•                          Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme....

                             Le débarquement des forces alliées avait déjà eu lieu en Normandie, on espérait et attendait la Libération qui s'approchait ! J'avais été détachée au poste de police de Villeneuve-le-Roi, en banlieue parisienne, pour effectuer divers travaux de secrétariat, le Secrétaire ayant été tué lors du bombardement. Un matin, nous voyons arriver un homme jeune, habillé comme un officier allemand, mais avec un insigne LVF... avec nos trois couleurs...Pas courant à l'époque ! C'était le premier que je voyais, un officier de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme... J'en avais entendu parler de ces volontaires, tellement pro-allemands qu'ils n'hésitaient pas à s'engager sous un uniforme ennemi. Celui-ci, bien français, portant fièrement son uniforme, ne manquait pas d'aplomb. Il venait au commissariat pour je ne me souviens plus quel papier, mais ce dont je me souviens, c'est qu'il n'avait même pas honte !

     

                                Il venait du front Russe et devait y retourner et s'en vantait. Et comme c'était un fanatique, il en a profité pour faire sa propagande ! Sans aucune gêne, sans aucun amour-propre, il a essayé d'expliquer au gardien de la paix auquel il s'était adressé, que l'Allemagne allait gagner la guerre, que les alliés ne pourraient pas progresser, que la Russie serait vaincue....en un mot, il y croyait ! Il faisait son cours devant tout le monde, il récitait sa leçon...Les hommes présents lui faisant remarquer que les alliés gagnaient du terrain, qu'Hitler était fichu, rien n'y faisait ! Que voulait-il prouver ? J'avais honte pour lui...C'était le fils d'un habitant de la commune, pro-allemand également et collaborateur. Un homme assez connu de par sa profession... Comment pouvait-il en être arrivé là ? Tellement aveuglé par sa passion de "la grande Allemagne", qu'il reniait son pays. J'étais écoeurée et je le revois encore...Je ne sais ce qu'il est devenu. Son père a été arrêté et condamné après la Libération et ce n'était que justice. Mais, ce soldat, j'espère qu'il a été tué ou mieux, pris par les alliés et fusillé...Il ne méritait pas autre chose. La Libération a eu lieu à peine un mois plus tard...

                                Je ne peux accepter que des français aient pu s'engager à côté des nazis , sous l'uniforme allemand et faire leurs les doctrines d'Hitler et de ses amis. Et ils brandissaient nos trois couleurs pour lesquelles des hommes tombaient au nom de la liberté. Comment les DORIOT, DEAT et autres comparses ont-ils pu entraîner des hommes dans leur folie ? Fanatisme, quel danger pour tous.

                                 En ces jours où on s'apprête à commémorer le sacrifice de tant d'hommes qui n'avaient qu'un but, notre Liberté, je ne sais pas pourquoi j'ai repensé tout à coup à ce français que je n'ai vu qu'une fois, malheureusement habillé en officier allemand et faisant haut et fort sa propagande....En ce mois de juillet 1944, que voulait-il prouver ?

                               

                            

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  •                          Depuis juin 1944...

                             Il devait avoir environ 20 ans et était arrivé sur le sol français un jour de juin 1944. C'était un jeune soldat américain parmi tant d'autres débarqués le 6 juin pour notre libération...Qu'avait-il de particulier ? rien à première vue. Nous habitions alors une maison au bord de la Seine à ABLON, là où ma mère et moi avions trouvé refuge après le bombardement de JUVISY. Ma tante était venue nous rendre visite avec son mari à la fin de l'été. Mon oncle travaillait comme interprète auprès de l'armée américaine. Il avait vécu en Amérique avant la guerre et s'était lié avec ce soldat, basé à ORLY, qui paraissait si jeune et tellement loin des siens...et l'avait invité à dîner chez nous. Ma mère en était heureuse, ce garçon lui rappelant un peu mon frère qui aurait eu à peu près le même âge. Je me souviens, nous avions passé une très bonne soirée, lui était heureux d'être un peu en famille et nous avec ce jeune homme à notre table. Nous lui racontions la France, il nous parlait de chez lui, de sa famille, de son père professeur de physique à BOSTON, là où il résidait...Il se débrouillait assez bien en français, moi très mal en anglais, alors nous parlions français !

                               Il venait de se sortir de cette bataille de Normandie où tant de soldats étaient restés. Il semblait que tout irait mieux, la Libération laissant à penser que s'en était fini ou presque de cette guerre. Oui, je le redis, notre soirée avait été excellente et notre reconnaissance était grande. Et nous nous sommes quittés sur la promesse de nous revoir les uns et les autres et de nous écrire, ce que nous avons fait de temps en temps jusqu'à la fin de l'automne. Nous étions optimistes, trop peut-être ! A la fin de l'automne ou au début de l'hiver, l'armée allemande, dans un sursaut, a repris du terrain...Et ça a été la terrible bataille des Ardennes... Nous avons encore reçu une très jolie carte de voeux de Noël, début décembre 1944. Le jeune Donald ROMANO, tel était son nom, regrettait la douceur de l'été, étant dans cet enfer....Je lui ai répondu, je sais que mon oncle l'a fait également et a essayé d'avoir de ses nouvelles, mais plus rien....Qu'était-il devenu ? Nous ne l'avons jamais su et j'y repense souvent, mais.....Il y eut encore beaucoup de soldats tués....Je n'ai jamais osé écrire à BOSTON à sa famille...Nous en parlions souvent...Ma mère se rappelait l'époque pendant laquelle nous avions tant attendu des nouvelles de mon frère...Je regrette de ne pas avoir eu ce courage et d'avoir succombé à la peur de savoir....Pendant des années, j'ai hésité...

                                Nous avons toujours pensé que ce jeune homme arrivé un jour de juin 1940 sur notre sol, y était resté comme tant d'autres ! Des cérémonies du souvenir vont avoir lieu ces jours-ci en Normandie, à la mémoire de tous ces jeunes venus mourir chez nous pour que nous puissions vivre libres. J'aurai une pensée pour vous Donald et pour tous vos camarades.

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                            Tiens, ça me rappelle quelque chose !

     

                            Si j’ai bien compris, il est question ces jours-ci d’autoriser la « fabrication » d’un vin rosé un peu spécial, puisqu’il ne proviendrait pas de cépages particuliers, mais bien du mélange de deux vins : un blanc et un rouge !

                            En entendant cette nouvelle, je me suis souvenue d’une colère de mon père, alors que j’étais enfant. Nous habitions en banlieue et il travaillait à PARIS. Il déjeunait tous les jours dans un petit restaurant du quartier St Michel où il avait coutume de prendre « un de ces petits vins rosés » que les amateurs apprécient. Ce vin était très bon paraît-il….Un jour qu’il était un peu en avance (ou la serveuse en retard dans ses préparatifs), il commande comme d’habitude et son repas et sa petite carafe de vin rosé ! Las ! Il aperçoit la serveuse, derrière un paravent où étaient préparées toutes les carafes, qui consciencieusement, faisait un mélange : vin blanc + vin rouge = vin rosé, vendu comme un bon crû, honnête à défaut d’être réputé ! Et c’est ainsi qu’elle préparait ce qui allait être vendu sous une autre dénomination et à un prix plus élevé que la normale.!!! Mon père, n’en croyant pas ses yeux, a appelé la jeune femme et lui a dit : « pour le vin, apportez-le-moi comme ça, je ferai le mélange moi-même ! »

                            Lorsqu’il est revenu à la maison le soir, il n’avait toujours pas décoléré, avec la sensation très nette de s’être fait avoir pendant des mois, donc de s’être fait voler ! Pour lui et je pense qu’il avait raison, c’était de l’arnaque !

                            Et voilà que maintenant, cette arnaque va être organisée, taxée, permise et même recommandée ! « Est-ce bien raisonnable ? » Quel nom va-t-on lui donner officiellement puisque tout ceci sera officiel ? Je n’y connais rien en vin mais je me pose quand même un tas de questions ! Est-ce que les amateurs de bons vins y trouveront leur compte ? Est-ce que les producteurs de bons vins ne se sentiront pas un peu lésés et découragés ? Est-ce que ce n’est pas favoriser la fraude sous toutes ses formes ? Elle n’a déjà pas besoin qu’on l’aide, elle est bien présente dans bien des domaines…. Et le consommateur dans tout ça ? Il croit acheter et consommer des produits de qualité…Si on ne s’arrête qu’à la couleur, évidemment le rouge du vin rouge perdra de sa couleur au bénéfice du blanc du vin blanc ! Et peut-être qu’avec un peu de produit chimique ajouté dans des conditions aussi autorisées, la couleur obtenue sera satisfaisante et le produit apte à se conserver…..La chimie…toujours la chimie…et nos estomacs alors ? Que deviennent les bons produits d’antan ?

                            Allons-nous jouer encore longtemps aux apprentis sorciers ?

     

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  •                      Début de l'occupation en 1940...

                         Ce début d'été 1940 a vraiment une place à part dans mes souvenirs....J'en ai parlé, j'en parle, et j'en parlerai encore ! Et pour cause ! C'était un bouleversement total dans notre vie, même dans ce qui n'était "qu'accessoire" !, les petites choses du quotidien.... En plus de ce bruit de bottes et de ces voix gutturales qu'on entendait et auxquelles nous n'étions pas habitués, il nous fallait nous organiser dans les plus petits détails de la vie.... Par exemple, vivre avec les coupures d'électricité et les coupures de gaz...Les coupures de gaz, elles ne pouvaient être totales, il restait toujours un petit quelque chose dans les tuyaux ! donc, ce n'était pas brutal...coupures d'électricité, c'était immédiat..v'lan, tout à coup plus de courant, plus de lumière...En principe, les horaires avaient été fixés, il fallait donc se dépêcher, entre deux coupures, si on avait besoin d'utiliser le courant.

                          C'était le cas notamment dans les salons de coiffure ! Que vous alliez vous faire faire une mise en plis (pas de brushing à l'époque, ça n'existait pas), ou une permanente alors appelée "indéfrisable", il fallait le courant ! donc, les rendez-vous chez le coiffeur étaient fonction des coupures du dit courant ! Pour les mises en plis, ce n'étais pas grave, on ne pouvait tout simplement pas vous mettre sous le séchoir...alors, épingles sur la tête, turban installé par le coiffeur, vous aviez deux solutions : si votre domicile était près de chez le coiffeur, vous retourniez chez vous pour environ deux heures, le temps de sécher ! Ensuite, retour chez le coiffeur qui vous apprêtait et vous coiffait à la dernière mode ! Sinon, vous restiez dans le salon de coiffure en lisant des illustrés pendant deux heures ! Quel travail d'adaptation pour le coiffeur : jongler avec les horaires des clientes et avec ceux de l'électricité !

                           Et il ne faut pas que j'oublie qu'en cette période de restrictions, le savon nous était compté, au minimum de nos besoins...Le coiffeur ne pouvait donc plus se charger de laver les serviettes nécessaires à ses bons et loyaux services...Alors, il ne fallait pas oublier de venir avec ses serviettes personnelles. Mon coiffeur avait même mis une affiche dans son salon, affiche savoureuse pour les esprits mal tournés, mais qui expliquait bien notre grand dénuement :
                           "Etant donné la pénurie du manque de savon, les clientes sont priées d'apporter leurs serviettes"...

                                
    Moqueuse comme tous les jeunes, cette "pénurie du manque" me titillait les yeux et les oreilles et avec des amies cela nous faisait rire ! Ce n'était pourtant pas drôle ! mais allez expliquer ça à des jeunes filles de 17 ou 18 ans ! Il n'y avait pas de savon, il n'y avait pas d'électricité, il n'y avait pas....je vous ferai un jour la liste de ce qu'il y avait, ça me prendra moins de temps !

                           Tranquillisez-vous âmes sensibles, les coiffeurs avaient quand même beaucoup de travail. La femme française était restée ou devenue coquette, c'était notre revanche !

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