Tiens, et s'il avait raison ? elle était curieuse de tout cette vieille dame, alors, pourquoi pas ? les enfants s'y mettent bien avant de savoir lire et écrire ! Et voilà comment elle s'est retrouvée  avec un très beau joujou...dont elle ne connaissait pas le premier clic ! Qu'à cela ne tienne...enfants, petits-enfants, kiné, médecin, voisin...tout le monde l'a aidée, tous un peu amusés sans doute qu'à son âge elle "ose" ! Et elle a osé, encore plus que ça ! elle a écrit des petits souvenirs de jeunesse publiés sur un site en banlieue parisienne grâce à un responsable de blog qui l'a encouragée.... Et elle a pris goût à ces récits-souvenirs. Un blog personnel est venu compléter le tableau des "méfaits" de la mamie ! Et puis, et puis....elle a connu des amis virtuels....La solitude lui pesait de moins en moins. Le but était atteint ! Jusqu'au jour où le besoin de faire publier les souvenirs racontés sur le blog s'est fait sentir. Il fallait le faire ! Malgré son âge auquel elle ne pense pas trop d'ailleurs....

                                   Cette histoire ressemble à s'y méprendre à la mienne ! Et si je la raconte, c'est pour que les personnes d'un certain âge et même d'un âge certain, ne se laissent pas aller....La solitude est un ennemi qu'il faut combattre, avec les armes qui nous sont données à notre époque de progrès techniques... Rien n'est impossible...Les techniques nouvelles peuvent être mises entre toutes les mains...Il suffit d'y croire...Mais ça, tout le monde doit le penser ! Aux différents âges de la vie...

                                   La vieillesse ? ce n'est jamais que la jeunesse qui fait des heures supplémentaires (non payées)....Alors, en avant !

                                   
    Google Bookmarks

    16 commentaires
  •                                         9 Novembre 1991...

                        Le 7 novembre 1991, panique au moment du dîner...Mon mari me dit "je ne sais pas ce qui m'arrive, je ne tiens pas sur mes jambes"...Ce n'était pas le genre à s'arrêter à un bobo et surtout à se plaindre...J'ai donc pensé que c'était sérieux...Après avoir émis l'idée que peut-être il avait faim, nous nous sommes mis à table. Tout semblait bien aller. Après le dîner, au moment de quitter la table, à nouveau cette faiblesse...Je prends peur et je parle d'appeler un médecin, ce que je fais malgré les "non, ça va passer" de mon mari ! C'était son truc ça ! Il n'y avait pas longtemps que nous étions à Montpellier, nous ne connaissions aucun médecin...Et il était plus de 20 heures. SOS médecin en vitesse...J'avais bien fait, transport en clinique d'urgence, pouls très fantaisiste...Voilà donc mon homme parti...et je l'accompagne bien sûr. Son coeur battait trop lentement...Pose d'un pace-maker décidée...pour le 10 novembre. Le moment était mal choisi, il y avait des grèves partout, y compris dans les cliniques et hôpitaux. Je n'étais pas très tranquille.

                          Le 9 au soir, mon mari me téléphone et me dit "Il m'arrive un drôle de truc...J'ai appris que mes papiers n'étaient pas en règle".????? Comment ça??? "Figure-toi me répond-il que nous étions deux à nous présenter "là-haut" ce soir : Yves Montand et moi. On m'a refoulé en me disant que mes papiers n'étaient pas complets, ceux d'Yves Montand si ! alors, c'est lui qui a été choisi "....  Il venait d'apprendre par la radio le décès d'Yves Montand....Et voilà pourquoi (d'après mon mari) ce jour là, lui-même a été épargné ! un simple papier manquant...

                           J'étais inquiète pour mon mari...mais j'avais quand même ri de cet humour qui lui faisait tout minimiser. Il disait que "tout était écrit", que ça ne servait à rien de s'inquiéter à l'avance...et par la suite, il m'a aidée à l'aider, pendant 13 ans, ne se plaignant jamais...Souvenirs....

    Google Bookmarks

    6 commentaires
  •                                       
                                            Fin 1944.....

                                            Actuellement, on préconise de faire des économies d'électricité, et il est exact qu'il y a bien du gaspillage de ce côté...."Pourrait mieux faire "! Et je me souviens de cet automne et de ce début d'hiver 1944, alors que nous avions encore des coupures de courant ! Tous les soirs à 20 heures...plouf, dans le noir ! Pas question d'écouter la TSF (et pourtant, je venais de racheter un poste à un collègue, pour remplacer celui que nous avions laissé au fond de nos décombres).  Les informations ? il fallait attendre que le courant nous soit à nouveau distribué.... Bon, on prenait patience puisque ça nous était imposé par le gouvernement français...les allemands ayant quitté en grande partie notre territoire ! Enfin....On pouvait donc tout accepter.

                                             J'avais rapporté un jour du commissariat de police où je travaillais, un cadeau appréciable qui nous avait été fait par les soldats américains....Des petits lumignons, loupiotes (?), je ne sais pas exactement comment cela s'appelait ! C'était de toutes petites mèches que l'on posait sur un  verre contenant de l'eau et un tout petit peu d'huile, celle-ci restant à la surface bien sûr ! Ce n'était pas moderne, mais comme j'en avais eu une boîte entière, on en allumait plusieurs...et on les posait sur la table....ça nous permettait de voir au moins ce qu'on mangeait, enfin, on devinait....On aurait dit des petites lucioles....Et puis, c'était drôle ! qu'au vingtième siècle, on s'éclaire avec ça ! On aurait pu jouer aux fantômes, les ombres qui se détachaient étant assez curieuses ! il en fallait peu pour nous amuser !

                                              Et quand au bout d'une heure la lumière nous revenait, qu'est-ce qu'on appréciait ! Vive le progrès ! Et la TSF pouvait être à nouveau écoutée...C'est ainsi que j'ai entendu les premières chansons de BOURVIL dont cette célèbre "Elle vendait des cartes postales". Cela nous faisait rire à gorge déployée ! après 4 ans d'occupation ça semblait tellement bon, qu'on ne s'occupait pas beaucoup des paroles ... La liberté était là...nous étions  libres de rire de tous les petits inconvénients de la vie courante, des chansons qui n'étaient pas vraiment intellectuelles....Il serait temps "après" de faire un tri....Dans l'immédiat : Vive la Liberté ! Avec ou sans lucioles pour nous éclairer !

                                           

    Google Bookmarks

    8 commentaires