• En cette fête des Mères...

                                 Je veux simplement aujourd'hui souhaiter une BONNE FETE à toutes les Mamans...Cette fête des Mères qui, dans ma jeunesse, n'existait pas en France (peut-être dans d'autres pays ?). Ce n'est qu'en 1941 qu'une journée des Mères a été instaurée officiellement. Bouquets de fleurs, "beaux dessins" , cadeaux divers, vont être remis avec amour à toutes ces mères qui se dévouent avec tant d'amour aussi...

                                 Il y aura beaucoup d'émotion dans l'air !  "...une maman, ça n'a pas d'âge..." Jeune ou comme moi très âgée, elle apprécie toujours les marques de tendresse. Merci mes enfants !

                                 Et aussi, ayons tous une pensée pour toutes les mamans disparues maintenant, mais que dans notre coeur nous appelons toujours Maman comme nous étions enfants.

                                 Bonne journée à tous, bonne fête des Mères.

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  •                                     Tout arrive...il suffisait d'un peu de patience ! bon d'accord, il avait suffi de beaucoup de patience... Depuis bientôt six ans nous étions en guerre, des familles entières avaient été séparées, décimées, dans le souci, dans la peine...Etres chers disparus à jamais, maisons détruites...Et pourquoi ne pas le dire tout simplement sans vouloir faire de misérabilisme, toute une jeunesse sacrifiée ! On a coutume de dire "c'est beau la jeunesse" , mais la nôtre, a-t-elle été bonne ? Pour employer une expression moderne, elle a été tout bonnement zappée...Même lorsqu'on voulait "faire comme si" pour agacer l'occupant, ce n'était qu'en surface ! le plus profond de nous-même était atteint. Peut-on véritablement s'amuser dans la peur ? Bien sûr, il nous arrivait de rire de tout et n'importe quoi ! Je viens de lire le très beau livre de Simone VEIL intitulé "UNE VIE", elle dont la jeunesse a supporté des choses terribles...Elle dit qu'au camp, il leur arrivait de rire. Mais heureusement que la jeunesse a cette faculté..."s'empresser de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer". Personnellement j'adore cette réplique de Figaro, même maintenant alors que je suis sur la fin de ma vie. Je me souviens de cette crise de rire que nous avons tous eue, immédiatement après le bombardement de Juvisy/Athis, alors que nous venions de sortir de l'abri et de voir ce désastre...Pour une seule phrase d'une petite fille innocente !

                                          Voilà donc ce 8 mai 1945 ! Quelle date importante ce fut et quelle journée ! C'était l'armistice tellement attendu et que nous avons fêté avec tant d'enthousiasme ! ouf....c'était enfin terminé ! on allait revivre comme avant - enfin, on l'espérait - . Pour ceux qui le pouvaient, les familles allaient être à nouveau réunies, les prisonniers, les déportés allaient revenir...On ne connaissait pas encore tout à fait l'ampleur du désastre de ce côté...Je me souviens que nous allions ma mère et moi à la gare de l'est à Paris, pour voir si, dans ceux qui rentraient, il y avait des amis de mon frère et les accueillir.  Nous avons appris qu'un de ses amis, déporté à Buchenwald, était décédé quelques jours avant la libération du camp...Je revois toujours ce grand et fort garçon, mort d'épuisement...et penser que cela il le devait à un habitant de Juvisy qui l'avait dénoncé alors qu'il s'apprêtait à rejoindre l'Angleterre....Insoutenable....

                                           Et la vie a repris son cours presque normalement (là, je suis très optimiste). La République française a été de nouveau instituée (exit l'Etat Français). Nous avons voté, même les femmes et ça, c'était nouveau puisqu'avant guerre c'était réservé aux hommes ! Les discussions politiques ont repris et ça c'était pas nouveau ! La normalité était revenue... Restait à reconstruire et à faire renaître la France de ses cendres. Il y avait du travail ! 

                                            En ce qui concerne le ravitaillement et les restrictions de tous ordres...bof...rien à signaler sur l'ensemble du front suivant la formule consacrée en 1940 ! On manquait toujours de tout ou presque, il y avait toujours des coupures de courant et de gaz .. Mais au moins, ça nous était imposé par les autorités françaises ! On ne pouvait quand même pas tout avoir, le beurre et l'argent du beurre ! le beurre, on n'en n'avait pas, l'argent pas beaucoup non plus.....Mais on avait le moral et il ne nous était pas rationné ! et nous étions libres ! Vous voyez bien qu'on avait de la chance et qu'il n'y avait pas lieu de se plaindre !

                                             Et voilà, notre jeunesse était terminée. C'est ça la jeunesse ? ah bon..........
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  •                                   
                                        Ce lendemain du bombardement, nous ne pouvions que constater l'immensité des dégâts ! Notre maison ? plus rien qu'un immense trou.... Heureusement famille, amis connus et inconnus, mes collègues, tous se sont efforcés de nous rendre service et nous avons grandement apprécié ces marques d'amitié. Peut-on s'imaginer que non seulement nous n'aurions pas su où aller coucher, mais que nous n'avions même pas....une brosse à dents ou du linge de rechange ! On a beau essayer de garder le moral, ça fait quand même quelque chose ! L'optimisme, c'est bien gentil, ça aide un peu bien sûr mais ça ne résout pas tous les problèmes ! Aidées, ma mère et moi nous l'avons été et ça, je ne l'oublierai jamais. Je crois que sans cette aide morale, nous n'aurions pas tenu le coup ! trop, c'était beaucoup trop !

                                         Quelques jours après ce 18 avril, nous avons été relogées à Ablon, dans une jolie villa mise à notre disposition par des personnes charmantes qui nous en ont laissé la jouissance jusqu'au début de 1946, jouissance gratuite. Cette villa en bord de Seine était leur résidence secondaire.  Ces gens nous étaient tout à fait inconnus avant cette date, seul mon patron les connaissait....Que dire si ce n'est encore un grand merci . De temps en temps, eux ou leurs enfants et petits-enfants venaient avec nous et nous mettions alors tout en commun. Nous avions trouvé là une nouvelle famille. 

                                          Notre nouvelle vie s'écoulait donc à Ablon, dans l'attente de l'arrivée des alliés que nous espérions et qui semblait de plus en plus imminente ! Mais, les alertes, les bombardements continuaient, notamment le bombardement du Pont sur la Seine à Athis, dit "Le Pont de Lyon". Après notre terrible expérience, nous avions beaucoup de mal à supporter le bruit des sirènes d'abord et le bruit des bombes. Nous avions donc très peur, inutile de la préciser...Je n'aime toujours pas le bruit des sirènes....

                                          Le 6 juin 1944 enfin, le matin très tôt, alors que j'avais travaillé au commissariat une partie de la nuit, un gardien est monté et nous a crié "les alliés ont débarqué en Normandie"! La joie était à son comble, il y avait si longtemps qu'on attendait ça. La radio venait de l'annoncer et...plus personne n'avait très envie de travailler ! La France entière devait être dans le même état d'esprit ! Je suis revenue à Ablon et ai mis ma mère au courant. Quelle joie pour elle aussi. Nous savions que ce n'était pas encore gagné, qu'il y aurait encore bien des morts, bien des peines mais c'était quand même un grand morceau du ciel gris qui se dégageait. On essayait de capter la radio (anglaise surtout) et de suivre le cheminement de tous ces jeunes pour nous délivrer....Les allemands ne semblaient plus trop croire à leur victoire et cela les rendait quelquefois un peu hargneux. On se méfiait de plus en plus..... Du côté des restrictions, aucun changement en bien tout au moins ! On ne le prenait pas mieux, mais on espérait tellement que ce n'était plus pour trop longtemps...que ça nous aidait à supporter un peu mieux.

                                          La vie s'est écoulée ainsi jusqu'en Août 1944; on se méfiait des allemands qui se méfiaient de nous et ils avaient bien raison ! La résistance, aidée par tous les jeunes réfractaires au STO, ne leur laissait aucun répit. Et cela nous réjouissait !  Enfin, ce grand jour est arrivé pour notre région, le 24 Août 1944 je crois.. Nous avons été libérés...A PARIS,  les parisiens s'étaient révoltés, des batailles de rues contre les allemands avaient eu lieu..."PARIS en COLERE". Il y eut des blessés, des morts, mais des explosions de joie ! Enfin, enfin, enfin.....que dire d'autre après tout ce temps qu'avait duré l'occupation ...quatre années de tristesse, de peines, de doutes.... Bien des films ont été tournés qui résument parfaitement l'ambiance de cette époque. Les soldats alliés aidés de soldats français (et ça faisait chaud au coeur) semblaient avoir des ailes pour repousser l'occupant. Epoque formidable et inoubliable....

                                           L'optimisme était de rigueur, mais....les allemands ont quand même eu des petits sursauts qui nous ont fait très peur. A une certaine époque, automne 1944 ou début d'hiver, ils n'ont plus reculé et sont même revenus à la charge. C'était la bataille des Ardennes et ils se rapprochaient à nouveau de Paris. On n'osait penser à ce qu'il se passerait s'ils revenaient....mais on y pensait très fort ! La peur était toujours bien présente, la guerre n'était pas terminée. Et on pensait aux prisonniers, aux déportés dont on n'avait pas de nouvelles...Et pour couronner le tout, l'hiver  1944/1945 a été très rude: froid, neige, verglas, rien ne nous a été épargné.

                                           Pour les régions libérées, nous étions à nouveau sous la direction des autorités françaises ! ouf...qu'est-ce que ça semblait bon...Bien sûr, il y eut cette période très triste appelée l'Epuration et qui a vu des choses pas toujours très belles... des règlements de comptes notamment ! Il ne m'appartient pas de juger, ce n'est pas mon rôle ici. Il y avait c'est certain des français à punir, mais pas sans procès ni par des exécutions sommaires. Trop compliqué pour moi, je laisse aux historiens ce travail qui leur revient. C'est peut-être encore trop tôt .....Des français, collaborateurs par goût ou par cupidité avaient mal agi pendant ces années d'occupation, entraînant avec leurs idées fausses la mort ou la déportation de bien des gens dont le seul tort avait été de ne pas accepter les idées hitlériennes, ou de n'être pas nés "aryens", ou de ne pas vouloir brader la France ou même d'avoir essayé de se nourrir un peu mieux !  Cette épuration n'a pas trop duré, et des procès ont eu lieu en toute légalité, heureusement.

                                           Nous nous dirigions sans doute plus lentement que prévu, vers l'Armistice...mais, même si la route était encore difficile, la direction était bonne. Encore un peu de courage, nous avions bien tenu depuis plusieurs années, la Liberté était en point de mire...
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  •                                    Je ne veux pas raconter à nouveau cette période si difficile à vivre. Essayer de faire parvenir un télégramme à mon père, ce que nous avons pu faire par l'intermédiaire de la mairie de Juvisy et pour moi, ne pas quitter ma mère ne serait-ce que quelques minutes... Malgré ce qu'elle disait avant cette date terrible, j'avais pu constater qu'elle gardait un espoir insensé. Et là, c'était pour elle l'effondrement total. Nous avions eu très peu de détails sachant seulement que la tombe d'André avait été retrouvée par cet homme que nous ne connaissions pas, tout à fait par hasard, alors qu'il circulait dans le cimetière de Maignelay en allant se recueillir sur la tombe de son père décédé quelques mois auparavant ! Le nom l'avait frappé.....Dès l'arrivée de mon père, nous sommes partis à Maignelay-Montigny ce qui représentait une expédition à cette époque, bien qu'étant seulement à 90 kilomètres de Paris. Très peu de trains, tous omnibus, très lents....Arrivés là-bas, nous avons tout appris ... Petite (toute petite consolation) la tombe d'André était très bien entretenue, les gens du pays s'en occupant puisque les parents semblaient s'en désintéresser ! Le maire leur avait dit que les parents avaient été prévenus, mais qu'ils ne s'étaient pas dérangés ....Sans commentaire....(voir Oise-1939-1945).

                                          Et nous avons bien été obligés de reprendre cette vie impensable avec en plus la certitude pour mes parents de ne jamais revoir ce fils si brillant et si gai, toujours en mouvement et prompt à rendre service à qui en avait besoin. Quant à moi, il me semblait tout bonnement impossible de ne plus compter avec ce grand frère avec lequel j'étais si liée et que j'admirais, oh combien !

                                          Mais voilà, sans jamais rien oublier, nous avons continué à vivre, si l'on peut dire ! de cette drôle de vie que l'occupant nous imposait, cette vie de peurs, de peines, de pleurs. Je crois que lorsqu'on est pris dans une telle tourmente, le seul objectif est "survivre" tant bien que mal ! Nous manquions de tout comme tout le monde ou presque, mais que faire ? Essayer simplement de saper le moral de l'occupant ce que faisaient la Résistance par de grands actes, et ce que nous faisions par des actes à notre portée, journellement. A cette époque, les allemands étaient furieux de voir que les françaises étaient restées coquettes ! mais c'était une réaction, il fallait faire comprendre que les français n'étaient pas si stoïques...Un petit exemple : j'ai dit que ma mère était lorraine et qu'elle allait tous les jours écouter la radio anglaise chez des voisins...Sa résistance à elle, c'était de revenir après l'heure du couvre-feu !!!ça m'inquiétait beaucoup...mais elle disait qu'elle n'avait pas à leur obéir ! ça semble peut-être ridicule à certains, mais c'est un exemple parmi tant d'autres. La résistance à coups d'épingles, ça arrive à déstabiliser et à être énervant.

                                           1943  et début 1944, nous commencions à reprendre espoir; l'armée allemande avait de sérieux soucis sur le front Russe et un peu partout.  Et nous le faisait supporter ! Nos jeunes partaient pour le service du travail obligatoire ce fameux STO qui a vu cette déportation massive....Déportées aussi les familles juives...les résistants également. Je me souviens de Jean Legourd, cet ami d'André, scout comme lui, mort à Buchenwald.... Chaque famille française était dans la peine. Les jeunes qui le pouvaient rejoignaient le maquis ou se cachaient avec des cartes d'identité faites en série et peut-être pas tout à fait légalement ! ça, j'en ai fait pas mal avec des collègues et sous la bénédiction du commissaire de Police d'Athis, mon patron depuis fin 1943 ! 

                                            Nous espérions un débarquement allié, ce qui a eu lieu le 6 juin 1944. Mais avant cette date
    de gros bombardements ont eu lieu sur Paris et la région parisienne. Le 18 avril 1944, la gare de triage de Juvisy/Athis a été bombardée....(site web "dandylan.over-blog.com") Cette nuit du 18 avril, je ne l'oublierai jamais. Y-at-il un seul jour sans que j'y pense ? je ne crois pas. Nous avons subi ce bombardement pendant une heure et en sortant de l'abri, plus rien qu'un spectacle de désolation....Nous n'avions plus de maison, plus de souvenirs, rien....Combien avons-nous été dans ce cas ? Des morts par centaines, des sinistrés.... Pour ma mère, c'est ce que j'ai appelé le coup de grâce .

                                            S'il y avait un prix à payer pour obtenir notre libération et voir partir l'envahisseur, nous l'avons amplement payé, mais ça semblait quand même bon d'être vivants !

                                            Quelle a été notre jeunesse ? Il y aurait beaucoup à dire et à écrire.... Je regrette de ne pas être écrivain ou historienne ! je pourrais développer ce sujet pendant des jours et des jours et il ne serait jamais épuisé....

                                             Puis vint la Libération......

                                         
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  •                          Juillet - Août 1940 - etc...

                             Après ce retour d'exode seules ma mère et moi nous retrouvons à la maison. Mon père est en zone libre et aucune nouvelle d'André. Parmi toutes les choses nouvelles auxquelles nous devons nous habituer, il y a la plus difficile : Attendre, attendre encore et toujours !Attendre le facteur trois fois par jour avec cet espoir qui s'amenuise de jour en jour : recevoir des nouvelles d'André...Etait-il prisonnier, était-il passé en Angleterre pour y continuer le combat, était-il (ce mot auquel nous pensions mais que nous ne voulions pas prononcer).....Guetter le moindre signe... Rien...Nous écrivons partout, à la Croix Rouge Française, à la Croix Rouge Suisse, même à la Croix Rouge allemande....En vain ! Mon père en fait autant de son côté. Il essaie de contacter l'armée (ou ce qui en reste)...On le renvoie d'un bureau à l'autre et le temps passe.

                             Maman qui, malgré tout, veut espérer, prépare des conserves pour le cas où on nous aviserait qu'André a été fait prisonnier. Ces conserves sont constituées en grande partie par les poules, lapins et autres que nous avons fait passer de vie à trépas puisque nous ne pouvions plus les nourrir ... Les rôles étaient inversés, nous ne pouvions les nourrir, donc ils nous nourrissaient ! 

                             A ce souci permanent, s'en ajoutaient d'autres...il fallait trouver du travail, trouver de la nourriture puisque celle-ci nous était mesurée, oh!combien ! Heureusement nous avions un grand jardin...S'il contenait avant la guerre fleurs et légumes, il est devenu entièrement potager et nous a rendu d'immenses services ! Mais tout ça, c'était ma mère qui s'en occupait....toujours sans se plaindre. Plus question d'études dans l'immédiat. Nous avons pu trouver tant bien que mal du travail par l'intermédiaire d'amis dévoués. Pour la nourriture, aïe, à condition de ne pas avoir un trop gros appétit on a "tenu le coup".... avec juste quelques grammes de viande, de pain, de beurre . Tout était mesuré, rationné, agrémenté de tickets de toutes sortes et de toutes couleurs ! Ah ! si, j'oubliais, nous avions des rutabagas ! ça, c'était le truc qui vous creusait l'estomac au lieu de le remplir ...par quel mystère, je n'en sais rien.... Ma mère, très bonne cuisinière, arrivait à faire des plats mangeables, je ne sais pas comment elle s'y prenait. Mais quel souci pour elle....Est-ce que je m'en rendais bien compte ? hum...j'avais à peine 18 ans.... Et pour tout arranger, l'hiver 1940/1941 a été très rigoureux. Bien entendu, pas de charbon pour chauffer toute la maison ! Gaz et électricité étaient coupés plusieurs heures par jour.....Autrement dit, c'était une vie de chateau (enfin de chateau du moyen âge)..

                              Nous n'étions bien évidemment pas les seules dans ce cas. Chaque famille avait soit des prisonniers, soit quelqu'un qui avait été tué...Je crois que les femmes se sont montrées très fortes, sans doute poussées par les évènements bien sûr, mais avec beaucoup de courage ! Celles qui avaient des jeunes enfants devaient faire des prodiges acrobatie pour que leur petit monde survive...

                              1941...début 1942, rien de spécial. Toujours cette attente de plus en plus atroce...Famille, amis, voisins, tous prenaient part à notre inquiétude . Qu'était devenu André, ce garçon si gai, si remuant, si débrouillard qu'on pensait que s'il était toujours en vie, il serait arrivé à nous le faire savoir d'une façon ou d'une autre...Ma mère allait tous les soirs écouter la radio anglaise chez des voisins (notre poste, trop vieux, ne nous permettait pas de capter cette émission). Elle espérait avoir peut-être quelques indices....

                               Et ce 31 mars 1942 que je ne peux oublier...... Nous apprenons par le collègue d'un voisin qu'il a retrouvé tout à fait par hasard à MAIGNELAY dans l'Oise, la tombe d'un Aspirant du 12ème RAC, portant les mêmes nom et prénom que mon frère....Horrible cette soirée que j'ai racontée dans ce récit "LE RETOUR" qui peut être lu sur le site web "l'Oise-1939-1945". Tout s'écroulait, plus aucun espoir, c'était terminé....André avait été tué lors des combats de l'Oise le 9 juin 1940....Je m'aperçois alors que maman avait toujours gardé un petit espoir, minime peut-être, mais espoir quand même ....

                                Il fallait apprendre à vivre avec cette idée.... Comment est-ce possible ? Depuis bientôt deux ans, mon frère n'était plus et parce que le maire d'une commune avait voulu "respecter les règlements" édictés par les occupants, nous n'avions pas été prévenus...Sur mon frère, on avait retrouvé tous ses papiers avec notre adresse, l'adresse de mes grands-parents, enfin tout pour que, discrètement, il prévienne mes parents. Il n'avait pas le droit a-t-il répondu à mon père....Est-ce que les résistants eux, avaient le droit de faire ce qu'ils faisaient ? non, mais ils avaient le courage ! et ça, ce n'est pas donné à tout le monde....

                                Et il a bien fallu que la vie continue....
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