•                                        Non je ne suis pas et surtout nous n'étions pas pessimistes !

                                          Mon mari qui revenait d'Allemagne où il avait été emmené "en voyage organisé" et qui en était revenu après avoir été libéré par les Russes qui les avait emmenés en Russie à pieds bien entendu, et moi qui avais supporté comme tant d'autres ces années de malheurs, de peurs...nous ne voyions pas très bien ce qui pouvait nous arriver de pire ! Supporter les restrictions ? ça nous en avions l'habitude ! Nous avions du travail, un logement (ce que tous les jeunes mariés n'avaient pas). Bon, alors nous nous sommes mis courageusement à l'ouvrage.... Et moi, j'ai commencé mes expériences de jeune femme...Mon pauvre mari, comment a-t-il pu résister ? Les bretons sont comme leur granit heureusement ! Si on m'avait dirigé sur un minimum d'études et sur un métier que je finissais par accepter, on avait oublié de m'apprendre à faire la cuisine !!! C'est vrai que pendant l'occupation, pour les cours de cuisine, il aurait fallu avoir les matériaux !  Enfin, petit à petit, je m'y suis mise, aidée d'un livre de cuisine que mon père m'avait offert (il craignait pour la vie de son gendre sans doute). Ce livre de cuisine était extra ! il me donnait par exemple la recette pour faire cuire un cochon de lait entier, mais pas de recette pour une simple côtelette ! Comme je ne voulais pas encore me lancer dans de la grande cuisine, j'ai pensé que c'était plus rationnel de me fier à des souvenirs d'avant-guerre quand j'admirais ma mère lorsqu'elle était aux fourneaux ! Le résultat était sans doute acceptable, puisque personne n'est mort....

                                            Et puis nous avons eu des enfants...ça non plus on ne m'avait pas appris, les filles à l'époque n'étant pas très au courant  et ce au nom de la morale. Mais c'était terriblement dangereux et parfois dramatique....Si je déplore quelquefois la  trop grande liberté données aux jeunes, je crois qu'il était nécessaire de supprimer ces tabous, qui n'étaient bien souvent que de l'hypocrisie. ...C'était toute une époque à réformer ! C'est fait, trop vite peut-être ? Je ne peux pas être juge... L'avenir le dira.

                                            1947, 1951, 1953, années de joies et de plus de responsabilités....mais belles années !

                                             Au mois de janvier 1949, grande tristesse pour mes parents et pour moi aussi. Les cendres de mon frère André, tué dans l'Oise le 9 juin 1940 ont été rapatriées à Juvisy où il repose désormais dans le "Carré des Soldats" . Ce fut une dure journée que ce RETOUR ...qui nous ramenait plusieurs années en arrière et nous rappelait toutes ces journées d'attente, d'incertitude pour arriver à cette certitude horrible : André si gai, si jeune, si dynamique, n'était plus...Il avait suffi d'une grenade... Je pense toujours à ce frère que j'admirais et aimais...C'était toute ma prime jeunesse...On ne peut jamais effacer son passé complètement.

                                             Mais la vie a continué avec ses joies, ses peines.....Parmi les joies, l'arrivée de petits-enfants
    qui eux-mêmes me donnent des arrières petits-enfants et me comblent. Parmi les peines, la disparition d'êtres chers , trop tôt partis parfois...On se rebelle contre cette injustice, le départ d'un enfant...On ne peut pas oublier mais la vie est là quand même, avec ses souvenirs. Faisons avec ! 

                                             Penser que nous avons eu la chance de connaître tous les progrès dans tous les domaines, du XXème siècle et du début du XXIème siècle, n'est-ce pas merveilleux ?  J'aime cette époque actuelle (qui cependant n'est pas toujours drôle !)...Restons jeunes que diable ! La vieillesse, c'est dans la tête...Quand je mets la vaisselle sale dans mon lave-vaisselle, je me dis que "c'est drôlement chouette" ! et que même, si ce truc-là avait existé quand j'étais jeune, j'aurais été bien contente....Alors, pas de regrets... Allons de l'avant.

                                             

                                            
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  •                                       Eh bien oui, vive la paix.... Nous voulions profiter de cette époque bénie que nous n'avions pas connue depuis longtemps. Et pourtant, que de difficultés pour arriver à cette plénitude et à cette quiétude ! Mais c'était le lot de bien des jeunes ménages, et nous ne reculions devant rien.... N'avions-nous pas connu pire ? oh que si !

                                          Donc nous voici installés dans notre vie de jeunes mariés d'abord, puis de jeunes parents....Nous nous organisions tant bien que mal tous les deux, comme deux braves. A cette  époque, il n'était pas encore d'usage que l'homme de la maison "mette la main à la pâte". Or, moi, j'avais cette chance inouïe, mon mari m'aidait à la maison ou pour les enfants....à la grande réprobation de mon père qui trouvait "que ce n'était pas son rôle" !!! Que dirait-il maintenant ? Hommes et femmes se partagent les tâches en toute simplicité, comme ils se partagent le travail à l'extérieur. Mon père en était encore resté à l'ancien temps.... Le travail domestique partagé, ce fut un réel progrès et pourquoi ne pas le dire, une révolution ! Ne vous redressez pas Messieurs, vous ne faites que votre devoir ! bon, on vous remercie quand même ! Il y a peut-être encore quelques récalcitrants ? Les habitudes, lorsqu'elles sont bien ancrées, ont bien du mal à disparaître !

                                           Oui, nous avons eu de très bonnes années, avec des soucis bien entendu puisque la vie ne comporte pas que des joies ! Mais il n'y avait pas de soucis concernant la situation, sauf lorsqu'on voulait évoluer...Je l'ai déjà dit, le travail ? il y  avait plus d'offres d'emploi que de demandeurs d'emploi...Les salaires n'étaient pas tous mirobolants, mais lorsqu'on travaillait à deux dans le couple, on pouvait vivre....Les dépenses diverses étaient moins importantes (surtout à la fin des années 1940/début 1950) puisqu'on ne trouvait pas grand-chose !  Et il n'y avait pas de chômage, ou si peu... Les progrès que personnellement  j'approuve et ai appréciés au maximum, ont commencé à modifier l'état des finances, mais aussi la qualité de la vie ! on ne peut vivre toujours comme au XIX ème siècle !  Donc, la comparaison entre l'époque actuelle et l'immédiat après-guerre n'est pas facile à faire !  Il faut savoir vivre avec son temps....

                                          Malheureusement vers les années 1975, le chômage est arrivé en force ! Qui n'a pas perdu sa situation un jour ou l'autre, avec tous les inconvénients qui en découlent ? Moralement d'abord : ce n'est pas facile de se dire qu'on ne sert plus à rien, que tout ce qu'on a appris ne sert à rien etc... Et pour les jeunes, faire des études qui ne leur permettront peut-être pas d'exercer le métier qu'ils ont très envie de faire et en prévision duquel souvent, ils se sont privés de sortie entre copains ou autres plaisirs.? Et pour leurs parents qui se sont sacrifiés pour leur donner une bonne formation ? Et les retombées financières du chômage ? elles peuvent être dramatiques.

                                          Quand je compare notre vie de jeunes (il y a bien longtemps en ce qui me concerne) à la vie actuelle, je me dis que, bien sûr, nous avons connu des périodes troublées et dramatiques que je ne souhaite à personne de vivre à nouveau, mais que dans un autre ordre d'idées, si ce ne sont pas les mêmes dangers qui  menacent nos jeunes actuellement,  ils ont quand même bien des épées au-dessus de leurs têtes ! 

                                           Deviendrais-je pessimiste ? Non...simples constatations ...

                                          

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  •                                       Adieu la guerre...Vive la paix !

                                          Essayer d'oublier la période que nous venions de vivre, non ce n'était pas possible. Il y eut trop de morts, trop de foyers détruits, trop de dégâts de tous ordres.  Mais essayer d'aller de l'avant en évitant, si possible, les erreurs du passé, ça nous pouvions et devions le faire. Il en allait de notre vie future et de celle de nos enfants.  Avec le recul, je crois que chaque français s'est attelé à la tâche, aussi ardue soit-elle.

                                          Tout changeait. Les femmes prenaient dans la vie de la nation une place qu'elles n'avaient jamais eue. Oh ! leur rôle était beau avant la guerre : "Gardienne du foyer", ceci voulant spécialement dire qu'elles entretenaient bien la maison, s'occupaient bien du mari et des enfants.... Mais elles ont démontré que, tout comme les hommes et en l'absence de ces derniers, elles pouvaient subvenir aussi aux besoins matériels du ménage, ce que la plupart avaient fait pendant ces six années, en plus du rôle habituel qui leur était dévolu ! Elles ont fait l'admiration de tous, ne se plaignant jamais...Je pense que les prisonniers et ils étaient très nombreux, devaient pour la plupart être rassurés à l'idée qu'en leur absence, tout n'allait pas à vau-l'eau chez eux ... Elles se sont montrées courageuses également en entrant dans la Résistance et ont fortement contribué à cette libération tant souhaitée. Donc, reconnaître leur utilité et l'élargissement de ce terme de "gardienne du foyer", c'était justice ! Elles avaient enfin leur mot à dire...Elles ont obtenu le droit de vote en 1944 et par la suite, mais petit à petit, d'autres droits...Il a fallu quand même quelques années pour ça ! Il est bien difficile d'abandonner des habitudes...

                                             Les hommes eux, avaient encore beaucoup à faire ! Se réadapter à la vie normale...Je me souviens que pour certains, ce n'était pas facile. Les enfants avaient grandi sans leur père et parfois même ne se souvenaient plus de lui, trop jeunes qu'ils étaient au moment de leur départ. Peut-être le considéraient-ils même comme un intrus ? Je sais qu'autour de moi j'ai entendu parler de bien des petits (?) drames familiaux.... Tout était à remettre "à plat". Cette scission dans la vie familiale laissait des traces...Les restrictions qui perduraient n'étaient pas le plus grand souci de certaines familles.

                                             Pour nous consoler disons, la guerre comme toutes les guerres, avait accéléré les progrès. On a pu petit à petit avoir accès à un mode de vie différent de ce qu'il était avant 1939.  L'industrie dans tous les domaines a fait des bonds extraordinaires et dans le domaine électro-ménager a rendu le travail des ménagères moins pénible...Et il y eut bien d'autres avancées : en médecine, dans le domaine social etc.... Mais pour tout ça, il a fallu quand même du temps, du courage et bien des sacrifices.... On ne se rend pas toujours compte maintenant de ce qu'était la vie il n'y a encore pas si longtemps...Qui se souvient des lessiveuses, de l'eau qu'il fallait aller chercher à une fontaine, du feu qu'il fallait allumer et j'en passe !  Et la télévision, et les ordinateurs...Mais non, ça n'a pas toujours existé ! 

                                             Mais je suis quand même persuadée que malgré ces progrès, il est préférable de ne pas connaître la guerre. .. Vive la Paix !

                                            
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  •                                       Cette guerre était donc terminée, la vie allait pouvoir reprendre un cours normal....tout au moins, on le croyait. Bon, l'espoir fait vivre dit-on.....Mais pour un cours normal, il aurait fallu pouvoir gommer ces six années. Je n'ai pas connu une seule famille qui, d'une façon ou d'une autre n'avait pas été touchée.  Beaucoup de français manquaient à l'appel, soit décédés en Allemagne, soit tués lors des combats; d'autres revenaient malades et dans l'impossibilité de mener une vie normale. Rien que dans mon ancien quartier de l'avenue du Miroir à Juvisy et Athis, nous avions perdu des voisins tués ou disparus lors du bombardement. Et des amis de jeunesse très proches, camarades de classe de mon frère ou moi, n'étaient pas revenus, tout comme mon frère André. Quant aux maisons, en partie ou totalement détruites, elles laissaient aussi un grand vide...

                                            Non, la vie n'allait pas être comme avant.....

                                            Ce qui nous donnait du courage, c'était cette sensation de liberté que nous avions alors ! Ne plus avoir peur parce qu'on avait raté un train pour revenir de Paris et qu'on risquait de rencontrer une patrouille allemande, l'heure du couvre-feu étant passée. Ne plus avoir peur des sirènes, des alertes, des bombardements, de tout et de rien !........en un mot, vivre avec l'esprit tranquille.  C'est cela qui donne la sensation de liberté. Je pense bien souvent aux pays qui sont en guerre civile ou autre, et dont les habitants vivent dans la peur. C'est très dur à supporter..

                                             Notre liberté, chèrement acquise, s'accompagnait de petits inconvénients, les mêmes que durant la guerre, mais qui nous semblaient bien mieux supportables. Je veux parler des restrictions diverses qui elles étaient toujours là ! Pas de voitures parce que pas d'essence, pas de chauffage, des coupures d'électricité et de gaz, des restrictions alimentaires, les tickets de rationnement..;enfin tout l'éventail de ce dont nous pouvions être privés. Je me souviens de ce pain que nous avons eu en 1946, lorsque j'étais jeune mariée !!! On l'appelait pain de maïs... il était très dur et lourd et étouffant comme on ne peut pas s'imaginer ! Nous en avions 350 grammes par jour, mais que faire avec ? à part assommer le voisin qui vous ennuyait ? Je me souviens aussi de ces quelques grammes de beurre que nous "touchions"....C'était petit...petit... Et  j'avais épousé un breton qui m'avait fait très peur lorsque je l'avais vu faire sa première tartine de beurre au petit-déjeuner ...Très timidement, j'avais dû lui faire remarquer qu'on ne ferait pas un mois avec la ration s'il en mettait autant sur une seule tartine ! Les bretons aiment le beurre, c'est bien connu...mais tout de même ! 

                                              Nous avons donc continué, comme nous en avions l'habitude, à nous servir de tous ces tickets. Au fond, c'est le premier pas qui coûte, et le premier pas datait de 1940 ! il suffisait de continuer...Mais on trouvait quand même un peu plus de choses sans tickets...par exemple, au début de mon mariage, j'avais pu avoir un lièvre...de 8 livres...pour mon mari et moi ! croyez-moi, ça fait beaucoup ! j'avais confondu lièvre et lapin de garenne, et quand vous n'avez pas de réfrigérateur, c'est une grave erreur...surtout au mois de septembre quand il fait encore chaud ! Je n'ai plus jamais acheté de lièvre pendant vingt ans....

                                               Le mariage, bien sûr, nous avions l'âge...mais quand on ne trouve ni appartement, ni meubles, ni vaisselle, ni linge et que d'un autre côté vous ne pouvez rien apporter de chez vous puisque vous avez tout perdu dans un bombardement, c'est faire preuve de légèreté,  non ? Amis, famille voyant bien que nous n'avions pas trop la tête sur les épaules, ont oeuvré pour nous ! heureusement ...Si nous avions  "zappé" notre jeunesse, nous en avions au moins gardé l'insouciance.....et elle était sans tickets !

                                                Petit à petit, les choses se sont arrangées. Tout le monde s'est mis au travail, il y en avait tant ! Construire, reconstruire.....Les programmes étaient vastes. Pas de chômage à l'époque...votre emploi ne vous plaisait pas le matin ? qu'à cela ne tienne, vous en aviez un autre l'après-midi....Le mot d'ordre devait être, pour tous les employeurs potentiels "Venez travailler chez moi"....ça fait rêver...

                                                Et puis, il y a eu beaucoup de naissances...je m'en suis occupée aussi ! On ne peut rester inactif quand tout le monde travaille......
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  •                                        La fête des Mères c'était hier 25 Mai.....Je reviens un instant sur cette fête. Souvenir ? non pas tout à fait puisque, comme je l'ai indiqué hier, dans mon enfance, la Fête des Mères n'existait pas ! Tout au moins n'était-elle pas officialisée. J'ai lu tout dernièrement que c'était Napoléon qui en avait eu l'idée, mais que c'était resté à l'état de projet...Il a fallu attendre 1941 pour que le Maréchal Pétain instaure une "journée nationale des Mères".

                                           Donc, dans ma première jeunesse, avant la Seconde Guerre Mondiale, point de fête des mères ! Je ne me souviens pas avoir fêté ce jour dédié à toutes les mères. Mais depuis 1941...oui, je me souviens. J'étais alors une jeune adulte , (pas encore majeure officiellement) mais prête à fêter cette mère qui se dévouait autant pour que je ne sois pas trop privée alors qu'on manquait de tout. Elle qui avait tant de peine moralement, je lui devais bien ça ! Alors, merci Maman, pour tout. A  cette époque de pénurie, la valeur des cadeaux ne comptait pas beaucoup...on faisait ce qu'on pouvait faire et c'était peu. Mais un bouquet de fleurs, une marque d'affection, font parfois beaucoup plus que le plus coûteux des cadeaux.

                                            Et tu vois Maman, parce que je me souviens, je t'appelle toujours Maman comme une petite fille et ce malgré mon âge déjà avancé...Je ne peux pas faire autrement. Tu es partie depuis vingt ans, mais il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi. Oh ! Bien sûr, comme tous les jeunes et même moins jeunes, je n'étais pas toujours d'accord avec toi ! La vie est faite de hauts et de bas et où irions-nous si les enfants ne croyaient pas en savoir plus que leurs parents ? C'est humain ça, mais l'affection n'entre pas du tout en ligne de compte ! Mais quand je me souviens, je me dis que tu étais "drôlement" courageuse et je t'admire.

                                            Ce n'est pas la vieillesse qui donne des cheveux blancs. Ils sont constitués de tous les soucis, les veilles passées pour des maladies enfantines ou tout simplement pour faire un petit objet ou un vêtement dont les petits ont envie et que , très souvent, malgré la bonne volonté des parents, il n'est pas possible d'acheter ! Et ça, dire "non je ne peux pas", je crois qu'il n'y a qu'une mère pour savoir combien c'est difficile. Alors, la mère dans ce cas, fait tout ce qu'elle peut pour éviter à l'enfant d'être trop déçu. Tout simplement parce qu'elle l'aime......

                                            "Une Maman ça n'a pas d'âge,
                                            "C'est toujours jeune et toujours bon,
                                            "Une Maman c'est du courage,
                                            "De la tendresse et du pardon"

                                           Un petit garçon aimant avait écrit ça sur un beau dessin fait pour sa grand-mère. Te souviens-tu  Maman ?
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